Limousine, l’été suivant pour le printemps

Limousine cultive le mystère de Limousine et revient avec “L’été suivant…”, un disque doux qui dure.

« La limousine est une race bovine française rustique originaire du Limousin, qui est principalement vouée à la production de viande. » Oups, rien à voir ! « Seul(e) ou avec vos 7 ami(e)s, toutes les occasions sont bonnes pour effectuer une balade en limousine (nouvelle génération), anniversaire, enterrement de vie de célibataire, mariage, transfert aéroport, parc d’attraction, soirée romantique, casino… » Hmm, non plus. Affinons notre recherche sabre de bois ! Ok, Limousine, premier album en 1972 sur GSF Records, première chanson, A Song For Monique… 1972 ?! Toujours pas ça… Ah, voilà… Limousine, quatre disques au compteur, le premier, éponyme, publié sur feu le label défricheur Chief Inspector en 2005, m’avait marqué. Limousine, c’est bien le groupe du guitariste Maxime Delpierre, du saxophoniste Laurent Bardainne, du claviériste Frédéric Soulard et du batteur David Aknin. Quatre musiciens français d’importance qu’on aime suivre parce qu’on s’y perd, avec eux, et c’est ça qui est bien. Éclectiques et modernes, ils disent en musique(s) l’urgence tranquille d’emprunter les chemins de traverse qui mènent au bonheur tranquille.

Secret, doux-avec-ce-je-sais-quoi-de-fêlé, langoureux mais pas que, “L’été suivant…”, leur nouvel opus, bruisse de guitares graciles et craquantes, d’un saxophone hanté (par, me semble-t-il, la mémoire d’Albert Ayler, de Gato Barbieri et de Steve Grossman, entre autres poètes incendiaires), de synthés brumeux et d’une batterie souple, subtile, sobre et métronomique à la fois. “L’été suivant…”, recueil tout en trompeuses apparences qui dure le (bon) temps d’un 33-tours (trente-sept minutes et des poussières, parfait, merci, l’ennui jamais), ne distille que lentement mais sensuellement son venin sonore, pour, in fine, prendre possession de nos tympans. Veiller à donner ainsi ses lettres de noblesse à la musique instrumentale, lui redonner la parole en se passant des mots est un acte de bravoure qui a du tout du beau geste. •

CD Limousine : “L’été suivant…” (Ekleroshock, déà dans les bacs)
Photo : © Ben Pi