Sortie le 2 novembre de More Blood, More Tracks, le 14ème volume de la Bootleg Series consacré à Blood On The Tracks. Dans les coulisses d’un un des plus beaux albums de Bob Dylan.
Le professeur d’art Norman Raeben enseigne dans une salle située au onzième étage du prestigieux Carnegie Hall de New York. Raeben est âgé de 73 ans, et les histoires circulant sur son passé sont aussi nombreuses que ses fréquentes sautes d’humeur. On raconte que l’enseignant aurait été boxeur dans sa jeunesse, qu’il aurait cohabité à Paris dans les années 1930 avec Chaïm Soutine, le chef de file du mouvement expressionniste, et qu’il aurait fait partie du cercle d’intimes de Picasso et de Modigliani. Raeben est intransigeant avec ses élèves. Il les traite souvent d’imbéciles, surtout lorsque ces derniers peinent à dessiner un objet entrevu pendant une minute, puis dissimulé, dans un exercice ayant pour but d’accroître le sens de la perception. Raeben aime à se présenter pour un gourou capable de manier la rhétorique aussi bien que le pinceau, tout en affichant une indifférence totale face aux remarques de ses étudiants. L’un d’entre eux assiste discrètement à ses cours depuis le début de l’année 1974.
Désireux de perfectionner son maniement du pinceau, Bob Dylan s’offre une escapade au moment où sa carrière peine à atteindre les sommets de la décennie passée. « Je ne savais pas peindre. Mais il ne s’agissait pas de cours de peinture, ni même de leçons d’art. J’ai déjà rencontré des magiciens, mais Raeben est le plus puissant d’entre eux. Il voyait en vous, et il vous disait qui vous étiez sans s’embarrasser de préjugés », se souviendra Dylan. De fait, Raeben fournira une nouvelle arme à l’arsenal du songwriter en lui apprenant à multiplier les perspectives et à mélanger le passé, le présent et le futur dans le même élan narratif. Fort de cette découverte, Dylan n’hésite pas à déclarer qu’il « voit à nouveau ». Il entre aux studios A&R de New York le 16 septembre 1974 pour enregistrer un nouvel album intitulé Blood On The Tracks. Un titre Dylanien typiquement cryptique, sauf pour son auteur. Ce sang est celui d’un cœur qui saigne : le sien.
Durant l’été 1974, son mariage avec sa muse Sara bât sérieusement de l’aile. Dylan compose et enregistre en quatre jours douze titres à haute teneur autobiographique sous l’égide de Phil Ramone — producteur de Sinatra, Quincy Jones et Elton John. Après avoir gravé en solo leurs versions nues, (reprises dans le CD1 du nouveau coffret More Blood, More Tracks avec les boutons du veston claquant sur le micro), Eric Weissberg, le joueur de banjo de la B.O de Delivrance, le bassiste Tony Brown, Buddy Cage (guitare slide) et les organistes Thomas McFaul et Paul Griffin sont invités à rejoindre les séances. Comme à son habitude, Dylan contourne consciencieusement le stade des répétitions. Il lui arrive aussi de composer spontanément de nouvelles chansons alors que le groupe s’acharne à répéter des morceaux en cours d’élaboration. Les musiciens présents, à l’image de Weissberg, sont désorientés par cette méthode : « C’était étrange. On ne pouvait pas voir les doigts de Dylan lorsqu’il jouait de la guitare. De plus, il utilisait un accordage que je ne connaissais pas. C’était impossible de le suivre. Si nous n’avions pas aimé les chansons et si ce n’avait pas été Bob, je crois que je serais parti en claquant la porte ». Le doute s’estompe lorsque les sessionmen découvrent les textes désillusionnés de Dylan. L’atmosphère prend même un tournant émotionnel lorsque Dylan, par manuscrits interposés, fait part de l’échec de sa relation avec Sara. « Blood on the Tracks représente une période trouble pour Dylan. Je pense qu’il a vécu cet enregistrement comme une sorte de catharsis, comme s’il déversait son âme directement sur la bande », commentera pour sa part Phil Ramone.
Au bout d’une semaine, les ébauches à tendance acoustique de « Simple Twist of Fate », « Meet Me in the Morning », « Buckets of Rain », « Up to Me », « Lily, Rosemary and the Jack of Hearts », « Tangled Up in Blue », « You’re a Big Girl Now », « Idiot Wind », « Shelter From the Storm », « Tangled Up in Blue » et « You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go » sont couchées sur bandes. Il ne fait aucun doute pour les témoins présents que ces chansons figurent parmi les meilleures jamais composées par le barde. En accord avec sa maison de disques, Dylan propose de sortir Blood on the Tracks à l’automne 1974, à peine quelques semaines après la fin des sessions. Une pochette agrémentée de notes signées par le journaliste Pete Hammill est imprimée à 500 000 exemplaires. Une écoute du test-pressing a lieu dans les bureaux de Columbia fin septembre. Mais Dylan ressort de la pièce mécontent, et décide de repousser la sortie de l’album jusqu’au 3 janvier 1975.
