“Honky Château”, le cinquième album d’Elton John, ressort en double CD agrémenté de demos et d’un live enregistré au Royal Albert Hall. Doc “Muziq” Sillon y pose son sceau “Écouté et approuvé” !
Ce qu’il y a de bien avec les rééditions actuelles, du moins quand elles sont du même tonneau que celle d’“Honky Château”, c’est qu’elles sont aussi agréables à écouter qu’à lire. Et à manipuler aussi : joli ce fourreau en carton qui renferme une pochette qui s’ouvre contenant les deux CD. Passionnant ce livret de 40 pages avec une story signée Daryl Easlea, ses photos rares, ses illustrations et sa timeline eltonjohnienne de l’an 1972. Parfait pour se replonger dans cette époque bénie du rock briton, made in France en l’occurrence puisque le cinquième opus de Sir Elton John a été enregistré loin de l’agitation urbaine, au légendaire Château d‘Hérouville – d’où son titre évidemment, et l’on apprécie au passage que l’accent circonflexe sur le “a” soit bien là ! –, là où avant lui Gong et Grateful Dead avaient déjà laissé un souvenir ému aux braves gens d’Hérouville-En-Vexin. (On sait ensuite le nombre impressionnant d’artistes légendaires passés par cette noble demeure transformé en studio par Michel Magne, mais c’est une autre histoire…)
“Honky Château” est le premier album de “groupe” enregistré par le natif de Pinner, avec le nouveau venu Davey Johnstone à la guitare et les fidèles Dee Murray à la basse et Nigel Olsson à la batterie. Résultat : un album d’une grande cohésion sonore, même si de ci de là quelques musiciens sont venus ajouter leur touche personnelle, dont le grand violoniste de jazz Jean-Luc Ponty, qui garde un très bon souvenir de ces deux jours passés avec la bande à Elton. Ponty joue sur Mellow (l’une des chansons préférées d’Elton), où son violon passe à travers une cabine Leslie (une idée du producteur Gus Dudgeon), et sur Amy. Deux chansons magnifiquement enregistrées par le grand ingénieur du son Ken Scott, avec lequel Ponty retravaillera plus tard après avoir rejoint le Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin – le soir au château, pendant le dîner, Elton et Gus Dudgeon jouaient au DJ et avaient notamment passé le premier 33-tours du Mahavishnu Orchestra, “The Inner Mounting Flame”, qu’ils adoraient : Ponty s’en souvient encore…
La nuit, Bernie Taupin écrivait les paroles à la machine à écrire, puis les laissait au petit matin sur le piano d‘Elton. C’est ainsi que ce dernier composa la musique du futur classique Rocket Man (titre inspiré par ue nouvelle de Ray Bradbury) en à peine plus de dix minutes… Quant à l’autre perle rare de “Honky Château”, c’est Mona Lisa And Mad Hatters. Un dernier mot sur les demos : elles sont très intéressantes et placent l’auditeur au cœur de la création. Celle de Honky Cat est hilarante – nous vous laissons la surprise…
CD ou LP Elton John : “Honky Château” (Mercury / Universal, dans les bacs le 24 mars).