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Rohey, plus qu’hier ou moins que demain ?

Soul rétro-futuriste déjà obsolète ou joli coup d’essai porteur de promesses ? Jean-Pierre Vidal a écouté le premier disque du combo norvégien Rohey. Verdict.

ROHEY Pochette

Voilà un étonnant quartette Norvégien signé sur l’éclectique label du pianiste electro-jazz Bugge Wesseltoft, Jazzland, équivalent scandinave, toute proportion gardée, de ECM en Allemagne. Emmenée par la chanteuse Rohey Taalah, ce jeune groupe s’est d’ores et déjà forgé une solide réputation sur scène, où leur soul fusionnelle donne toute sa mesure, comme en témoignent les nombreuses captations disponibles sur le net. J’avoue pour ma part avoir découvert Rohey avec “A Million Things”, qui s’avère être un surprenant et spontané mélange de soul et de groove aux accents jazz-funk du meilleur effet.
On ne peut certes s’empêcher de penser à certaines influences, convoquant tout autant Robert Glasper, Hiatus Kaiyote que feu les Young Disciples, groupe phare de l’acid jazz anglais des nineties. Et si ces douze compositions laissent entrevoir une évidente marge de progression, Rohey possède déjà indéniablement l’indispensable atout de s’être forgé un vrai son.
Il le doit à la qualité des quatre musiciens, dont Ivan Blomqvist, qui occupe avec ses claviers une place essentielle. Ses synthétiseurs analogiques et surtout son Fender Rhodes s’appuient tout en finesse sur des grooves puissants et moelleux. Irradié par le timbre expressif de la superbe voix de Taalah, ces ambiances pimentées de brefs et inspirés solos de Rhodes forment finalement un album pour le moins attachant. A suivre de près, et à apprécier sur scène dans le cadre du “Blue Note Festival” le 15 novembre au Flow, à Paris. •

CD “A Million Things” (Jazzland)