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Classiq Soul-Funk

Changin’ Times d’Ike White : attention, collector !

Réédité pour la première fois en CD au Japon il y a quelques semaines, “Changin’ Times” d’Ike White est actuellement disponible chez les meilleurs disquaires. N’attendez pas !

WHITE Pochette

Entre autres célébrités incarcérées à la Techachapi Prison, on compte le grand saxophoniste de jazz Art Pepper. Le chanteur, claviériste, guitariste, auteur et compositeur Ike White y séjourna aussi, ce qui ne l’empêcha pas de graver son seul et unique 33-tours, “Changin’ Times” – Jerry Enomoto, le directeur de la prison, ainsi que « tout son personnel », sont remerciés au verso de la pochette…
Quand et où exactement ce trésor oublié fut enregistré ? Mystère… Il fut en tout cas publié en 1977 sur LAX Records, le label du sulfureux producteur Jerry Goldstein, qui s’arrangea pour que White se retrouve en studio avec deux légendes du funk et de la fusion : le bassiste Doug Rauch (Santana, Betty Davis, Lenny White, Billy Cobham…) et le batteur de Sly & The Family Stone, Greg Errico. “Changin’ Times” est également adoubé par rien moins que Stevie Wonder, qui signe un bref texte qui en dit long : « Il y a beaucoup de “Ike Whites” dans ce monde. Donnons à ces hommes une chance, car la couleur de leur peau ne doit pas les destiner à passer leur vie derrière les barreaux. » (Stevie Wonder était-il ami avec White ? Jugeait-il son incarcération injuste ? Ou avait-il, tout simplement, beaucoup d’estime pour lui en tant qu’artiste ? Là encore, mystère…)

WHITE Rondelle

La chanson-titre, placée en ouverture, replonge instantanément dans le son des seventies : un piano électrique couleur nuit, une guitare wha-whatée à souhait – White excelle sur les deux instruments : écoutez son solo de six-cordes qu’il double en scattant –, une rythmique souple, réactive, funky, et ce qu’il faut d’écho sur la voix. Changin’ Times renvoie aux ambiances d’un autre trésor oublié pendant des lustres, “Inspiration Information” de Shuggie Otis (voire le premier album de Mandré). Comin’ Home est plus terrienne, ancrée dans le R&B. Suivent deux magnifiques instrumentaux crépusculaires, lyriques et planants : Antoinette et I Remember George. White y affirme de nouveau ses talents de claviériste et de guitariste. Happy Face, plus lumineuse, rappelle un peu Let’s Get It On de Marvin Gaye. Enfin, Love And Affection, augmentés de chœurs féminin, fait furieusement songer à Sly & The Family Stone. Rauch et Errico groovent de manière insolente – Snoop Dogg et Ice Cube, entre autres, ont samplé ce titre.

Avant que la version CD de “Changing Times” ne deviennent aussi rare que le vinyle original, courrez, par exemple, chez nos amis du rayon soul-funk de Gibert Joseph (Paris 6e), il doit rester quelques exemplaires ! Venez de la part de muziq.fr. •

CD “Changin’ Times” (Trio Records / Import Japon)