Première date parisienne de Roger Waters hier soir à la U-Arena de Nanterre. Au programme : pyramides laser, anti-Trumpisme et cochons-drones.
Deux ans après David Gilmour – et quelques mois avant Nick Mason et sa nouvelle formation- Roger Waters, présentait ce vendredi son nouveau son et lumière Floydien baptisé Us + Them à la U-Arena de Nanterre. Étrenné par les Rolling Stones à l’automne dernier, le clinquant énormodome de l’ouest parisien a, semble-t-il, retenu les leçons d’une bérézina acoustique digne de faire passer Gaveau pour le Stade de France. Dès l’accompagnement du film d’introduction, brisures de vagues, choeurs arabisants et les fameuses voix-off de The Dark Side of the Moon ricochent en surround 360° dans l’arène comme dans l’auditorium 5.1. d’un magasin Cobra. Sans cérémonie, Roger Waters introduit le diptyque « Breathe »/ »One Of These Days ». De la pénombre émerge le backing-band de l’ex-bassiste teigneux du Floyd, entouré de chaque extrémité de la scène par le guitariste lead Dave Kilminster et Jonathan Wilson au chant et à la rythmique. Le folk-rockeur bucolique du Laurel Canyon est secondé par la jeune garde responsable de l’exécution du fort recommandable Is This The Life We Really Want ? paru l’an dernier, aux côtés du batteur Joey Waronker et du multi-instrumentiste Gus Seyffert, sans oublier une paire de choristes et un saxophoniste présents par intermittence.
Passées les présentations, Roger Waters déroule un best-of en rejouant à la note les tubes en hallu de Pink Floyd. « The Great Gig in the Sky », « Time », « Wish You Were Here » et un trio d’extraits d’Is This The Life We Really Want ? défilent dans une douce léthargie jusqu’au premier choc de la soirée : la coda de « The Happiest Days of Our Lives » s’évanouit lorsque les arcs électriques s’emballent, les sirènes hurlent et les illustrations de Gerald Scarfe se matérialisent sur le gigantesque écran mural. Dix enfants en costume de Guantanamo et aux visages masqués s’alignent face au public et entament une chorégraphie hyper-dynamique sur les deuxièmes et troisièmes mouvements d’ « Another Brick in the Wall ». Guidés de la fosse par leurs professeurs, les kids alone de l’école francilienne Team Face-B réveillent l’enthousiasme à la veille d’un entracte, puis d’une seconde partie invitant l’auditoire à découvrir la face sombre de la face sombre du Floyd.
À mi-chemin du show, une comparaison entre la proposition scénique de Roger Waters et celle de David Gilmour s’impose : quand le guitariste caresse chaleureusement l’audiophile de son fuzz cristallin, son ombrageux ancien partenaire assène frontalement ses saturations idéologiques. Solidement interprété par Jonathan Wilson, « Dogs » amorce un deuxième acte marqué par une cinglante séquence anti-Trumpiste. « TRUMP EST UN PORC » lit-on en conclusion d’un hargneux « Pigs (Three Different Ones) », ponctué par les citations tridimensionnelles du leader amérikkkain. Lors de cet interlude militant, Roger Waters adapte habilement la mythologie Floydienne à l’actualité : un cochon-drône décolle de la mythique usine de Battersea Power Station reconstituée et traverse la salle tandis que le plus célèbre Mur de l’histoire de la pop-music est sur le point de réapparaitre à la frontière américano-mexicaine. « Smell the Roses », le meilleur titre d’Is This The Life We Really Want ?, s’imbrique ensuite naturellement dans l’environnement hostile d’Animals et la dernière partie d’un set de plus de 135 minutes conclu par « Comfortably Numb ». Roger Waters, 74 ans et tout son mordant.
Setlist
Speak to Me
Breathe
One of These Days
Time
Breathe (Reprise)
The Great Gig in the Sky
Welcome to the Machine
Déjà Vu
The Last Refugee
Picture That
Wish You Were Here
The Happiest Days of Our Lives
Another Brick in the Wall Part 2
Another Brick in the Wall Part 3
-Entracte-
Dogs
Pigs (Three Different Ones)
Money
Us and Them
Smell the Roses
Brain Damage
Eclipse
Comfortably Numb
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Direction artistique : François PLASSAT
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