“Live At Home With His Bad Self” est-il un ajout essentiel à votre jamesbrownothèque ? Doc Sillon vous répond.
Imaginez un peu les ami.e.s : il est minuit passé, James Brown et ses musiciens viennent de donner un concert à Augusta, la hometown du Soul Brother N° 1, ils sont au beau milieu d’une tournée, et il est temps de retourner à l’hôtel pour profiter d’une courte nuit de repos bien méritée.
Mais non.
Le patron veut profiter au maximum du matériel d’enregistrement à sa disposition. Il demande donc à ses musiciens de revenir illico presto sur scène pour enregistrer plusieurs morceaux dans un Bell Auditorium certes vidé de son public, mais encore chargé d’électricité et de vibrations funky. (Allez vous étonner, après ça, que Fred Wesley, Maceo Parker, Jimmy Nolen et consors aient fini par poser un ultimatum à leur boss : « We want more money Mr. Brown, and a more confortable tour bus too ! » Je n’ose imaginer la tête que fit James B. !)
Cette anecdote est racontée par l’incomparable Alan Leeds, alias le Soul Liner Noter N° 1, dans le livret de “Live At Home With His Bad Self”, qui vient juste de paraître et que j’ai eu le bonheur d’acheter pas plus tard qu’hier au rayon soul-funk de Gibert Joseph, Paris VIe (demandez Dorian de la part de Doc Sillon si d’aventure son facing a entre temps été dévalisé par les jamesbrownophiles). “Live At Home With His Bad Self” provoque-t-il un choc aussi fort que d’autres live inédits comme “Love Power Peace – Liv At The Olympia, Paris 1971” (publié en 1992) ou “Say It Live And Loud Live in Dallas 08.26.68” (1998) ? Pas tout à fait (quoique, à partir de la plage 9…), mais il est cependant indispensable. Ne serait-ce que pour la qualité de la prise du son, le nouveau mixage (une bonne partie figurait dans le vrai-faux live d’époque “Sex Machine”, mais sous une autre forme), les inédits et, donc, les liner notes savantes et instructives de Mr. Leeds.
Et puis, comme de coutume, dès que la partie Startime du concert commence (dès le morceau n° 9 évoque plus haut), il suffit, pour chavirer de bonheur, d’un cri primal jamesbrownien, d’un break assassin d’un des trois (!) batteurs “maison”, d’un petit chorus sanguin de Maceo Parker, d’une cocotte de Jimmy Nolen ou d’une ligne de basse groovyssime (au choix). A ce titre, Give It Up Ot Turnit A Loose est absolument irrésistible, presque effrayante de groove. Sans parler de la version au long cours (plus de neuf minutes) de Mother Popcorn, qui n’est que pure folie contagieuse, un truc à vous tirer des larmes de joies et à provoquer, faites gaffe, une overdose de frissons.
Où sont les James Brown, Otis Redding, Marvin Gaye, Michael Jackson et autres Prince d’aujourd’hui ? Nulle part hélas, alors retournons écouter l’un des plus grands de tous les temps, Mister Jaaaames Brown, live à Augusta, en 1969. C’est le Doc qui vous le dit.
1 CD / 2 LP James Brown : “Live At Home With His Bad Self” (Republic Records, UMe)
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