Vingt-deux ans (!) après la réédition Deluxe de “Billion Dollar Babies”, voici enfin celles des deux autres chefs-d’œuvre d’Alice Cooper, “Killer” et “School’s Out” , en LP et en CD, remasterisées et augmentées d’inédits live et studio. Ça tue et c’est culotté. Explications.
Les vieux 33-tours usés, les CD bâclés des années 1980 : revendez-les, offrez-les, jetez-les, faites ce que vous voulez, mais oubliez-les, car il est temps de replonger dans “Killer” et “School’s Out”, les deux magnum opus d’Alice Cooper – le groupe, avant que Vincent Furnier ne continue en solo sous le même nom. Pourquoi ? Parce que la bonne maison Rhino et Warner Records viennent d’en publier les rééditions que tout le monde attendait depuis le début du XXIème siècle. Pourquoi a-t-on dû patienter aussi longtemps ? Votre Doc n’a hélas pas d’explications. Cela dit, si “Killer” et « School’s Out” avaient été réédités façon Deluxe disons, en 2002, seul le format CD aurait été à l’honneur, alors ne vous plaignez pas trop.
Parce que la belle affaire qui nous retient aujourd’hui, c’est que ces deux deux brûlots hard-rock de 1971 et 1972 ressortent donc en CD et en LP. Et loin, très loin des tristes cires qui plombent parfois les bacs à disques des enseignes qui se font passer pour des ardentes défenseuses de la cause du vinyle (et qui obligent leurs clients à ramper à même le sol – on exagère à peine – pour explorer les bacs à CD), les nouvelles versions vinyles de “Killer” et “School’s Out” sont de fort peu résistibles objest du désir-disque. Le prix est certes un brin dissuasif (63 € pour “Killer”, 77 € pour “School’s Out”), mais dites-vous que c’est aussi un investissement : dans quelques années, peut-être même dans quelques mois, on pourra ajouter un zéro au prix. “Killer” retrouve ainsi son poster-calendrier illustré par une photo d’Alice Cooper la corde au cou – si d’aventure le Commissaire Juve fait irruption chez vous, il s’exclamera : « Y’a un pendu dans votre chambre ! ».
Et ce n’est pas tout : outre le remastering aux petits oignons, les indispensables bonus live (deux concerts de 1972, un pour chaque album), alternate versions (pour “Killer”, au nombre de trois) et autres studio extras (pour “School’s Out”, quatre au compteur), le travail éditorial, en LP comme en CD, est tout à fait exemplaire. Au programme : liner notes en mode “j’y étais” de Bill Holdship (Creem, Mojo…) plus commentaires passionnants, chansons par chansons, du batteur Neal Smith, du bassiste Dennis Dunaway, du guitariste Michael Bruce (RIP son confrère Glen Buxton), du producteur Bob Ezrin et, bien sûr, du pendu chanteur Alice Cooper. Cela vaut pour “Killer” comme pour “School’s Out”.
“School’s Out” en vinyle, parlons-en. Eaxctement comme il y a plus d’un demi-siècle – hé oui le temps passe… – dans les premiers pressages, le 33-tours est entouré d’une petite culotte ! À l’heure de la dématérialisation à outrance, un tel soin apporté à une réédition “physique” laisse rêveur. Tout est donc encore possible : y aura-t-il une veuve noire en caoutchouc dans la réédition de “Welcome To My Nightmare” en 2045 ? Une toile d’araignée géante ? (N’oubliez pas : vingt-deux ans d’attentee pour “Killer” et “School’s Out”…)
Sinon, les huit chansons de “Killer” et les neuf de “School’ Out” ont gardé tout leur charme venimeux. À l’orée des glorieuses seventies, on savait encore faire du hard-rock avec une authentique culture du songwriting. Quel bonheur de (ré)écouter les classiques – Under My Wheels et ses paroles caustico-provocantes, Be My Lover et son riff piqué à Sweet Jane du Velvet, Blue Turk, plus fort que du Doors, avec solo de saxophone et de trombone en prime, sans oublier School’s Out évidemment – et de (re)découvrir des trésors presque oubliés comme l’épique-et-presque-prog Halo Of Flies , l’instrumental cinématique-et-presque-zappaïen Grande Finale, ou Alma Mater et ses accents beatlesques.
Un mot, enfin, sur School’s Out : cet hymne pour les kids du monde entier pressés de quitter l’école (« Noooo more pencils, noooo more books ») n’a absolument rien perdu de sa puissance poétique, et son riff est depuis longtemps entré au Panthéon du rock. Et puis on adore ces chœurs d’enfants, qui préfigurent ceux d’une autre célèbre chanson produite par Bob Ezrin, Another Brick In The Wall, Part 2 de Pink Floyd.
’CD / LP Alice Cooper : “Killer” et “School’s Out” (Warner Records /Rhino)
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