Voici enfin le deuxième volume très attendu des archives de Neil Young ! Muziq a profité du reconfinement pour passer en revue en avant-première ses 10 CDs remplis d’inédits millésimés 1972-76.
Histoire de gagner de l’espace mémoire et du temps de lecture, allons directement aux faits : après de multiples hésitations, retards et autres effets d’annonce, le deuxième volume très attendu des Archives de Neil Young est aujourd’hui une réalité. En fin de semaine, 6000 volumineuses long-boxes seront expédiées d’Outre-Atlantique aux premiers internautes ayant répondu à l’appel du Loner. Outre ses 10 CDs, celles-ci renferment également un luxueux livre de 250 pages détaillant les origines de ses 131 titres (dont 63 inédits), documents visuels à l’appui — photos rares, manuscrits, feuilles de séances, timelines et articles de memorabilia. Que les retardataires se rassurent : Neil Young Archives Vol.2 (1972-1976) sera disponible le 5 mars 2021 dans une version incluant la totalité du contenu audio du premier tirage, mais substituant à son livre relié un simple livret de 24 pages.
« Ce coffret retrace une période extrêmement productive allant de 1972 à 1976. Une époque prolifique pour Neil, qui publie plusieurs albums classiques dont On The Beach, Tonight’s The Night et Zuma. Homegrown, qui vient juste de paraître, fait aussi partie de cette histoire. Ce coffret contient de nombreuses chansons inédites et une abondance de versions alternatives inédites, de mixes différents, de raretés et de titres live. »
L’alléchant communiqué de presse accompagnant le lien d’écoute presse n’offre pourtant qu’une vision partielle du contenu monumental de Neil Young Archives Vol.2 (1972-1976) : proposés de manière chronologique, ces 131 titres répartis sur 10 disques alignent pour leur moitié les extraits des LPs studio concernés et trois albums d’archives parus ces dernières années (Tuscaloosa, Roxy : Tonight’s The Night Live et Homegrown) face aux fameuses plages cachées stockées dans le ranch de Broken Arrow depuis cinq décennies. Ces dernières offrent une plongée fascinante dans le processus créatif de Neil Young en retraçant leur évolution au fil des ans, de leurs prototypes unplugged jusqu’à leur aboutissement électrique (voir « Love/Art Blues », « Human Highway », « Separate Ways »…). D’autres soulignent la singulière capacité de recyclage d’un gardien des clés capable, par exemple, de stocker pendant douze ans un titre des séances d’American Stars ’n Bars (1977) pour le délocaliser dans Freedom, en 1989 (« Too Far Gone »). Entre maquettes intrigantes, configurations inédites et perles inouïes, voici dix joyaux exhumés de ce mirifique coffre aux trésors.
« The Bridge (unreleased version) » (CD1 Everybody’s Alone (1972-1973))
Le 15 novembre 1972, Neil Young enregistre en solo une séance au studio A&M d’Hollywood. Une version similaire de cette magnifique introspection piano-harmonica paraîtra l’année suivante sur Times Fade Away, mais cette prise bénéficie d’une intensité et d’une implication vocale plus marquées. « What a beautiful song », commente depuis la cabine le co-producteur Henry Lewy, collaborateur régulier de Joni Mitchell (et qui sait donc de quoi il parle).
« Goodbye Christians on the Shore (unreleased song) » (CD1 Everybody’s Alone (1972-1973))
Harvest continue de récolter sa moisson critique et commerciale lorsque Neil Young retrouve ses accompagnateurs des Stray Gators — Ben Keith (pedal-steel), Jack Nitzsche (piano), Tim Drummond (basse), Kenny Butrey (batterie) — dans son ranch de Broken Arrow, le 15 décembre 1972. Portée par les triolets de Nitzsche et le groove indolent du fameux album à la pochette mordorée, la beauté terrassante de « Goodbye Christians on the Shore » sonne comme un classique perdu des années bucolo-folk ou, au choix, comme le lien parfait entre « Out on the Weekend » et « Words ».
« Raised on Robbery (unreleased) » (CD3 Tonight’s the Night (1973))
Joni Mitchell est doublement à l’honneur dans Neil Young Archives Vol.2 (1972-1976). Consignée dans le premier disque du coffret, « Sweet Joni », une ballade piano solo enregistrée le 11 mars 1973 au Bakersfield Civic Auditorium, officialise la complicité de longue date des deux titans du songwriting (« Sweet Joni from Saskatoon / Don’t go too soon »). Quelques mois plus tard, la Valkyrie canadienne débarque au milieu des séances tourmentées de Tonight’s the Night et offre à Young et ses Santa Monica Flyers — Ben Keith (pedal-steel), Billy Talbot (basse), Ralph Molina (batterie) et Nils Lofgren (piano, guitare) — la primeur de « Raised On Robbery », le futur single éclaireur de Court and Spark, qui paraîtra début 1974. Forcément moins radio-friendly que son incarnation courante, mais certainement plus intrépide.
