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Le rocksteady de Studio One : en avant le printemps !

Le label anglais Soul Jazz Records publie le deuxième volume des morceaux roscksteady publiés dans les années 1960 et 1970 par Studio One, légendaire écurie jamaïcaine, surnommée « la Motown de la Jamaïque ».

 “Studio One Rocksteady 2 : The Soul Of Young Jamaïca – Rocksteady, Soul And Early Reggae At Studio One” est parue en février dernier, mois du reggae en Jamaïque, mais, on vous l’assure, il n’y a rien de tel pour accueillir le printemps. C’est que le son rocksteady est une ivresse pétrie de soul et de rhythm’n’blues qui, en plus de nous envoyer tout droit dans les Caraïbes (en Jamaïque, plus précisément), procure la même nostalgie salvatrice qu’un bon paquet de oldies style Motown/Stax – dont les thèmes principaux tournent autour d’amours heureuses comme malheureuses. Dans les deux cas, en terme de rocksteady, on ne peut s’empêcher de plonger dans une certaine félicité. D’ailleurs, la plupart des chansons phares de ce genre transitif (la mutation s’opère ici du ska au reggae) sont des chansons d’amour, entre euphorie sentimentale et déception pleine de mélancolie… Des slows quoi. Parfait pour ralentir la cadence au cours des sound systems. Ainsi, au milieu des sixties, le ska se métamorphose… Voilà que le tempo prend du retard, que les basses s’alourdissent. On entend aussi comme des rythmes latins. On commence à danser le rocksteady. Bientôt, la danse devient un véritable genre musical.

ROCK STEADY PochetteCet assortiment de rééditions compte dix-neuf titres. Opening act avec Sitting In The Park, reprise d’un titre de Billy Stewart interprétée par “The First Lady Of Song”, Hortense Ellis. Cette dernière est la sœur du très fameux Alton Ellis, lui aussi en bonne place sur la compilation avec l’un de ses plus grands succès : I’m Still In Love With You (que les plus jeunes ont sûrement toujours attribué à un certain Sean Paul…). Le frère et la sœur chantent également en duo sur Breaking Up It’s Hard To Do. Parlons d’ailleurs d’Alton Ellis. Avec Owen Gray (Give Me A Little Sign) ou Delroy Wilson (Run Run), il compte parmi les vocalistes les plus notables de cette musique directement influencée par la soul américaine. Dans les liner-notes, l’historien spécialiste du reggae, l’anglais Steve Barrow, écrit que « beaucoup de ces morceaux peuvent encore être considérés comme les productions d’un style régional appartenant à la soul music américaine ». C’est dire…

La compilation consacre aussi des groupes comme le duo The Termites (Rub Up Push Up), le trio The Bassies (Big Mistake), Actions (Giddy Up) ou Cannon & The Soul Vendors (Bad Treatment). Notons également une reprise du I Shall Be Realeased de Bob Dylan signée par le groupe The Heptones. Ces morceaux, flamboyants et suaves, ont été enregistrés à la fin des années 60 et au début des années 70. Ils figurent au palmarès du producteur de Kingston, Clement “Sir Coxsone” Dodd, fondateur légendaire de Studio One, grand passionné de rhythm’n’blues. Si le rocksteady donne lieu à un répertoire riche et plutôt exaltant, dans les années 70, le reggae lui a piqué sa place en haut des charts. Aussi, le rocksteady est un genre qui n’aura connu qu’à peine deux années de gloire… Tiens donc, la Philharmonie de Paris accueille, en ce moment, l’exposition “Jamaïca, Jamaïca !”, qui, jusqu’au 13 août prochain, met à l’honneur la créativité d’artistes légendaires à travers l’histoire culturelle et politique de cette île des Grandes Antilles. Just sayin’…

CD “Studio One Rocksteady 2 : The Soul Of Young Jamaïca – Rocksteady, Soul And Early Reggae At Studio One” (Soul Jazz Records)

NET Soul Jazz Records