Capitol vient de publier une version Super Deluxe du premier 33-tours légendaire de The Band. Un coffret CD/DVD/LP qui comblera les fans plus exigeants.
Je vous entends déjà maugréer les amis : « Doooc, j’ai déjà la réédition CD de 2000 avec les neuf bonus tracks : pourquoi, dix-huit ans plus tard, devrais-je acheter le coffret Super Deluxe 50th Anniversary de “Music From Big Pink” ? »
Pour plusieurs raisons.
Mais autant vous prévenir tout de suite : pas question de revendre le CD Capitol référence 724352539024 pour financer (en partie) l’achat de ce maousse coffret, car trois des outtakes et/ou demos qui y figuraient (Katie’s Been Gone, If I Lose et Ferdinand The Imposter) ne sont curieusement pas reprises, ni dans la 50th Anniversary Super Deluxe Edition, ni même dans la nouvelle version CD simple. (Ça y est, je vous entends à nouveau râler, et je ne saurais pour une fois vous en blâmer.)
Mais je dois avouer que le coffret 50th Anniversary Super Deluxe Edition, que j’ai d’abord regardé d’un air dédaigneux chez mon disquaire préféré (Gibert Joseph, Paris VIe), a fini par me faire craquer. Et j’ai donc replongé une fois de plus explorer le chef-d’œuvre de The Band, premier volet d’un insécable diptyque – j’espère que vous connaissez déjà par cœur l’album éponyme de The Band publié un an plus tard, en 1969, sinon, il pourrait vous en cuire !
Sachant que votre temps est compté, je vous laisse découvrir la fabuleuse histoire de ce disque mythique dans le livret rédigé par David Fricke (dans un style très différent de celui de la réédition de 2000, signé Rob Bowman). Il me semble plus utile de vous renseigner sur quelques aspects techniques et éditoriaux avant que vous ne fassiez chauffer la carte bleue. Tout d’abord, sachez que les onze chansons de “Music From Big Pink” – est-ce un “best of” ? non, pourtant on dirait… – ont été remasterisées et surtout remixées par Bob Clearmoutain dont, comme moi, vous avez lu le nom 176 371 fois (au moins) sur les pochettes de disque – je plains la génération Spotify/Deezer, qui passera à côté de tous ces précieux renseignements discographiques consignés sur les pochettes de disque…
Entend-on une différence notable ? Oui, et je tire mon chapeau à Bob [fallait bien la faire celle-là], car sa subtile remise en son nous fait redécouvrir, et même découvrir moults petits détails sonores, et chacun sait que la musique de The Band, on ne peut plus artisanale (au sens noble du terme) fourmille de ces petits détails fascinants. En revanche, il n’aurait pas dû laisser la voix de l’ingé son au début du sublime The Weight : cela ne sert à rien.
Dans la 50th Anniversary Super Deluxe Edition figurent évidemment d’autres excitants artefacts. Un blu-ray (êtes-vous équipé ? j’espère) vous permet d’écouter l’album (et les six bonus tracks) sur votre home cinema en 5.1 DST-HD Master Audio, en 5.1 Dolby TrueHD ou en 2.0 PCM. En 5.1, l’expérience est troublante et excitante à la fois : quelle étrange sensation que de se retrouver commé enfermé au milieu du disque, le nez dans les claviers de Garth Hudson, les tympans près des cymbales de Levon Helm et sous le regard amusé de Robbie Roberton (enfin, imagine-t-on si on éteint la lumière du salon…).
Les fanatiques du vinyle préféreront peut-être réécouter “Music From Big Pink” en mode double 45-tours, également présent dans le coffret. Bonus : il y a même un vrai/faux 45-tours vintage (I Shall Be Released et The Weight) pour faire croire à vos jeunes ami(e)s que vous étiez déjà assez grand pour acheter des bons disques en 1968 ! Et puis, comme souvent aujourd’hui, un sachet trois beaux tirages des célèbres photos d’Elliott Landy, prises aux alentours de Grosse Rose, est “offert”. Et il va sans dire que le livret 32 pages, superbement imprimé, prend tout son éclat au format 30cm.
Bref, vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous n’avez pas encore “Music From Big Pink” : l’ajouter sur le premier brouillon de votre lettre au Père Noël. •
Coffret The band : “Music From Big Pink – 50th Anniversary Super Deluxe Edition” (Capitol / Universal, déjà dans les bacs)