« Through My Sails (unreleased original) » (CD6 The Old Homestead (1974))
Avec pas moins de 17 raretés, The Old Homestead, le sixième CD du coffret, est certainement une des pièces de choix de cette somme monumentale. À l’instar des concepts acoustiques d’Homegrown et Hitchhiker, ce volume propose l’équivalent d’un album solo complet, gravé en juin et novembre 1974, au lendemain des séances d’On The Beach et de la pharaonique tournée estivale de Crosby, Stills, Nash & Young. Anticipant sa relecture de Zuma accompagnée par les chœurs de CSN, la version guitare-voix du superbe « Through My Sails » surpasse en fragilité émotionnelle sa parution officielle.
« Hawaii (unreleased original) » (CD8 Dume (1975))
Intitulé d’après Point Dume, la pointe de Malibu où fut gravé Zuma au printemps 1975, le huitième disque introduit la nouvelle mouture de Crazy Horse — Billy Talbot (basse), Frank « Poncho » Sampedro (guitare) et Ralph Molina (batterie) — et oriente nettement le propos général en territoire électrique. Parue en 2017 sur Hitchhiker dans sa forme acoustique créée en 1976, « Hawaii » surfait déjà l’année précédente sur l’écume saturée du Cheval Fou, avant de s’échouer sur les rivages de Zuma dans un ultime larsen.
« Pocahontas (unreleased version) » (CD8 Dume (1975))
Vous connaissiez sans doute la version électro-acoustique de Rust Never Sleeps, la même sans overdubs d’Hitchhiker et la superbe interprétation ralentie du MTV Unplugged de 1993. Voici son étonnante lecture antérieure au format country-rock, capturée avec Crazy Horse en septembre 1975, quelques semaines après la fin des séances de Zuma. Du même tonneau inédit proviennent également deux pièces maitresses du futur Rust : « Ride My Llama » et « Powderfinger », également présentes sur ce disque dans leur premier habillage électrique.
« Separate Ways (unreleased version) » (CD9 Look Out for My Love (1975-1976))
Le semi-baclé Long May You Run du Stills-Young Band aurait pu acquérir une toute autre dimension avec ce « Separate Ways » conçu en février 1976 aux Criteria Studios de Miami. Originellement prévue pour Homegrown, cette douloureuse chanson de rupture gagne en dramaturgie et en tension électrique grâce aux entrelacs des guitares des anciens duellistes de Buffalo Springfield et aux grands orgues churchy de Jerry Aiello. What a killer !
« Stringman (unreleased original version) » (CD9 Look Out for My Love (1975-1976))
« And I’m singing for the stringman / Who lately lost his wife. » 17 ans séparent l’enregistrement original de cette sombre ballade piano écrite pour Jack Nitzsche et sa première parution dans l’Unplugged de 1993. Basée sur la version du concert du Crazy Horse au Hammersmith Odeon de Londres et légèrement augmentée de chœurs spectraux le lendemain même au CBS Studio, « Stringman » s’impose comme une (autre) introspection grand cru du loner.
« Human Highway (unreleased version) » (CD9 Look Out for My Love (1975-1976))
Au printemps 1976, Crosby, Stills Nash & Young tentent de donner naissance au successeur de Déjà Vu, paru six ans plus tôt. Les séances tournent à la Bérézina lorsque Crosby et Nash claquent la porte du studio, contraignant Stills et Young à effacer les parties de leurs partenaires avant de boucler mitigé Long May You Run. Grâce à ce deuxième volume d’archives, les harmonies vocales de CSNY reviennent souffler une brise californienne sur les plages AOR de « Midnight on the Bay », « Ocean Girl » et, surtout, d’un délicat « Human Highway » caressé par le bottleneck de Stephen Stills et la tendresse organique des premiers enregistrements du quatuor celeste.
