Jusqu’au vendredi 29 novembre, muziq.fr vous fait découvrir les vingt-quatre titres inédits de la réédition “Super Deluxe” du chef-d’œuvre de Prince, “1999”. Aujourd’hui : Bold Generation.
« The problem with your generation is that U don’t take time 2 care »
Mettez vos casques les ami.e.s, et tendez bien l’oreille :
– « One, two, three*, four… » (*Slap de basse : hello Brown Mark ?)
Quelqu’un compte – Prince, of course –, comme si ce morceau était enregistré en groupe, live in studio… (Le Boss a malgré tout pris le temps de multitracker les parties chantées.) N’ayant à ce jour aucun renseignement discographique sur ce titre inédit, sixième plage du CD 3 de l’édition “Super Deluxe” de “1999” , me voilà réduit à parier que Bold Generation a été enregistré avec The Revolution au grand complet. Quelques licks de synthés marqués du sceau de Dr. Fink m’incitent à le penser très fort, sans parler de ces breaks de batterie délicieusement incertains façon Bobby Z., à 5’35”. Et tant pis si le 29 novembre on s’aperçoit que Bold Generation est encore une folie princière en one man band ! Et puis allez, tiens, cette cocotte funky là, eye bet U que c’est Dez Dickerson à la guitare !
Comme vous le savez sans doute déjà, Bold Generation est en quelque sorte la version primitive, le premier jet (privé) de New Power Generation – si les membres de The Revolution l’avaient su, ils se seraient mis en grève ! Dès le début des années 1980 Prince avait en tête non pas l’idée d’une contre-révolution mais, donc, d’une post-révolution. Place à la Génération Hardie, Brave, Intrépide, Culottée* ! (*Et exit, donc, les Sans-Culottes.) Quel choc ! La vision de son petit monde post-révolutionnaire était déjà très précise, puisqu’il réutilisera la majeure partie des paroles de Bold Generation dans New Power Generation : « Pardon me for living, but this is my world to / I can’t help that what’s cool to us might be strange to you / Pardon me for breathing, can we borrow some of your air ? » ; ou encore : « The only thing that’s in our way is you / Your old fashioned music, your old ideas / We’re sick and tired of you telling us what to do ».
On s’amuse d’ailleurs de constater que le refrain fonctionne un peu moins bien quand il chante « We are the bold generation » à la place de « We are the new power generation », qui sonne mieux, qui “claque” mieux – ici, Prince est obligé d’étirer le mot bold, genre bow old, ou bahauld si vous voulez. Allez savoir, c’est peut-être pour ça qu’il a remis à plus tard la publication de sa chanson-manifeste… Cela dit, en faisait semblant de bégayer, le refrain, légèrement modifié, aurait pu faire son petit effet : « Things they do look awful c-c-c-cold (talkin’ ’bout the bold generation) / I hope eye die before eye get old (talkin’ ’bout the bold generation) »
Mélange savamment dosé de funk, de pop et de gospel, Bold Generation est évidemment très, très proche de New Power Generation. Mais elle est moins punchy, un peu plus floue – le groove s’enlise un peu parfois –, et mixée à la hussarde : ah !, ce synthé qui pousse des coudes pour passer au premier plan vers 2’50” ! [LOL]
Mais bon, Prince fait du body slapping sur ses joues au bout de cinq minutes, et ça, c’est vraiment chouette.
Rendez-vous demain avec Colleen.
COFFRET Prince : “1999 Super Deluxe” (NPG Records / Warner Music, sortie le 29 novembre).