Véronique Sanson, un rêve de réédition

“De l’autre côté de mon rêve”, le deuxième album de Véronique Sanson, vient d’être réédité en compact disc et en 33-tours avec une nouvelle pochette.

Ce qui saisit quand on réécoute “De l’autre côté de mon rêve” (1972) de Véronique Sanson, ce sont d’abord ces qualités qu’on ne prête sans doute plus assez aux musiques actuelles : prise de son, signée Jean Roche, direction d’orchestre (avec les meilleurs musiciens de studio de l’époque), par Michel Bernholc, et production, assurée par Michel Berger – est-il besoin de rappeler ce qui l’unissait à cette époque bénie de  la création musicale à sa chère alter ego qui, fascinée par un certain Stephen Stills (c’était réciproque…) fint par littéralement s’envoler de l’autre côté de ses rêves.
Cette musique respire, elle est portée par une pulsation swinguante qui prend sa source de l’autre côté… de l’Atlantique cette fois, là où l’on rêve vraiment plus grand, là où le rock, la soul, le folk, le jazz et la bossa nova font souvent la fête ensemble (comme dans la musique de Véronique Sanson). Et puis, bien sûr, il y a la manière unique, puissante et gracile à la fois, dont notre grande dame fait danser ses doigts sur ses 88 touches d’ivoire et d’ébène. Et cette voix au phrasé inouï, funambule, légère comme l’air.
Et ces chansons bien sûr, dont elle signe avec autant de bonheur les paroles que la musique, gravant au passage quelques-uns de ses classiques impérissables : Chanson pour ma drôle de vie, King Kong et Comme je l’imagine. Nous, on imagine qu’en 1972 ce disque a dû illuminer des vies, voire en sauver.

Celle qui n’a jamais eu Besoin de personne (son premier tube, extrait de son premier chef-d’œuvre, “Amoureuse”, début 1972), sinon des meilleurs musiciens à ses côtés, pour réaliser ses rêve de grandeur pop, signait-là l’un de ses meilleurs 33-tours – dont on regrette un peu la pochette originale, malgré la très belle photo de Jean-Marie Périer choisie pour la nouvelle et bucolique pochette.
La réédition CD propose, en plus d’un blu-ray “Audio Dolby Atmos” pour les nouveaux audiophiles, une version instrumentale de Chanson sur ma drôle de vie et, surtout, cinq maquette inédites qui nous donnent l’impression, que de frissons, d’être en studio aux côtés de la grande dame, en train de créer. C’est assez magique. Pourvu que d’autres albums soient ainsi réédités dans un avenir proche !
PS : À quand une vraie reconnaissance – celle du public est évidemment assurée depuis longtemps et c’est bien là l’essentiel – par les rock crictics branchés d’ici ? Véronique Sanson est l’un des rares artistes françaises à s’être plus d’une fois élevée au niveau des grandes créatrices et des grands créateurs anglo-saxons – et ce n’est certainement pas Stephen Stills qui dira le contraire…

LP / CD Véronique Sanson : “De l’autre côté de mon rêve” (Elektra / Warner Music France).