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Joni Mitchell, les trésors des années Asylum

JONI Pochette

Le Géniale Canadienne continue le somptueux programme de réédition de ses trésors phonographiques avec le coffret 4 CD (ou 5 LP) “The Asylum Albums (1972-1975)”.

Flashback. En 2010, nos amis japonais rééditent pour la première fois dans les règles de l’art les dix premiers albums studios de Joni Mitchell, de “Song To A Seagull” à “Mingus”. C’est alors l’âge d’or des CD paper sleeves, qui reproduisent fidèlement les 33-tours d’époque dans leurs moindres détails. On avait déjà atteint le nirvana, sans, à priori, que la chanteuse, guitariste, autrice et compositrice de génie ne soit impliquée personnellement dans ces magniques rééditions, toutes devenues collector évidemment.
Depuis que Joni Mitchell a commencé le programme de réédition de son vaste catalogue, on sait qu’elle a placé l’excellence éditoriale au sommet de ses préoccupations, combinant avec la même passion (et le même respect pour ses admirateurs) la rigueur discographique et les vertus quasi fétichistes de l’objet-disque, CD ou LP. Mesure-t-on la chance que l’on a qu’une telle artiste puisse rééditer à sa guise ses disques et être à nouveau sa propre directrice artistique, elle qui a toujours farouchement cultivé la liberté d’expression ? En 2022, cela relève presque du miracle !

JONI 2 Joel Bernstein

Ainsi, après les coffrets CD/LP “Archives – Volume 1 : The Early Years (1963-1967)”, “Archives – Volume 2 : The Reprise Years (1968-1971)” (également disponible en LP) et “The Reprise Albums 1968-1971)”, sans oublier les trois LP  (“Early Joni”, “Live At The Canterbury House – 1967”, “Live At Carnegie Hall – 1969”), voici que “The Asylum Albums (1972-1975)” nous replonge dans une nouvelle phase créative de la Géniale Canadienne, elle qui compte autant de périodes musicales dans sa carrière que feus ses amis Miles Davis et Prince. Les années Asylum, label pour lequel elle enregistrera jusqu’en 1979 avant de signer pour Geffen, sont celles des vrais débuts de ses amours jazz via, notamment, le saxophoniste Tom Scott, leader et créateur du L.A. Express et présent dans “For The Roses”, “Court And Spark” et le double live “Miles Of Aisles”. (Dans “The Hissing Of Summer Lawns”, c’est un autre jazzman de renom, Bud Shank, qui est au saxophone.)
Mais Tom Scott n‘est pas le seul jazzman venu étoffer le son de la musique de Joni Mitchell : au gré des quatre albums du coffret qui nous intéresse aujourd’hui, on croise aussi, et avec autant de bonheur, le saxophoniste Chuck Findley, les bassistes Wilton Felder et Max Bennett, les guitaristes Larry Calrton, Jeff Baxter, Dennis Budimir, Robben Ford, les pianistes Joe Sample et Larry Nash, le batteur John Guerin (qui deviendra le boyfriend de Joni) et le percussionniste Victor Feldman. Ses compagnons de route des premières années sont là aussi, de Graham Nash à James Taylor en passant par David Crosby et Robbie Robertson. (Munissez-vous d’une loupe pour lire leur noms sur les pochettes des CD !)
Si “For The Roses” est un excellent album de transition et “Miles Of Aisles” un double live très intéressant (pas aussi “culte” cependant que “Shadows And Light”), les deux chefs-d’œuvre de ce coffret sont “Court And Spark” et “The Hissing Of Summer Lawns”, qui depuis leur sortie n’ont cessé d’inspirer des artistes majeurs. « Help me, I think I’m falling… » : qui ne se souvient de la citation des premiers mots (magiques) de Help Me par Prince, en 1987, dans The Ballad Of Dorothy Parker ? (Help Me est l’un des merveilles de “Court And Spark”, comme la chanson-titre ou la reprise de Twisted de Lambert, Hendricks & Ross.) Quant à “The Hissing Of Summer Lawns”, il s distingue non seulement par la qualité inouïe du songwriting (In France They Kiss On Main Street, Edith And The Kingpin, Don’t Interrupt The Sorrow, Shadows And Light…), mais aussi par l’apparition de sonorités nouvelles, telles celles des synthétiseurs.

Joni Mitchell, seated and tuning her guitar onstage during a concert on her North American tour with Tom Scott & The L.A. Express, Jan. 1974

Joni Mitchell, en concert avec Tom Scott & The L.A. Express en janvier 1974

La suite annoncée ? En toute logique, un nouveau coffret “Archives – Volume 3 : The Asylum Years (1972-1975)” en 2023, qui promet de magnifiques inédits, avant qu’en 2024 ne sorte, non moins logiquement, “The Asylum Albums (1976-1979)” (avec “Hejira”, “Don Juan’s Reckless Daughter”, “Shadows And Light” et “Mingus”), puis, en 2025, “Archives – Volume 4 : The Asylum Years (1976-1979)” , avec, là encore, des inédits qui devraient faire chavirer de bonheur les admirateurs de Jaco Pastorius, Larry Carlton, Charles Mingus, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Jan Hammer, John McLaughlin, Michael Brecker, Pat Metheny, Lyle Mays…
Un dernier mot sur “The Asylum Albums (1972-1975)” : comme les rééditions made in Japan évoquées plus haut, les CD bénéficient du traitement paper sleeve, et c’est un vrai bonheur. Cadeau bonus : un joli portrait de Neil Young dessiné par Joni Mitchell, qui illustre une amoureuse et admirative préface de son compatriote des Canadian Prairies.

COFFRET “The Asylum Albums” (1972-1975)” (Rhino Asylum Records / Warner Music, dans les bacs le 23/9, disponible en CD ou en LP).

Photos : © Joel Bernstein (Rhino Asylum Records / Warner Music).