“Stage Fright”, le troisième album millésime 1970 de The Band est enfin rééditée façon Super Deluxe : ça tombe bien, il mérite aussi d’entrer au panthéon du rock, tout comme les deux premiers chefs-d’œuvre du groupe, “Music From The Big Pink” et « The Band”.
Il ne reste hélas que deux survivants de The Band, Garth Hudson et Robbie Robertson, mais c’est ce dernier qui supervise aujourd’hui l’héritage du groupe. Le première surprise quand on découvre cette magnifique réédition “Super Deluxe” de “Stage Fright”, c’est que l’ordre initial de l’album a été bouleversé. Ce pourrait être une mauvaise surprise (et certains puristes risquent de lever un sourcil inquiet), mais elle s’avère être bonne, car l’on redécouvre ainsi, d’une oreille nouvelle, cet album qui souffre depuis cinquante ans d’être à l’ombre des deux monuments paru en 1968 et en 1969, “Music From The Bing Pink” et “The Band”, qui ressemblent à des best of tant ils contiennent de classiques impérissables. Selon Robbie Robertson, le running order original devait mettre en valeur les talents de songwriters de Levon Helm et Richard Manuel. Le 33-tours de 1970 commençait ainsi avec Strawberry Wine (coécrit par Helm avec Robertson) et Sleeping (coécrit par Manuel, toujours avec Robertson). Dans la version 2021, “Stage Fright” commence par The W.S. Walcott Medecine Show, auquel succèdent The Shape I’m In, Daniel And The Sacred Harp, Stage Fright, The Rumor, Time To Kill… Bref, du 100 % Robbie Robertson et, il faut bien l’avouer, du grand cru.
Tout ce qu’on aime dans The Band est là : plusieurs lead singers à la barre sans qu’on y perde, une musique à la fois roots et sophistiquée, americana avant l’heure, des parties de guitare finement ciselées, des grooves hors norme et du swing hors catégorie, des arrangements toujours surprenants, des paroles inspirées…
Pour l’occasion, Robertson a remixé l’album avec Bob Clearmountain, et sans doute n’a-t-il jamais aussi bien sonné, même si la prise de son d’origine, réalisée par un certain Todd Rundgren, était déjà d’une très grande qualité.
Le livret magnifiquement illustré revient via Robertson sur les circonstances de l’enregistrement, à Woodstock (mais pas dans une maison rose cette fois…), et on lit aussi avec intérêt le témoignage du grand photographe Norman Seeff, qui signait pour la pochette du 33-tours original sa première photo d’importance (il y en aura, c’est moins qu’on puisse dire, beaucoup d’autres !).
Donc : le CD de l’album, deux nouvelles bonus tracks (il faudra garder votre rééddition CD de 2000 car ce ne son pas les mêmes…), un CD live inédit enregistré au Royal Albert Hall en juin 1971 (les acclamations tranchent avec les huées qu’ils avaient reçues en accompagnnant Bob Dylan en 1966…), un blu-ray Stereo + 51. Surround + High Resolution Audio 96 kHz / 24bit (avec les morceaux studio et live), le vinyle avec le portrait de Norman Seef (comme sur le pressage original), le fac-similé du 45-tours de Time To Kill et trois tirages photos grand luxe (à encadrer). Vous avez dit indispensable ?
COFFRET The Band : “Stage Fright Super Deluxe Edition” (Capitol / Universal).