En attendant le premier disque de ses Funk Apostles prévu pour la fin de l’année (ou le tout début de la suivante…), Cory Henry a ouvert le bal de Jazz à La Villette 2017.
Entre relances bien senties d’animateur de matinale de radio périphérique (il se reconnaîtra), textos envoyés à la hussarde (il se reconnaîtra aussi), réactions d’internautes postées sur Facebook (elles & ils se reconnaîtront), commentaires à chaud glanés dans la foule (je ne les connaissais pas), tout concordait : « Il a du Ray Charles en lui, non ? », « Il n’a peur de rien », « Ce Cory est terrible », « Oh la la… », « Trop mignon avec chemise en jean », « Tellement Marvin », « Il a encore une fois été magnifique. Toute la première partie du set fut magique », « C’est quoi son clavier à droite ? Je veux le même », etc., etc.
Petit à petit, Cory Henry fait son nid. De ses premières apparitions françaises avec Snarky Puppy où, déjà, il se distinguait aisément du commun des mortels, à ce concert inaugural de Jazz à La Villette 2017 en passant par son mémorable show du New Morning, fin 2016, ce jeune homme promis à un grand avenir ne cesse de conjuguer au présent tout ce qu’on aime dans la musique. Car non content d’être un keyboard hero littéralement habité – tout ce qu’il joue est profondément marqué par sa culture gospel et son amour d’Herbie Hancock –, Cory Henry a aussi une voix, un charisme et un sens de l’empathie façon preacher lover qui le rendent quasi instantanément magnétique.
La première demi-heure de ce concert fut effectivement magique, jam session jubilatoire et étourdissante qui ne céda pas une seule seconde à la surenchère façon grande parade des musclors jazz-funk. L’organiste-claviériste en chef et son second, Nick Semrad (lui-même extrêmement inventif et doué) tissèrent un patchwork synthétique géant aux mille et une nuances (super)soniques, portés par les grooves moelleux prodigués par le sobrissime Sharay Reed à la basse et l’impeccable Taron Lockett à la batterie.
Puis, rejoints par deux choristes qui ne firent pas complètement l’unanimité, et tandis qu’on se demandait où était passé le guitariste des Funk Apostles, Adam Agati, la jam funky-cosmique céda la place à une set list plus traditionnelle, entre extraits de son nouvel album – pas encore paru, donc, d’où une lègère chute de la température, de la tension et de l’attention – et reprises de standards seventies réarrangés avec maestria, tels Stayin’ Alive des Bee Gees ou Inner City Blues de Marvin Gaye. Un Marvin Gaye dont le fantôme passa au-dessus de la scène lors de la balance, dans l’après-midi, quand le smartphone de l’envoyé spécial de muziq.fr saisit Cory Henry dans cette posture :
Coda : quelques heures plus tôt, tout en nous dirigeant tranquillement vers la Grande Halle de La Villette, Cory Henry, après nous avoir accordé une longue interview que vous lirez bientôt dans Jazz Magazine, nous confiait en aparté qu’il aurait tant aimé voir Prince au New Morning, « you know, this show in 2010, of friend of mine was there… I wish I was there too… – Well, I was there Cory, and actually, lui répondis-je, I am still there. You know what I mean ? – Oh yes I do… ».
CD Cory Henry & The Funk Apostles : “The Art Of Love : Chapter 1” (à paraître fin 2017 ou début 2018).
A LIRE Ici, la présentation de “The Art Of Love : Chapter 1” de Doc Sillon