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Les Fab’ Four de Thin Lizzy, plus “Live And Dangerous” que jamais !

THIN LIZZY L&D Pochette

“Live And Dangerous” de Thin Lizzy était déjà légendaire, mais il entre définitivement au Panthéon du rock grâce à sa “Super Deluxe Edition” du 45e anniversaire qui sort le 20 janvier.

En 2014, on avait eu le coffret “Made In Japan” de Deep Purple, trois CD plus un DVD pour retourner en 1972 au Pays du Soleil Levant ; en 2020, “Strangers In The Night”, le non moins légendaire live de UFO, sortait en coffret huit CD qui reprenait les six concerts de la tournée américaine de 1978 enregistrés pour assembler le double 33-tours d’origine. Et voilà donc que sur le même principe, le sublime “Live And Dangerous” de Thin Lizzy, douze ans après la première “Deluxe Expanded Edition” en triple CD/DVD digipack, ressort à son tour en coffret huit CD “Super Deluxe Edition 45th Anniversary”.
Depuis sa parution, le 2 juin 1978, ce double live est régulièrement suspecté d’être un “faux” live, tant les retouches studio ont été nombreuses. Comme Miles Davis, votre Doc a envie de dire : « So what ? » Oui : et alors ? Les albums live, rock, hard-rock, funk ou même jazz sont tous retouchés, « fixed » comme on dit là-bas. Seuls les bootlegs, par essence, ne le sont pas, et ça s’entend ! (On ne parle pas seulement de la qualité du son, mais aussi du nombre de “pains”, de chœurs à la justesse aproximative, des feedbacks…) Bref, un double live, aussi légendaire soit-il, reste un disque, une représentation d’un ou de plusieurs concerts, post-produit, peaufiné, (re)monté comme un film pour, en quelque sorte, donner l’illusion qu’on y était, qu’on y est, et qu’on y sera toujours, là, devant Phil Lynott (chant, basse), Brian Robertson, Scott Gorham (guitares) et Brian Downey (batterie), à prendre en pleine poire leurs meilleures chansons, quasiment toutes passées au rang de cult songs – et m’est avis que depuis que The Boys Are Back In Town sert à vendre la Ligue 1 dans une pub d’Amazon Prime Video, des nouvelles générations vont s’ajouter aux nôtres : « Dis Tonton Sillon, c’est quoi ce morceau, c’est super… – M’enfin ! C’est Thin Lizzy nom de Zeus ! »

THIN LIZZY L&D Coffret OuvertReste qu’en réécoutant au casque le premier CD, qui reprend l’intégrale du double 33-tours Vertigo 9199 645 de 1978, on mesure à quel point le producteur Tony Visconti, alors en “vacances” de David Bowie (un peu vexé, à l’époque, d’être obligé de repousser l’enregistrement de “Lodger” pour laisser son producteur fétiche piger avec Thin Lizzy…), avait plus d’une fois dû sortir ses ciseaux. Il faut dire que Phil Lynott a d’abord voulu refaire quelques notes de basse ici et là, puis une ligne complète (de basse hein, ne soyez pas médisants s’il-vous-plaît), et puis tiens, pourquoi rechanter cette chanson aussi ? Ça sonnera encore mieux comme ça… Dans la foulée – le travail de mixage, cocorico, avait commencé à Paris au Studio des Dames –, les twin guitarists Scott Gorham et Brian Robertson s’en sont mêlés, et badabim badaboum, vas-y que j’te rejoue à mon tour tel ou telle partie de six-cordes pour pouvoir briller en société.
Écoutez bien Still In Love With You : pas besoin d’être diplômé d’une école d’ingé son pour deviner les coups de ciseaux (pour en savoir plus, lisez le n° 310 de nos confrères anglais de Classic Rock, qui consacrent leur Une et article de neuf pages à “Live And Dangerous”). Tony Viconti ira jusqu’à dire que près de 75 % du disque a été refait en studio, allégation que Robertson et Gorham réfutent catégoriquement depuis des lustres.

Mais encore une fois : qu’importe ! Car tout cela ne nous a pas empêchés, depuis quarante-cinq ans, d’écouter en boucle “Live And Dangerous”. Et si d’aventure vous doutiez des réelles capacités de live performers de Phil et son cult band, les sept concerts du coffret (le Hammersmith Odeon de Londres les 14, 15 et 16 novembre 1976, le Tower Theater de Philadelphie les 20 et 21 octobre 1977, la Seneca College Field House de Toronto le 28 octobre 1977 et, back to London, le Rainbow Theatre le 29 mars 1978) vont rassureront définitivement : oui, ces Boys avaient le rock dans le sang, et Thin Lizzy sonnait comme aucun autre groupe, (em)porté par son leader charismatique au sommet de son art.
“Bad Reputation”, Liz’ grand cru, était alors l’album qu’ils défendaient, comme le reflète la présence de Dancing In The Moonlight (It’s Caught Me In Its Spotlight), Opium Trail, Bad Reputation (formidable Brian Downey à la batterie) ou encore Soldier Of Fortune dans la set list dès 1977 (ces trois dernières ne figuraient pas dans le “Live And Dangerous” original). Et comme on revient toujours à Still In Love With You, écoutez donc la version du 20 octobre 1977 à Philly : elle est sublime.

De l’or, de l’or ! : “Live And Dangerous”, un succès artisitique et commercial

De l’or, de l’or ! : “Live And Dangerous”, un succès artisitique et commercial, même si la BO de “Saturday Night Fever” l’a empêché d’atteindre la première place du Top 10… (Illustration extraite du livret de “Live And Dangerous Super Deluxe Edtiion 45th Anniversary”.)

Vous avez déjà le triple CD/DVD “Live And Dangerous” de 2011 ? Sorry Girls and Boys, vous n’allez pas pouvoir le revendre pour financer en partie votre nouvel achat : son DVD live, non repris dans le nouveau coffret, continue de le rendre indispensable à votre compactothèque. Mais de toute façon, si vous êtes aussi fans que votre Doc et qu’il vous reste quelques brouzoufs de vos étrennes, il va falloir passer à la caisse. Parce que ce coffret au format 25cm x 25cm est un objet-disque magnifique, facile à manipuler, joliment façonné et imprimé. Le livret de 50 pages est richement illustré, et le signataire des liner notes, Mark Blake, est aussi l’auteur de l’article de Classic Rock cité plus haut. Ses liner notes et son article se resssemblent évidemment comme deux gouttes d’eau, mais on apprend beaucoup de chose sur la génèse de “Live And Dangerous” : l’influence notoire du “Frampton Comes Alive” (sur l’envie de Lynott de sortir un double live pour entrer dans l’Histoire à son tour : hey Peter, show me the way !), les engueulades entre Robertson et Lynott, la “malédiction américaine” du groupe, qui n’arrivera jamais à percer vraiment au pays de l’Oncle Sam…
Vous l’aurez compris : ce coffret en édition limitée est absolument indispensable.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, l’autre double live de Thin Lizzy, “Life – Live”, moins légendaire mais aussi indispensable, vient aussi d’être réédité en version remasterisée – pas trop tôt ! On en reparle très vite ici même.

COFFRET Thin Lizzy : “Live And Dangerous Super Deluxe Edition 45th Anniversary” (UMC / Universal, dans les bacs le 20 janvier). À écouter / voir aussi, le combo 2 DVD / 1 CD “The Boys Are Back In Town Live At The Sydney Opera House October 1978” / Phil Lynott : Songs For While I’m Away” (chouette documentaire) paru fin 2022.
Un grand merci aux deux Philippe !