Hier soir au Bal Blomet, dans le cadre des Jeudis Jazz Magazine, le contrebassiste et son brillant quintette fêtaient la sortie de leur nouvel album, “Cinematic”.
Andrew McCormack quitte son piano, Quentin Collins s’éclipse sa trompette sous le bras, Brandon Allen en fait de même avec son sax ténor, tandis que Chris Higginbottom pose ses baguettes sur sa caisse-claire. Kyle Eastwood se retrouve seul sur scène, avec sa contrebasse, pour commencer de jouer Boogie Stop Shuffle, thème mémorable d’un de ses compositeurs préférés, Charles Mingus. Il y met tout son cœur et le plaisir est contagieux : swing, son, choix des notes, tout est parfait – à l’ombre bienveillante du père qui lui a transmis son amour du jazz, le fils s’affirme en instrumentiste toujours plus sûr de lui et maître de ses moyens. Well done Kyle… Et quand ses compères finissent par le rejoindre, l’esprit du grand Charles continue d’être honoré avec la manière. On applaudit bien fort.
Ce qu’il y a de délectable et de réjouissant dans le quintette de Kyle Eastwood, c’est sa cohésion, son énergie subtilement canalisée, l’évidente complicité – elle s’entend et se voit à chaque instant – de ces musiciens qui jouent ensemble depuis un bon moment. Kyle Eastwood présente chaque morceau avec élégance et retenue, personne ne tire la couverture à lui, la musique respire.
Ainsi, Skyfall, Charade, The Eiger Sanction (superbe thème méconnu de John Williams), Les Moulins de mon cœur (avec Camille Bertault, première special guest), Taxi Driver – Theme (cette merveille signée Bernard Herrmann), Gran Torino (avec Hugh Coltman, second special guest) et The Pink Panther continuaient de défiler sur l’écran jazz de nos nuits blanches quand dans la nuit parisienne notre taxi s’enfonçait. Vivent les Jeudis de Jazz Magazine.
Rendez-vous ce soir, même heure, même endroit, pour le deuxième concert du quintette de Kyle Eastwood.