Durant les trois mois qui suivent les séances New-yorkaises, Bob Dylan entre dans une phase de réécriture. Le but est d’atténuer le ton ouvertement personnel des chansons de Blood on the Tracks. Il passe les fêtes de Noël dans le Minnesota en compagnie de la famille de son frère, David Zimmerman. Zimmerman est une figure mineure de la scène de Minneapolis. Il exerce l’activité de producteur de jingles pour la TV et la radio, tout en manageant divers talents locaux. Zimmerman propose à son frère de réenregistrer Blood on the Tracks avec des musiciens originaires de la région. Dylan accepte, et une nouvelle session est organisée à la hâte au Studio 80, situé à l’est des Twin Cities. Billy Peterson (basse), Bill Berg (batterie), Chris Weber (guitare) et Gregg Inhofer (orgue) font partie de la formation recrutée pour donner un second souffle à cinq titres enregistrés à New York.
L’ambiance de cette nouvelle session est moins intimiste, plus décontractée, à l’image de nouvelles versions où la douleur intime de Dylan est moins perceptible. Le 30 décembre, Bob Dylan et ses musiciens s’attaquent à « Tangled Up in Blue », un tour de force narratif où Dylan tire les enseignements de Norman Raeben. Multipliant les points de vue, les époques et les personnages, Dylan raconte l’histoire de sa vie, en s’identifiant successivement à une foule de personnages (un pêcheur, un poète, un cuisinier…) à l’existence foudroyée par leurs rencontres amoureuses. « Tangled Up in Blue » comporte également quelques-unes des plus belles lignes du catalogue Dylanien : « Then she opened up a book of poems/And handed it to me/Written by an Italian poet from the thirteenth century/And everyone of them words rang true/And glowed like burnin’ coal/Pourin’ off of every page/Like it was written in my soul/From me to you ». (« Elle ouvrit un livre de poèmes/écrits par un poète italien du 13ème siècle/et ces mots sonnaient vrai/et brillaient comme du charbon incandescent/s’échappant de chaque page/comme s’ils t’avaient été adressés depuis mon âme »).
La version finale de Blood on the Tracks est mixée la veille du nouvel an. Dylan prévient d’emblée qu’il préfère la copie rough, enregistrée quelques jours plus tôt, au mixage classique dont l’objectif est d’isoler chaque instrument. À l’exception de quelques retouches sur « Idiot Wind », l’album est envoyé à l’usine de pressage sous la forme de titres enregistrés live sur deux pistes. Blood on the Tracks sort fin janvier 1975 dans une pochette identifiant les musiciens de la session New-yorkaise, mais ignorant ceux de Minneapolis. Dès sa parution, le disque s’impose rapidement comme une des plus grandes réussites de Dylan, même si les observateurs regretteront le pas en arrière effectué en refusant de dévoiler une partie douloureuse de sa vie privée. Depuis 43 ans ans, fans et critiques débattent sur les mérites respectifs des deux versions de Blood on the Tracks. Après avoir fait l’objet d’innombrables sortie pirates, l’enregistrement new-yorkais est aujourd’hui disponible en édition simple et dans le pléthorique coffret More Blood, More Tracks, le 14ème volume de la légendaire Bootleg Series —tracklisting complets ci-dessous.
En mars 1975, Dylan exprimera son étonnement de l’engouement public pour un album si personnel. Peut-être conscient de s’être trop confié, Dylan enrage en se prenant à la presse : « J’ai lu quelque part que « You’re a Big Girl Now » était censé parler de ma femme. Il aurait pu s’agir de n’importe qui. J’aimerais qu’on me tienne informé avant d’écrire des choses pareilles. Les imbéciles… ils limitent votre opinion en fonction de leur propre interprétation ». Bob et Sara Dylan divorceront officiellement deux ans plus tard.
Bob Dylan More Blood, More Tracks – The Bootleg Series Vol. 14 (Columbia/Sony Legacy). Éditions CD simple, double-vinyle et Deluxe 6 CDs disponibles le 2 novembre.
