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L.A. Woman, en studio avec les Doors

The Doors Workshop, de gauche à droite : John Densmore, Marc Benno, Jerry Scheff, Ray Manzarek et Jim Morrison. Photo : © Lisciandro

The Doors Workshop (8512 Santa Monica Boulevard), de gauche à droite : John Densmore, Marc Benno, Jerry Scheff, Ray Manzarek et Jim Morrison. Photo : © Frank Lisciandro

“L.A. Woman” des Doors vient de ressortir en “50th Anniversary Deluxe Edition”  : l’album original en LP et en CD, plus deux autres CD de répétitions en studio, en grande partie inédites. Julien Ferté vous raconte ça.

C’est la quatrième fois que l’ultime opus studio des Doors fait son entrée dans ma discothèque : en 33-tours jadis, puis en CD naguère, deux foix (la toute première version de 1984, puis celle de 1999, remasterisée, façon mini-LP, magnifique). Mais revoici donc “L.A. Woman”, façon “50th Anniversary Deluxe Edition” s’il vous plaît, riche en alternate takes, outtakes et autres unreleased sessions, mais attention : les hardcore fanatics des Doors vont être obligés de garder leur version digipack “40th Anniversary” de 2011, car tout ce qui y figurait n’a pas été repris dans l’édition du cinquantenaire. “L.A. Woman 50th Anniversary Deluxe Edition” n’est donc pas la réédition dé, dé, définitive dont on pouvait rêv, rêv, rêver (oui, on bégaye un peu dans le monde de l’édition phonographique), et sans doute faudra-t-il attendre celle du soixantième anniversaire ou, qui sait, celle du centième (mais où serons-nous en 2071 ?) pour que tout ce qui relève de ces séances gravées à Los Angeles entre le Sunset Sound Recorders et le quartier général du groupe , The Doors Workshop, soit enfin réuni dans un seul et même coffret… “Hyper Deluxe” ? “Ultra Deluxe” ?
En attendant, si comme moi vous êtes fan de ce disque, le meilleur des Doors avec le premier (mon humble avis n’engage que moi), je sens que vous allez avoir du mal à résister. Et pan, regardez comme c’est beau :DOORS Cofftet OuvertCe coffret au format 30cm contient donc le 33-tours de “L.A. Woman” (c’est, nous promet le sticker l’“Original 1971 Stereo Mix Remastered”), sa version CD (il y a encore des gens qui adorent ce support et le trouvent plus pratique à manipuler qu’un vinyle), et deux CD qui nous replongent dans le making of de cet album enregistré en six jours au Doors Workshop dans une ambiance relax, en mode blues jam session créative, avec une touche R&B et quelques digressions jazz.
Oups, j’allais oublier, le CD de “L.A. Woman” contient deux bonus tracks : la démo de Hyacinth House, couchée sur bande dans le home studio de Robby Krieger en 1969 (« Work in progress, take 1 », précise Morrison) et la première version du légendaire Riders On The Storm, enregistré au Sunset Sound, tandis que Paul Rothchild était encore le producteur du groupe – il fut viré peu de temps après, et c’est d’ailleurs pourquoi Morrison & Cie se sont retrouvés au Doors Workshop pour travailler sous la supervision de Bruce Botnick. Riders On The Storm première mouture, sans bruit d’orage ni de pluie, ne fera évidemment pas oublier celle du disque, si profondément ancrée dans la mémoire collective. Elle vaut cependant le détour, ne serait-ce que pour avoir l’impression d’entrer dans un monde parallèle, et de goûter le groove un peu plus prononcé distillé par la section rythmique.

« Je me sens bien quand je corcis. Je me sens comme un tank. Je me sens comme un opulent mammifère, une grosse bête » (Jim Morrison dans le Village Voice, cité par Jean-Yves Reuzeau dans sa biographie du chanteur, éd. Folio).

« Je me sens bien quand je forcis. Je me sens comme un tank. Je me sens comme un opulent mammifère, une grosse bête » (Jim Morrison dans le Village Voice, cité par Jean-Yves Reuzeau dans sa biographie du chanteur, éd. Folio).

Revenons aux deux autres CD, “L.A. Woman Sessions Part 1” et “L.A. Woman Sessions Part 2”. Je ne suis pas certain que vous les écouterez souvent, mais écoutez-les au moins une fois, ça vaut le coup. C’est un peu répétitif, mais c’est normal, puisque les boys répètent. Les dix-huit minutes et deux secondes passées à jammer sur Riders On The Storm en fascineront sans doute plus d’un, et ressemblent en grande partie à la version live de ce classique qui n’existera jamais puis que Jim Morrison est mort un peu plus de deux mois après la sortie de “L.A. Woman”, disque dont il était très fier et qu’il avait enregistré sans boire une goutte d’alcool – vous ne croyez pas ? Lisez absolument les liner notes de Bruce Botnick et de David Fricke pour en savoir plus sur les circonstances de l’enregistrement.
Sinon, “L.A. Woman” est un disque hanté par la musique afro-américaine, blues et R&B en tête, et mieux que jamais Morrison sonne comme l’enfant illégitime de Muddy Waters et de Frank Sinatra.

COFFRET LP/CD Doors : “L.A. Woman 50th Anniversary Deluxe Edition” (Elektra Rhino, déjà dans les bacs, édition limitée).