WeWantSounds vient de rééditer l’album éponyme et culte de cette chanteuse américaine enregistré à Los Angeles et produit par David Foster.
Actrice, vedette du petit écran, chanteuse : la multicarte Jaye P. Morgan est quasiment inconnue en France, si ce n’est des amateurs de musique “calif’” – qui, faut-il le rappeler, ne sont pas forcément bronzés toute l’année et propriétaires d’un yacht. J’en connais même qui ont grandi dans 9.3, et qui naguère s’achetaient des 33-tours des Pages et de Marc Jordan chez Copa Music (RIP Sébastien).
En revanche, la dame est assez populaire aux Etats-Unis. En 1976, plus de vingt ans après ses débuts discographiques, cette bientôt nonagénaire native de Mancos (Colorado) eut le bonheur d’enregistrer sous les bons auspices d’un jeune producteur en devenir, David Foster, qui réunit autour d’elle un casting de session men first call habitués des studios de Los Angeles : Lee Ritenour, Jay Graydon, Ray Parker, Jr., (guitare électrique), Chuck Domanico, David Hungate (basse), Ed Greene, Jeff Porcaro (batterie), Ernie Watts (saxophone), et même la section de cuivres de Tower Of Power. Excusez du peu. (Pour mémoire, un certain Alain Chamfort enregistra aussi sous les bons auspices du beau David à la même époque, entouré peu ou prou de la même dream team… Remember “Rock’n Rose” ? )
Publié en 1976 sur Candor Records et sobrement intitulé “Jaye P. Morgan”, cet album-graal a déjà été réédité plusieurs fois en CD, mais nos amis de WeWantSounds le ressortent enfin en vinyle et en cd, en y apportant le soin éditorial dont il sont coutumiers. (Du coup, les prix du market place vont sérieusement baisser, et c’est tant mieux.)
“Jaye P. Morgan” est un indispensable du genre. Genre longtemps méprisé par les disciples de Lester Bangs mais qui, curieusement, est en passe de devenir tendance, branché, so hip. Il faut dire que le très haut niveau de musicalité qui caractérise cet opus raffiné n’est que trop rarement atteint de nos jours. Rien n’est à jeter dans ce subtil mélange de (disco)pop sensuelle et catchy (I Fall In Love Everyday), de soul crépusculaire et de funk (Here Is Where Your Love Belongs, le monstrueux Let’s Get Together). Il émane d’It’s Been So Long de douces saveurs steviewonderiennes, et la reprise de Can’t Hide Love d’Earth, Wind & Fire est une des meilleures jamais enregistrées – hé oui Monsieur D’Angelo !
Quant aux doigts de fée de Foster (27 ans à l’époque), ils faisaient déjà merveille, et “Jaye P. Morgan” peut être considéré comme l’une de ses meilleures productions. Sans doute pas la plus successful commercialement, mais musicalement l’une des riches. •
CD/LP “Jaye P. Morgan” (WeWantSounds, déjà dans les bacs).