Invité d’honneur du 3ème festival de cinéma et musique de film de La Baule, Lalo Schifrin a participé à un ciné-concert exceptionnel et une rencontre privilégiée avec le public. Compte-rendu de mission bauloise.
Mercredi dernier, le maître argentin avait gratifié les spectateurs de la Cinémathèque française de quelques mesures de « Mission impossible ». Samedi soir, à la salle Atlantia de La Baule, un programme dirigé par le pianiste et compositeur de musiques de films Jean-Michel Bernard faisait suite à la performance exceptionnelle donnée au Grand Rex en 2007*. Délivré cette fois en formule sextet, ce « ciné-concert » introduit et illustré par un montage alerte de séquences filmiques cultes réalisé par Jérémie Imbert, propose un best-of des plus grands thèmes Schifriniens, des tensions rythmiques de Bullitt, Dirty Harry et Mission impossible aux raffinements harmoniques de The Fox et Les félins sans oublier les racines latines du pianiste de Buenos Aires (« Lalo’s Bossa Nova », « Tango »).
Spectateur attentif de sa propre musique depuis les coulisses, Lalo Schifrin rejoint finalement la formation lors des rappels. « Je ne suis pas un orateur, je ne suis pas un poète, je m’exprime seulement avec la musique », explique-t-il avant de s’installer au piano pour 30 joyeuses minutes d’improvisations autour du blues, d’un « Happy Birthday » méticuleusement déstructuré adressé au bassiste/contrebassiste Pierre Boussaguet, puis d’une reprise spectaculaire en full-band du thème de Mission impossible.
On retrouvera le lendemain le récemment nommé Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres à l’issue de la projection d’In the Tracks of Lalo Schifrin, l’excellent documentaire de Pascale Cuenot, dans le cadre d’une masterclass dirigée par Stéphane Lerouge et conclue par une interprétation de Jean-Michel Bernard de « Mistix », une habile contraction du « Misty » d’Erroll Garner et de l’impérissable thème de Mannix. Visiblement fatigué par une semaine d’interviews, de rencontres et d’intenses émotions musicales, Lalo Schifrin évoque généreusement sa participation à la bande-son country/classique de Luke la main froide et ses rencontres déterminantes avec Dizzy Gillespie et le producteur Clarence Avant dans les années 1960. Mais il est déjà temps de rentrer à Los Angeles. Plus de 60 ans après son apprentissage musical parisien auprès de « Maître » Olivier Messiaen, Lalo Schifrin pouvait à nouveau quitter la France avec le sentiment d’une mission accomplie.
*Concert disponible dans le coffret 5-CDs The Sound of Lalo Schifrin (Écoutez le cinéma!/Decca/Universal).
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