Le chef-d’œuvre pop de Tears For Fears “The Seeds Of Love” est enfin disponible en coffret “Super Deluxe Edition”. L’infatigable Doc Sillon vous offre une visite : suivez le guide !
La voilà donc enfin l’édition “Super Deluxe” de “The Seeds Of Love” qu’on attendait depuis des lustres ! D’abord, ouvrir l’objet du désir-disque, format livre, facile à ranger si les rayonnages de vos compactothèques sont modulables. A l’intérieur, deux livrets, quatre CD et un blu-ray. Le premier livret, format carré papier glacé, est une mini-réplique du tour program de 1990 – neuf dates en France, d’Avignon à Paris (j’y étais !) en passant par Clermont, Rennes, Metz… Toute une époque. Le second livret de trente-six pages, non moins joliment illustré, est celui qui intéressera en priorité les fans.
Au sommaire, en english in le texte : une introduction signée Paul Sinclair et, surtout, un passionnant retour sur la génèse du pop masterpiece de Tears For Fears, The Seeds Of Love : In Their Own Words. Au micro : Roland Orzabal, Nicky Holland, Curt Smith, Oleta Adams, Dave Bates (une huile de chez Phonogram), Chris Hughes (producteur de “Songs From The Big Chair”, et responsable de la mémorable partie de batterie “ringostarresque” de Sowing The Seeds Of Love) et Dave Bascombe (ingé son de “Songs From The Big Chair” et coproducteur de “The Seeds Of Love”). Cette oral history est divisée en plusieurs chapitres (Writing sessions with Nicky Holland, Chris Hughes depart, Working With Producers Langer and Winstanley, The return of Chris Hughes, Dave Bascombe Steps Up…), puis aborde une à une les huit chansons de l’album.
Il va sans dire que les anecdotes fusent, et que l’on comprend mieux pourquoi autant de temps fut nécessaire pour accoucher de ce disque qui, il est vrai, frôle la perfection absolue : l’influence des Beatles, souvent citée, à juste titre (vous allez en apprendre de belles), n’était pas moins décisive que celle de ces fieffés hyper-perfectionnistes nommés Donald Fagen et Walter Becker, alias Steely Dan – là encore, vous allez en apprendre de belles, et votre humble serviteur, qui dès 1989 disait à qui voulait bien l’entendre que “The Seeds Of Love” était on ne peut plus “steelydanesque”, est ravi de constater qu’il n’avait pas vraiment tort d’invoquer les mânes de feu le génial duo Fagen / Becker.
Passée l’analyse des huit chansons de “The Seeds Of Love”, d’autre sujets sont aussi abordés : The running order, Why did it take so long ?, Working method et l’édifiant The Seeds Of Love, 25 years on (heu, guys, c’est 31 years on, mais bon, pas grave), où nos amis ne mâchent pas leurs môts et ne tombent pas, c’est le moins qu’on puisse dire, dans l’autosatisfaction. Ambiance : « Musicalement et techiquement, “The Seeds Of Love” était très, très impressionnant. Je pense qu’il a surpris beaucoup de gens, et nombre de nos pairs également, auxquels nous étions souvent comparés au milieu des eighties. Quand on est arrivé avec “The Seeds Of Love”, ç’a donné : “Whoa, okay, ils ne sonnent plus du tou comme Depeche Mode”. » Tu m’étonnes Roland !
Sinon, autant vous l’avouer tout de suite : les plus grands frissons de ce coffret au prix relativement modique vu sa richesse (moins de 50 €), vous les éprouverez en (re)découvrant pour la centième fois – au moins – les huit chansons de l’album original. Dans leur splendeur stéréophonique et, encore mieux, dans leur(s) remix(es) 5.1, amoureusement supervisés par un grand fan de TFF, et plus précisément de ce disque : Steven Wilson.
La voix d’Oleta Adams et l’entrée magistrale de Phil Collins dans le sublime Woman In Chains, l’intro légendaire de Badman’s Song, courtesy of Manu Katché (sans parler du piano swingant d’Oleta et de la basse électrique du futur groove master de “Voodoo” de D’Angelo, Pino Palladino), les effets de phasing sur les tambours de Chris Hughes et l’orgue Hammond de Ian Stanley dans I Am The Walr…, pardon, Sowing The Seeds Of Love (la-plus-belle-chanson-des-Beatles-pas-des-Beatles), le toucher et les harmoniques de Palladino, la trompette animale de Jon Hassell dans Standing On The Corner Of The Third World (qui hante également le “davidsylvianesque” Famous Last Words), les perles de piano de Nicky Holland dans Swords And Knives, les orages synthétiques, la guitare mordante de Robbie McIntosh et les roulements de tonnerre de Simon Phillips dans le pinkfloydien Year Of The Knife, etc., etc. Tous ces grands moments d’invention sonique sont magnifiés par le travail de Mister Wilson. Bonne dégustation.
