En juin dernier, Ritchie Blackmore s’est finalement décidé à revisiter le répertoire de Deep Purple et de Rainbow. “Memories In Rock – Live In Germany” nous fait revivre ces soirées forcément empreintes de nostalgie.
Ritchie Blackmore a beau être un des plus spectaculaires et plus mésestimés guitar heroes des années 1970, ses moyen-âgeries musicales façon BO non-officielle des Visiteurs ne l’ont-elles pas définitivement mis hors-jeu ? Franchement, qui écoute vraiment Blackmore’s Night ? Fort hureusement, Ritchouille La Fripouille nous procura jadis de sacrés frissons électriques, sur scène comme sur disque, avec Rainbow puis avec Deep Purple – votre good ol’ Doc n’est plus tout à fait youngster, mais il est quand même né un peu trop tard pour voir Deep Purple dans les glorieuses seventies ! En revanche, il a pu voir Rainbow (avec Graham Bonnet et Joe Lynn Turner), puis, en 1985, assister au comeback de Deep Purple Mark II au Palais-Omnisport de Paris-Bercy, où il s’égosilla joyeusement dès les premières mesures d’Highway Star.
Tiens, justement, “Memories In Rock – Live In Germany” commence aussi par Highway Star. Hé oui, le Fondu en Noir avait beau se produire sous l’étendard du Ritchie Blackmore’s Rainbow lors de ces trois soirées de juin 2016 (une en Angleterre, deux en Allemagne, zéro en France, mince alors), il ne s’est pas gêné pour tourner les pages des grimoires plombés de Deep Purple et de Rainbow. Highway Star donc, précédé du rituel extrait du Magicien d’Oz (« we’re not in Kansas anymore… »), démarre de façon intéressante : Blackmore et sa bande n’enfoncent pas tout de suite l’accélérateur. On comprend mieux pourquoi au bout de quelques minutes : « Mister Ritchie Blackmooooore… » (dixit Ronnie Romero) n’a plus ses doigts de vingt ans. Palsambleu, il accroche même parfois, lui, le Prince Ombrageux de la Fluidité ! Tout fout le camp… Même le riff d’ouverture de Spotlight Kid semble être joué au ralenti…
Ritchie est cependant boosté par des compagnons d’Arc-En-Ciel plus vifs que lui. Et on se surprend à écouter parfois sans déplaisir ce live. Ronnie Romero est un screamer bluesy tout à fait digne dont le timbre rappelle celui de Ronnie James Dio, et le phrasé celui de Ian Gillan ou, c’est selon, de Graham Bonnet. Les autres musiciens sont irréprochables (le batteur porte un t-shirt de Depeche Mode tout de même), quoique manquant un brin de personnalité. Mais comme on dit aujourd’hui, « ils font le job » – oui, je sais, Jens Johansson a ses admirateurs, et sait comment s’y prendre pour accompagner des guitaristes hors-normes puiqu’il a joué dans le passé avec Yngwie Malmsteen et Allan Holdsworth.
Cette énième formation on ne peut plus éphémère du Ritchie Blackmore’s Rainbow sonne donc plutôt comme un cover band qui aurait eu la chance d’avoir en son sein un membre original des deux groupes dont ils reprennent les grands classiques, de Mistreated à Stargazer en passant par Perfect Strangers, Child In Time, Long Live Rock’n’Roll, Man On The Silver Mountain et, bien sûr, Smoke On The Water. Mais quelque chose dit à votre Doc que plus d’un indécrottable nostalgique ne saura résister à la vision de ces concerts qui, soit dit en passant, sont impeccablement filmés. Et puis contrairement à Jimmy Page, qui annonce annonce depuis dix ans son comeback imminent, l’Oncle Ritchie s’est risqué à rejouer comme au bon vieux temps, ne serait-ce que trois soirs. Ceux qui ont assisté à ces shows ont dû voir défiler toute leur vie… •
CD / VINYLES / DVD / BLU-RAY Ritchie Blackmore’s Rainbow : “Memories In Rock – Live In Germany” (Eagle Records / Universal).
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