Tracklistings
Version 1 CD / 2LP
• Tangled Up in Blue (9/19/74, Take 3, Remake 3)
• Simple Twist of Fate (9/16/74, Take 1)
• Shelter from the Storm (9/17/74, Take 2)
• You’re a Big Girl Now (9/16/74, Take 2)
• Buckets of Rain (9/18/74, Take 2, Remake)
• If You See Her, Say Hello (9/16/74, Take 1)
• Lily, Rosemary and the Jack of Hearts (9/16/74, Take 2)
• Meet Me in the Morning (9/19/74, Take 1, Remake)
• Idiot Wind (9/19/74, Take 4, Remake)
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (9/17/74, Take 1, Remake)
• Up to Me (9/19/74, Take 2, Remake)
Tous les titres ont été enregistrés au A & R Studios, à New York du 16 au 19 septembre 1974.
Titres enregistrés les 16/09 et 18/09
Bob Dylan – voix, guitare, harmonica
Titres enregistrés les 17 et 19/09
Bob Dylan – voix, guitare, harmonica
Tony Brown – basse
CD1
A & R Studios
New York
16 septembre 1974
• If You See Her, Say Hello (Take 1) – solo
• If You See Her, Say Hello (Take 2) – solo – sortie précédemment sur The Bootleg Series, Vols. 1-3: Rare and Unreleased, 1961-1991
• You’re a Big Girl Now (Take 1) – solo
• You’re a Big Girl Now (Take 2) – solo
• Simple Twist of Fate (Take 1) – solo
• Simple Twist of Fate (Take 2) – solo
• You’re a Big Girl Now (Take 3) – solo
• Up to Me (Rehearsal) – solo
• Up to Me (Take 1) – solo
• Lily, Rosemary and the Jack of Hearts (Take 1) – solo
• Lily, Rosemary and the Jack of Hearts (Take 2) – solo –Inclus dans le test-pressing de Blood On The Tracks
Bob Dylan – voix, guitare, harmonica
CD2
A & R Studios
New York
16 septembre 1974
• Simple Twist of Fate (Take 1A) – avec les musiciens
• Simple Twist of Fate (Take 2A) – avec les musiciens
• Simple Twist of Fate (Take 3A) – avec les musiciens
• Call Letter Blues (Take 1) – avec les musiciens
• Meet Me in the Morning (Take 1) – avec les musiciens – version edit inclus dans le test-pressing de Blood On The Tracks et sortie également sur Blood On The Tracks
• Call Letter Blues (Take 2) – avec les musiciens – sortie précédemment sur The Bootleg Series, Vols. 1-3: Rare and Unreleased, 1961-1991
• Idiot Wind (Take 1) – avec la basse
• Idiot Wind (Take 1, Remake) – avec la basse
• Idiot Wind (Take 3 with insert) – avec la basse
• Idiot Wind (Take 5) – avec la basse
• Idiot Wind (Take 6) – avec la basse
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Rehearsal and Take 1) – avec les musiciens
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 2) – avec les musiciens
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 3) – avec les musiciens
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 4) – avec les musiciens
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 5) – avec les musiciens
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 6) – avec les musiciens
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 6, Remake) – avec les musiciens
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 7) – avec les musiciens
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 8) – avec les musiciens
Bob Dylan – voix, guitare, harmonica
Eric Weissberg, Charles Brown III, Barry Kornfeld: guitares
Thomas McFaul: clavier
Tony Brown: basse
Richard Crooks: batterie
Buddy Cage: steel guitar (5-6)
CD 3
A & R Studios
New York
16 septembre 1974
• Tangled Up in Blue (Take 1) – avec basse
A & R Studios
New York
17 septembre 1974
• You’re a Big Girl Now (Take 1, Remake) – avec basse et orgue
• You’re a Big Girl Now (Take 2, Remake) – avec basse, orgue et steel guitar –inclus dans le test-pressing de Blood On The Tracks et sortie précédemment sur Biograph
• Tangled Up in Blue (Rehearsal) – avec basse et orgue
• Tangled Up in Blue (Take 2, Remake) – avec basse et orgue
• Spanish Is the Loving Tongue (Take 1) – avec basse et piano
• Call Letter Blues (Rehearsal) – avec basse et piano
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 1, Remake) – avec basse et piano
• Shelter from the Storm (Take 1) – avec basse et piano – sortie précédemment sur la BOF de Jerry McGuire
• Buckets of Rain (Take 1) – avec basse
