Seal, retour vers le futur

La réédition en coffret Deluxe Edition 2 Lp/ 4 CD du premier album éponyme de Seal sort vendredi ! Fred Goaty se souvient de cet album qui, trente-et-un ans après sa sortie, sonne comme un best of.

Il y a quelques semaines, la Muziq Team vous avait précisement détaillé le contenu du magnifique coffret qui fera son apparition vendredi sur les facings dans l’article intitulé “Seal vous plaît, la réédition Deluxe !”. On me permettra donc d’évoquer ici quelques souvenirs personnels.
Paris, mai 1991, Virgin Megastore des Champs-Élysées. Wow, qu’elle est belle cette pochette ! Seal ? Jamais entendu parler.
« M’enfin Fred, tu ne connais pas Killer d’Adamski ? – Non, désolé… – Ben c’était Seal qui chantait… – Ah bon ? Je jetterai une oreille, promis. »
Allez, direction la borne d’écoute. Ah, c’est bon, il passe…
[Oui, il fallait scanner le code-barre des CD pour pouvoir les écouter au casque, NDR.]
Mazette, ça sonne ! ZTT Records ? À tous les coups c’est produit par Trevor Horn cette affaire…
Mon intuition était la bonne : en ouvrant le livret du CD (après l’avoir acheté), la mention “Producer : Trevor Horn” me rassura. (Eh oui, pas de smartphone dans la poche pour vérifier tout ça en 1991…)

Flashback : en 1980, Trevor Horn et Geoff Downes avaient sorti une chanson magique nommée Video Killed The Radio Stars. Au même moment, ils étaient devenus membres de Yes et jouaient sur le nouvel album du combo prog, “Drama”. Dans la foulée, Trevor Horn devint un peu le Phil Spector des eighties, fort de son travail de producteur pour Yes (“90125” et le 45-tours Owner Of A Lonely Heart furent un carton planétaire en 1983), ABC, Propaganda, Grace Jones (le fabuleux Slave To The Rhythm) et, bien sûr, Frankie Goes To Hollywood – à quand, d’ailleurs, une “Deluxe Edition” de “Welcome To The Pleasuredome” ? Bientôt j’espère : en 2024, on fêtera le quarantième anniversaire de ce double album, ce serait le moment ou jamais !

Retour en 1991. Je découvre les chansons de “Seal” une à une sur mon Discman™ Sony. Je suis accro dès la première écoute. Rien à jeter. Des ambiances futuristes, dance music mais pas que, une mise en son 3D – Trevor Horn va-t-il régner aussi sur les nineties ? C’est bien parti en tout cas !
Le casting des musiciens m’interpelle : Paulinho Da Costa, Luis Jardim, mais aussi Keith Le Blanc et Doug Wimbish (la section rythmique des prods historiques de Sugar Hill Records), Trevor Rabin de Yes et, last but not least, Wendy And Lisa et Susannah Melvoin, distinguées via un special thanks. Sur quel morceau jouent-elles et chantent-elles ?! Hmm, ce doit être dans la ballade acoustique Whirpool… Oui, Wendy Melvoin est à la guitare, Lisa Coleman au piano, et Susannah Melvoin (la sœur jumelle de Wendy) fait les chœurs célestes avec elles… Pas de doute ! (Dans le livret de la “Deluxe Edition” de “Seal”, Trevor Horn raconte avec émotion la séance d’enregistrement de Whirpool, qui avait eu lieu aux Cherokee Studios de Los Angeles.)

Plus de trente ans ont passé, et “Seal” a gardé tout son pouvoir de fascination. Plus rien ne sonne aussi bien dans la musique populaire et dansante qui truste les charts aujourd’hui. (Enfin pas à mes oreilles en tout cas… Et j’en suis le premier désolé.) Il y a de la magie dans l’intro légendaire de Crazy et dans les chœurs de Future Love Paradise. Les neuf chansons s’enchaînent à la perfection, de The Beginning à Violet (la première chanson qu’interpréta Seal devant Trevor Horn), et je m’aperçois au moment ce conclure ce modeste petit témoignage je n’ai pas encore dit ô combien la voix de Seal est unique.
Hélas pour moi, aucun autre album de Seal ne me transportera autant que celui-là (Joni Mitchell chante et Jeff Beck joue dans le second pourtant…), mais peu importe : avant qu’à l’automne 1991 une pluie de diamants et de perle me tombe dessus (suivez mon regard), “Seal” resta squatta mon Discman.
Je n’ai plus de Discman mais toujours une platine CD et une platine vinyle : c’est reparti pour un tour avec, en plus, des superbes remixes d’époque qui nous renvoient direct sur les dance floors (dont l’intégralité du CD single digipack culte de Crazy), des raretés et du live à gogo (les fameuses versions “Premix ”, un concert gravé à Dublin le 16 décembre 1991. Vivent les rééditions Deluxe.

COFFRET 2LP : 4 CD “Seal : Deluxe Edition” (Warner / Rhino, dans les bacs le vendre 4 novembre).