Un nouvel album 100% blues et une biographie « vue de l’intérieur » pour boucler une nouvelle année hyperactive pour les Glimmer Twins.
Sur le papier, Blue and Lonesome, le 23ème album studio des Rolling Stones, possède tous les atouts du rêve mouillé de fan : Mick, Keith, Charlie, Ronnie et leurs proches associés réunis autour du même micro et d’un répertoire basé sur les 33-tours de leurs idoles juvéniles (Little Walter, Willie Dixon, Jimmy Reed, Otis Rush…). Si le dogme back to the roots est respecté – la voix de Jagger fait vrombir les cymbales et quelques mises en place sont joyeusement bordéliques – le résultat navigue à vue entre shuffles plombés et vieilles pompes en 4/4 façon Status Quo. Keith Richards est également audiblement absent d’un disque où les guitares sont supplantées par la voix et l’harmonica (virtuoses) de Mick Jagger et les pulsions métronomiques de Charlie Watts. Invité joker, Eric Clapton s’adapte poliment et déroule des chorus automatiques sur « Everybody Knows About My Good Thing » et un « I Can’t Quit You Baby » attaqué par la face R&B, contrairement à sa ténébreuse adaptation Zeppelinienne. Seuls « Blue and Lonesome », réminiscent de la descente terminale de « Down in the Hole », la perle bleue d’Emotional Rescue et le sombre downtempo « All of Your Love » se détachent d’un disque qui ne devrait pas susciter beaucoup plus de tours de platines que son prédécesseur A Bigger Bang, apparu (et aussitôt disparu) en 2005.
Autrement plus réjouissant, Satisfaction – Comment j’ai survécu à 40 années avec les Rolling Stones de Dominic Lamblin propose une version alternative et personnelle des aventures des Glimmer Twins. Ancien cadre d’Atlantic et directeur artistique au sein de plusieurs majors françaises, Lamblin a assisté aux moments clés de la saga stonienne, des premiers concerts à l’Olympia aux séances parisiennes de Some Girls en passant par l’enregistrement stupéfiant d’Exile On Main St. à Villefranche. Insider privilégié et conteur hors-pair, l’auteur a bénéficié pendant plusieurs décennies d’un pass all-access virtuel occasionnant quelques scènes rocambolesques. Qui d’autre aurait-pu découvrir « Get Off My Cloud » dans la suite de Brian Jones au George V, faire écouter le test-pressing de Sticky Fingers à Mick Jagger dans son appartement de Boulogne où inviter le chanteur de « Jumpin’ Jack Flash » à déjeuner dans un Courte paille de Survilliers (Val d’Oise) ? Outre le Plus grand groupe de l’histoire du rock©, on croise aussi Michel Berger, Véronique Sanson, Giorgio Moroder et Led Zeppelin dans les pages de ce récit francophile en bleu blanc blues. Satisfaction garantie.
The Rolling Stones Blue and Lonesome (Mercury/Universal). Sortie le 2 décembre en CD, vinyle et version digitale.
Satisfaction – Comment j’ai survécu à 40 années avec les Rolling Stones de Dominic Lamblin avec François Salaün (Éditions Larousse, 354 pages, 19,95 €).