Paru en 1979 sur Philadelphia International Records, “Edwin Birdsong” est devenu de plus en plus culte au fil du temps. Le label anglais Big Break Records vient de rééditer.
Réédité une fois en cd paper sleeve au Japon en 2011 et devenu aussi collector que le vinyle original, “Edwin Birdsong” est donc à nouveau disponible. Ça tombe bien : c’est le meilleur album de ce chanteur et claviériste surtout connu pour sa participation à quelques opus majeurs de Roy Ayers, au début des années 1970. Edwin Birdsong, à cette époque, est au vibraphoniste ce que pouvait être notamment Walter “Junie” Morrison à George Clinton et Funkadelic : une sorte de trublion à tout faire, autant compositeur que musicien bricoleur, poussant leur leader respectif vers un funk inspiré et malin et surtout irrésistiblement dansant. Quand Junie met son grain de sel de manière décisive sur le mythique One Nation Under A Groove, Edwin en fait de même sur Runnin’ Away, l’une des réussites les plus marquantes de l’Ubiquity d’Ayers. Pourtant, l’un comme l’autre ne font que des passages éphémères chez ces deux géants et optent prioritairement pour une carrière solitaire.
C’est donc en 1979, que sort ce quatrième album solo de Birdsong. Ces précédentes tentatives s’orientaient vers une fusion attachante plus ou moins maitrisée, d’un funk-rock bluesy aux influences psychédélique, bien loin de ses plus sages collaborations avec Roy Ayers. “Edwin Birdsong” est donc surprenant à plus d’un titre. Surprenant parce qu’il fut édité sur le fameux label Philadelphia International Records, berceau d’une esthétique soul aux arrangements sophistiqués qui abritait les Billy Paul, O’Jays et autres Teddy Pendergrass. Edwin Birdsong fait exception à la règle : son énorme, claquant, sans cordes ni cuivres, faisant la part belle à ses claviers aquatiques et déjantés, à la guitare mordante de Ronald Drayton. Une poignée de funk songs déboulent sans temps mort, propulsés par de vrais batteurs et chantés, c’est un grand mot, par le leader qui n’hésite pas à utiliser un arsenal d’effets (fuzz, vocoder…) formant une improbable mixture groovy. On y retrouve surtout l’énorme morceau de bravoure Cola Bottle Baby que le malin duo Daft Punk a samplé pour son Harder, Better, Faster, Stronger. Rendre à César ce qui lui appartient ? Rien que pour ça, l’album vaut le détour, histoire de constater que l’original vaut bien tous les copié/collé.
Big Break Records a de plus eu la bonne idée de compléter le CD par l’intégralité des extended versions sorties en maxi à l’époque. C’est logiquement qu’Edwin Birdsong fera long feu sur Philadephia Sound, se réfugiant ensuite chez Salsoul Records pour un ultime album fortement conseillé lui aussi (featuring Marcus Miller à la basse), avant de disparaître dans l’anonymat. Encore une bonne raison de ne pas passer à coté de cette remarquable réédition. •
CD “Edwin Birdsong” (Philadelphia Sound / Big Break Records).