En mai 2002, Prince faisait la Une du n° 526 de Jazz Magazine. Pour le dossier “Prince côté jazz”, nous avions interviewé Eric Leeds, Ricky Peterson, les Hornheads et John Blackwell, qui, hélas, vient de nous quitter. Souvenir.
Joint au téléphone au beau milieu de la désormais historique tournée “One Nite Alone”, John Blackwell, confortablement installé dans le tour bus, avait fort gentiment répondu à quelques questions, malgré une connexion de qualité fluctuante – la faute à plusieurs tunnels autoroutiers…
Après nous avoir poliment précisé qu’il ne répondrait pas forcément aux questions concernant Prince, celui qui aux nombre de ses influences citait alors sur son site, après Dieu et son père, les noms d’Art Blakey, Tony Williams, Billy Cobham, Harvey Mason et Prince, nous confia notamment : « Prince me laisse être moi-même, sans limites. En cela j’ai pu apporter un certain feeling jazz dans sa musique. »
A propos des séances de “The Rainbow Children”, principalement enregistré en duo avec Prince, il ajoutait : « Le plus difficile a été d’apprendre, de comprendre chaque chanson, chacune représentant une expérience particulière, le tout formant un voyage initiatique très enrichissant pour moi. En fait, nous lisions la Bible puis enregistrions à la suite. L’album a été fait en quelques jours. Une fois que vous êtes adapté à son monde, qu’il vous a formé, ça peut aller très vite avec Prince. »
Et Prince batteur ? « Il m’a montré le rythme d’Everlasting Now. Mais pour Family Name, c’est ma version du beat à la James Brown et de celui de David Garibaldi mêlés ; poir le morceau d’ouverture, The Rainbow Children, Prince avait remarqué lors d’une jam ce tempo très jazz que je jouais : il m’a demandé de le lui rejouer quand nous serions en studio… Le rythme d’Everywhere est aussi de moi. » Tout cela avoué discrètement, puisqu’à un moment, après avoir baissé le ton d’un bon cran, il nous précisa : « En fait, je ne peux pas trop vous parler, IL est juste derrière moi… » Quinze ans après, le destin a de nouveau rapproché John Blackwell et Prince. Tristesse. Allez, réécoutons, encore et encore, “The Rainbow Children”… •