Le 7 février 2017, Journey a fait chavirer de bonheur le Budokan de Tokyo en jouant l’intégralité de ses deux albums cultes et multi-platinés, “Escape” (1981) et “Frontiers” (1983). Les caméras d’Eagle Vision étaient là.
« Y’a pas d’souci ? » Si, alors évacuons-le d’emblée : tant que l’on pensait que le merveilleux Steve Perry, LE chanteur de Journey, était dans les choux, on pouvait se résoudre à applaudir poliment le singalike Arnel Pineda, sympathique imitateur recruté sur YouTube par Neal Schon. Car ce jeune homme fait de son mieux pour ne pas nous faire regretter l’absence de Perry toutes les trois mesures, et il ne démérite pas dans sa périlleuse mission.
Mais puisque l’on sait désormait que Mister Perry sait toujours chanter mieux que les autres, en témoigne son récent et inespéré comeback discographique (“Traces”, à écouter d’urgene et à relire ici), son absence est insupportable. La vie est trop courte messieurs, alors repartez immédiatement on the road avant qu’il ne soit trop tard ! On ne vous demande même pas de retourner en studio, car il vous serait pratiquement impossible d’y façonner des standards du calibre de Don’t Stop Believin’, Who’s Crying Now, Separate Ways (Worlds Apart) ou Faithfully. Non, non, on veut tout simplement vous (re)voir live on stage dans votre meilleure forme et votre meilleure formation : Steve Perry, Neal Schon, Jonathan Cain, Ross Valory et Steve Smith. Ok ? Merci d’avance.
Car au même titre que Led Zeppelin sans John Bonham n’est pas vraiment Led Zeppelin, Journey sans Steve Perry n’est pas vraiment Journey. Cela dit, “Live In Japan 2017” est un double album live tout à fait digne. Et si cette nouvelle manie de partir sur la route pour rejouer toutes les chansons d’un album dans le même ordre n’est peut-être pas la meilleure invention du XXIe siècle, il faut bien avouer que celles d’“Escape” et de “Frontiers”, deux albums cultes que Prince connaissait par cœur, font toutes partie de notre ADN – mais j’imagine qu’en disant ça les abonnés des Inrocks ont déjà envie de venir m’attendre à la sortie…
Arnel Pineda, Neal Schon, Jonathan Cain, Ross Valory et Steve Smith jouent donc l’intégralité de ces albums, et sans doute n’ont-ils jamais aussi bien interprété ces dix-neuf chansons – avec, peut-être, moins d’énergie, mais certainement plus de finesse. Le meilleur moment ? Hé bien tenez-vous bien, c’est La Raza Del Sol, et pas seulement parce que pendant son solo incendiaire Neal Schon cite Third Stone From The Sun de Jimi Hendrix (c’est bien beau, croyez-moi). La Raza Del Sol était une face B de 45-tours qui devait figurer sur “Frontiers”, mais qui fut exclue du track listing définitif. Ici, Neal Schon et sa bande, featuring un Steve Smith en état de grâce, l’étirent en une jam épique que n’aurait pas reniée Santana (rappelons aux oublieux que Neal Schon fut un membre historique de Santana). Rien que pour ça, et pour Don’t Stop Believin’ aussi (quand même), il faut voir ce live in Japan que la bonne maison Eagle Vision publie en images et en sons. •
CD/BLU-RAY/DVD Journey : “Live In Japan 2017” (Eagle Vision / Universal, déjà dans les bacs)