« Cortez the Killer (unreleased live version) » (CD10 Odeon Budokan (1976))
Le deuxième volume des archives de Neil Young s’achève sur scène avec un large aperçu de la première tournée mondiale d’envergure de Crazy Horse. Bien connus des fans, les concerts du Budokan de Tokyo le 11 mars 1976 et celui de l’Hammersmith Odeon de Londres le 31 mars sont représentés partiellement en combinant la performance acoustique anglaise et le set électrique japonais. Ce dernier culmine lors d’un Himalayesque « Cortez the Killer », et ouvre la porte à un potentiel troisième volume —1976-1981 ?— qui devrait être logiquement introduit par les violons cajuns et les pedal-steels de Comes a Time. Are you ready for the country ?
Neil Young Archives Vol.2 (1972-1976) (Reprise/Warner). Disponible le 5 mars 2021 en coffret 10-CDs et version digitale (informations)
Disc 1 (1972-1973) »Everybody’s Alone »
1. Letter From ‘Nam *
2. Monday Morning #
3. The Bridge #
4. Time Fades Away #
5. Come Along and Say You Will *
6. Goodbye Christmas on the Shore *
7. Last Trip to Tulsa
8. The Loner #
9. Sweet Joni *
10. Yonder Stands the Sinner
11. L.A. (Story)
12. L.A. #
13. Human Highway
Disc 2 (1973)
»Tuscaloosa »
1. Here We Go in the Years
2. After the Gold Rush
3. Out on the Weekend
4. Harvest
5. Old Man
6. Heart of Gold
7. Time Fades Away
8. Lookout Joe
10. New Mama
11. Alabama
12. Don’t Be Denied
Disc 3 (1973) »Tonight’s the Night »
1. Speakin’ Out Jam *
2. Everybody’s Alone #
3. Tired Eyes
4. Tonight’s the Night
5. Mellow My Mind
6. World on a String
7. Speakin’ Out
8. Raised on Robbery (Joni Mitchell song) *
9. Roll Another Number
10. New Mama
11. Albuquerque
12. Tonight’s the Night Part II
Disc 4 (1973) »Roxy: Tonight’s the Night Live »
1. Tonight’s the Night
2. Mellow My Mind
3. World on a String
4. Speakin’ Out
5. Albuquerque
6. New Mama
7. Roll Another Number
8. Tired Eyes
9. Tonight’s the Night Part II
10. Walk On
11. The Losing End #
Disc 5 (1974) »Walk On »
1. Winterlong
2. Walk On
3. Bad Fog of Loneliness #
4. Borrowed Tune
5. Traces #
6. For the Turnstiles
7. Ambulance Blues
8. Motion Pictures
9. On the Beach
10. Revolution Blues
11. Vampire Blues
12. Greensleeves *
Disc 6 (1974) »The Old Homestead »
1. Love/Art Blues #
2. Through My Sails #
3. Homefires
4. Pardon My Heart #
5. Hawaiian Sunrise #
6. LA Girls and Ocean Boys *
7. Pushed It Over the End #
8. On the Beach #
9. Vacancy #
10. One More Sign #
11. Frozen Man *
12. Give Me Strength *
13. Bad News Comes to Town #
14. Changing Highways #
15. Love/Art Blues #
16. The Old Homestead
17. Daughters *
18. Deep Forbidden Lake
19. Love/Art Blues #
Disc 7 (1974) »Homegrown »
1. Separate Ways
2. Try
3. Mexico
4. Love Is a Rose
5. Homegrown
6. Florida
7. Kansas
8. We Don’t Smoke It No More
9. White Line
10. Vacancy
11. Little Wing
12. Star of Bethlehem
Disc 8 (1975) »Dume »
1. Ride My Llama #
2. Cortez the Killer
3. Don’t Cry No Tears
4. Born to Run *
5. Barstool Blues
6. Danger Bird
7. Stupid Girl
8. Kansas #
9. Powderfinger #
10. Hawaii #
11. Drive Back
12. Lookin’ for a Love
13. Pardon My Heart
14. Too Far Gone #
15. Pocahontas #
16. No One Seems to Know #
Disc 9 (1976) »Look Out for My Love »
1. Like a Hurricane
2. Lotta Love
3. Lookin’ for a Love
4. Separate Ways #
5. Let It Shine #
6. Long May You Run
7. Fontainebleau
8. Traces #
9. Mellow My Mind #
10. Midnight on the Bay #
11. Stringman #
12. Mediterranean *
13. Ocean Girl #
14. Midnight on the Bay #
15. Human Highway #
Disc 10 (1976) Odeon Budokan
1. The Old Laughing Lady #
2. After the Gold Rush #
3. Too For Gone #
4. Old Man #
5. Stringman #
6. Don’t Cry No Tears #
7. Cowgirl in the Sand #
8. Lotta Love #
9. Drive Back #
10. Cortez the Killer #
* Chanson inédite # version inédite
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