Rassurez-vous, les CD 2, 3 et 4 (le 1 contient l’album original et le 5 est le blu-ray supersonique), lovés dans de sobres carboard sleeves façon gatefold, contiennent chacun son lot de délectables friandises pop. Votre Doc vous a sélectionné ses préférées. On notera que chaque CD, comme c’est joli, a son petit nom (le Soleil, la Lune, le Vent).
CD 2 The Sun
C’est celui des 45s et des b-sides, avec tous ces morceaux rares qu’on s’était évertué à collectionner en 1989 et en 1990 en pistant tous les CD singles du groupe… Ah !, ne me dites pas que vous avez oublié le tribal Tears Roll Down, instrumental déguisé en chanson, le funkysant-sautillant Always In The Past (et son solo de guitare énervé), le grondant et hypnotique My Life In The Suicide Ranks, l’atmosphérique Music For Tables et, enfin, l’épatant Johnny Panic And The Bible Of Dreams et son groove hip-hop, ici dispo, en plus de la VO, en version instrumentale. A propos de version instrumentale, celle de Woman In Chains m’a donné envie de chanter dessus – par respect pour la merveilleuse Oleta, votre Doc s’est évidemment abstenu.
CD 3 The Moon
Nous voilà dans la Lune pour goûter aux Radio Edits & Early Mixes. Commençons par l’Overture (inédite) de Year Of The Knife et son Early Mix / Instrumental Version (qui du coup ressemble à un mix improbable entre le Rsuh des années 1980 et Welcome To The Pleasure Dome de Frankie Goes To Hollywood : j’adore !). Enchaînons avec l’Alternate Mix (plus long) de Sowing The Seeds Of Love, au son, comment dire, plus “mat”, comme le Early Mix de Badman’s Song (sans sa célèbre intro de batterie : Manu est caché) d’ailleurs, qui révèle certains détails sonores et permet de goûter autrement au divin chant de Dame Oleta (ces chœurs sont à tomber…). Le Early Mix / Instrumental de Sowing The Seeds Of Love est quant à lui passionnant, qui révèle la richesse des arrangements “cachés” par le chant dans la VO (mention à Chris Hughes). Cerise sur le cake : la Reprise instrumentale (6’43” au compteur !) de Woman In Chains, qui ressemble à une version ambient et révèle la beauté de ces accords que l’on croyait connaître par cœur. Top.
CD 4 The Wind
Bienvenue sur le territoire des Demos, Diversions et autres Jams, dans doute le plus passionnant. Où l’on replonge dans les délices sonores de Sowing The Seeds Of Love dans sa version Instrumental / Demo, histoire de mesurer tout le travail qui fut nécessaire pour aboutir au feu d’artifice final. La Langer / Winstanley Version / Instrumental Version de Badman’s Song est très intéressante aussi, portée par une boîte à rythme, avec ses effets un rien “princiers” (les fans du génie de Minneapolis devraient apprécier). Quant aux Townhouse Live Jam Sessions de Woman In Chains, Broken, Rhythm Of Life, Badman’s Song (avec cet amusant clin d’œil à All Day And All Of The Night des Kinks) et Standing On The Corner Of The Third World (Katche et Palladino en état de grâce, 9’12” de bonheur), elles sont tout simplement le very big cadeau de ce coffret, avec un TFF en mode cool et inspiré, un peu comme s’ils jouaient dans un club de jazz. Magnifique.
Voilà les ami.e.s, à vous de jouer maintenant. Un conseil : comme celles de “The Hurting” (sortie en 2013, 250 € en moyenne sur le Net) et de “Songs From The Big Chair” (sortie en 2014, 150 € en moyenne), cette “5-disc Super Deluxe Edition” de “The Seeds Of Love” risque fort de devenir collector bien avant la mort du support dit “physique”.
Alors, n’attendez pas.
On vous embrasse et on vous dit à très vite.
COFFRET “The Seeds Of Love 5-disc Super Deluxe Edition” (Mercury Record / Universal, déjà dans les bacs).
Directeur de publication : Édouard RENCKER
Rédacteur en chef : Frédéric GOATY & Christophe GEUDIN
Direction artistique : François PLASSAT
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