En 1979, le disco a tout submergé et le Godfather Of Soul n’est plus le maître absolu des dance floors. Sous les auspices du producteur Brad Shapiro, il tente le tout pour le tout pour faire tourner les boules à facettes dans le bon sens – le sien – et sort “The Original Disco Man”, qui vient d’être réédité en version paper sleeve par le label catalan Elemental Music. Spécial bonus : quatre 33-tours originaux du Maître reviennent aussi dans les bacs !
D’après le grand jamesbrownologue Alan Leeds, Neil Diamond a failli produire James Brown à la fin des années 1970 ! Kenny Gamble et Leon Huff en rêvaient aussi – dommage que… Mais c’est finalement Brad Shapiro qui décrocha la timbale. Habitué des studios de Muscle Shoals (Alabama), connu pour son travail avec la sulfureuse Millie Jackson (remember “Caught Up” ?), c’est au téléphone qu’il fit d’abord écouter au Parrain quelques demos, qui fut séduit d’emblée par It’s Too Funky In Here : « Ça, c’est du James Brown ! », lâcha-t-il, toujours sûr de lui.
Les pontes de Polydor croyaient beaucoup en cette nouvelle association, rêvant du comeback fracassant de celui qui alignait les hit records révolutionnaires comme à la parade quelques années plus tôt.
Trois 45-tours furent extraits de “The Original Disco Man” : It’s Too Funky In Here, pas si frontalement disco que ça – discoïde pourrait-on dire… –, et diablement efficace, surtout grâce à ses chœurs féminins extrêmement efficaces ; Star Generation, nettement plus embarassante, limite parodique ; et, enfin, la chanson-titre, qui rappelle à votre bon vieux Doc deux autres parodies disco, Disco Boy et Dancin’ Fool de Frank Zappa !
Aucun des trois singles n’eut un impact profond sur les charts, et Mister Jaaaaaames Brown dû patienter jusqu’en 1985 et le succès planétaire de Living In America (le morceau qui rend dingue les jamesbrownophiles…) pour redevenir le Big Boss des pistes de danse. [En ce qui me concerne, la vraie, l’ultime renaissance du Parrain de la Soul, c’est 1988 avec “I’m Real”, mais c’est une autre histoire…]
Reste que “The Original Disco Man” n’est pas sans charme, et que tout jamesbrownolâtre doit se procurer cette nouvelle réédition pas chère et soignée – la première, parue en 2003, commençait d’atteindre des prix stratosphériques sur les sites marchands… (Ok, ok, elle contenait un morceau bonus – Love Me Tender – qui n’est pas repris dans la version Elemental Music…) Rien que pour It’s Too Funky In Here et Let The Boogie Do The Rest (avec son sympathique petit clin d’œil à Papa’s Got A Brand New Bag…), « it’s worth the price », comme on dit là-bas.
Et comme un (petit) bonheur n’arrive jamais seul, les soul maniacs d’Elemental Music rééditent aussi quatre 33-tours originaux de Mister Brown en vinyle : “Gettin’ Down To It” (1969), “Soul On Top” (1970), avec l’orchestre du grand batteur jazz Louie Bellson), “Everybody’s Doin’ The Hustle & Dead On The Double Bump” (1975, arrangé par Dave Matthews) et “Sex Machine Today” (1975) et son incroyable pochette. •
CD “The Original Disco Man” (Elemental Music / Pias)
LP “Gettin’ Down To It”, “Soul On Top”, “Everybody’s Doin’ The Hustle & Dead On The Double Bump” et “Sex Machine Today” (Elemental Music / Pias, éditions limitées, pochettes originales, 180 grs)