Les deux premiers disques du groupe de Maurice White viennent enfin d’être réédités avec tout le soin qu’ils méritent : merci BGO Records.
« Quand Maurice m’a confié les visions qu’il avait pour Earth, Wind & Fire, se souvenait Ramsey Lewis, il m’a parlé de rock, de jazz, de rhythm & blues et de… magie. Je lui ai répondu : “Maurice, tu as dû prendre un coup de soleil, rentre chez toi et prend donc une aspirine.” Mais vous savez quoi, tant d’années après, j’entends encore toute l’excitation dans sa voix tandis qu’Earth, Wind & Fire venait de faire la première partie de Sly & The Family Stone à Philadelphie. Il était au téléphone, et il en avait le souffle coupé. Il me disait que les gens étaient devenus fous, qu’ils avaient demandé rappels sur rappels. C’est là que j’ai réalisé à quel point il était dédié corps et âme à son groupe. »
Après avoir lu Les lois du succès de Napoleon Hill, Maurice White couche sur papier les principes qui mèneront sa vie et son rapport à l’univers, précise-t-il dans sa biographie, My Life With Earth, Wind & Fire. Pas de drogue et pas d’alcool, car il a vu trop de carrières brisées par les excès, à Memphis ou dans les studios Chess de Chicago. Et hormis la musique de Sly & The Family Stone (écoutez Moment Of Truth dans le premier album…), une chanson va avoir un impact profond sur sa manière de voir le monde, sa manière d’être Noir et, surtout, d’être fier de l’être : (Say It Loud) I’m Black And I’m Proud de James Brown.
Au début des seventies, Maurice White part s’installer à Los Angeles et demande à son frère Verdine de le rejoindre. Sur place, il vit en communauté dans un petit appartement tout en faisant passer des auditions à divers musiciens. Son premier vrai groupe, il l’appelle donc Earth, Wind & Fire, en se basant sur son thème astral. Au début, leur musique balance entre soul music façon Motown, proto-funk teinté de psychédélisme et quelques digressions jazz, voire presque free-jazz influencées par John Coltrane. Leur premier album éponyme, “Earth, Wind And Fire”, sort en 1970 (ou en 1971 selon les pays). Sept titres, pas encore de tube, pas encore de Philipe Bailey non plus (qui fera entrer le son du groupe dans une autre dimension), des ambiances entre chien et loup, encore plus prononcées dans le second 33-tours, “The Need Of Love”. En témoigne Energy, qui ouvre l’album, avec Maurice White à la batterie, son frère Verdine à la basse et Sherry Scott au chant et au spoken word… Grand moment.
Mais comme on pouvait s’en douter, Earth, Wind & Fire peine à trouver son public, et Warner Bros. engage un nouveau directeur des ventes qui exprime clairement ses opinions racistes au manager du groupe, Perry Jones. Ambiance…
En 1972, avec “Last Days And Time”, Earth, Wind & Fire commence d’élargir son public, et il leur arrive même parfois de jouer en première partie de groupe de hard-rock comme Uriah Heep ! Maurice White a dissout la première formation pour en rebâtir une nouvelle, toujours avec son frère Verdine. Peu à peu, les arrivées conjuguées du batteur Fred White (l’autre frère de Maurice, qui venait de tourner avec Donny Hathaway, dont Everything Is Everything est repris dans “The Need Of Love”), du claviériste Larry Dunn, du guitariste Al McKay, et bien sûr du fantastique chanteur Philip Bailey, l’homme au falsetto de cristal, vont permettre à Maurice White d’accomplir ses visions artistiques façon cinémascope.
Mais ça, c’est une autre histoire, déjà racontée via “Last Days And Time” et “Head To The Sky”, que BGO Records a déjà réédités en 2007… •
CD “Earth, Wind & Fire / The Need Of Love” (BGO Records, déjà dans les bacs)