• Tangled Up in Blue (Take 3, Remake) – avec basse
• Buckets of Rain (Take 2) – avec basse
• Shelter from the Storm (Take 2) – avec basse
• Shelter from the Storm (Take 3) – avec basse
• Shelter from the Storm (Take 4) – avec basse – sortie précédemment sur Blood On The Tracks
Bob Dylan – voix, guitare, harmonica
Tony Brown: basse
Paul Griffin: clavier (2-9)
Buddy Cage: steel guitar (3)
CD4
A & R Studios
New York
17 septembre 1974
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 1, Remake 2) – avec basse
• You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go (Take 2, Remake 2) – avec basse – sortie précédemment sur Blood On The Tracks
A & R Studios
New York
18 septembre 1974
• Buckets of Rain (Take 1, Remake) – solo
• Buckets of Rain (Take 2, Remake) – solo
• Buckets of Rain (Take 3, Remake) – solo
• Buckets of Rain (Take 4, Remake) – solo
A & R Studios
New York
19 septembre 1974
• Up to Me (Take 1, Remake) – avec basse
• Up to Me (Take 2, Remake) – avec basse
• Buckets of Rain (Take 1, Remake 2) – avec basse
• Buckets of Rain (Take 2, Remake 2) – avec basse
• Buckets of Rain (Take 3, Remake 2) – avec basse
• Buckets of Rain (Take 4, Remake 2) – avec basse – sortie précédemment sur Blood On The Tracks
• If You See Her, Say Hello (Take 1, Remake) – avec basse – précédemment inclus sur le test –pressing de Blood On The Tracks
• Up to Me (Take 1, Remake 2) – avec basse
• Up to Me (Take 2, Remake 2) – avec basse
• Up to Me (Take 3, Remake 2) – avec basse
• Buckets of Rain (Rehearsal) – avec basse
• Meet Me in the Morning (Take 1, Remake) – avec basse – sortie précédemment sur le 7’’ de “Duquesne Whistle”
• Meet Me in the Morning (Take 2, Remake) – avec basse
• Buckets of Rain (Take 5, Remake 2) – avec basse
Bob Dylan – voix, guitare, harmonica
Tony Brown: basse (1-2, 7-20)
CD 5
A & R Studios
New York
19 septembre 1974
• Tangled Up in Blue (Rehearsal and Take 1, Remake 2) – avec basse
• Tangled Up in Blue (Take 2, Remake 2) – avec basse
• Tangled Up in Blue (Take 3, Remake 2) – avec basse – inclus sur le test-pressing de Blood On The Tracks et sortie précédemment sur The Bootleg Series, Vols. 1-3: Rare and Unreleased, 1961-1991
• Simple Twist of Fate (Take 2, Remake) – avec basse
• Simple Twist of Fate (Take 3, Remake) – avec basse –sortie précédemment sur Blood On The Tracks
• Up to Me (Rehearsal and Take 1, Remake 3) – avec basse
• Up to Me (Take 2, Remake 3) – avec basse – précédemment sortie sur Biograph
• Idiot Wind (Rehearsal and Takes 1-3, Remake) – avec basse
• Idiot Wind (Take 4, Remake) – avec basse
• Idiot Wind (Take 4, Remake) – avec orgue – inclus sur le test-pressing de Blood On The Tracks et sortie précédemment sur The Bootleg Series, Vols. 1-3: Rare and Unreleased, 1961-1991
• You’re a Big Girl Now (Take 1, Remake 2) – avec basse
• Meet Me in the Morning (Take 1, Remake 2) – avec basse
• Meet Me in the Morning (Takes 2-3, Remake 2) – avec basse
Bob Dylan – voix, guitare, harmonica
Tony Brown: basse
CD 6
A & R Studios
New York
19 septembre 1974
• You’re a Big Girl Now (Takes 3-6, Remake 2) – avec basse
• Tangled Up in Blue (Rehearsal and Takes 1-2, Remake 3) – avec basse
• Tangled Up in Blue (Take 3, Remake 3) – avec basse
Sound 80 Studio
Minneapolis, MN
27 décembre 1974
• Idiot Wind – avec les musiciens – sortie précédemment sur Blood On The Tracks
• You’re a Big Girl Now – avec les musiciens – sortie précédemment sur Blood On The Tracks
Sound 80 Studio
Minneapolis, MN
30 décembre 1974
• Tangled Up in Blue – avec les musiciens – sortie précédemment sur Blood On The Tracks
• Lily, Rosemary and the Jack of Hearts – avec les musiciens – sortie précédemment sur Blood On The Tracks
• If You See Her, Say Hello – avec les musiciens – sortie précédemment sur Blood On The Tracks
Bob Dylan – voix, guitare, harmonica, orgue (4-5), mandoline (8)
Tony Brown: basse (1-3)
Chris Weber: guitare (4-6, 8)
Kevin Odegard: guitare (6)
Peter Ostroushko: mandoline (8)
Gregg Inhofer: clavier (4-8)
Billy Peterson: basse (4, 6-7)
Bill Berg: batterie (4-8)