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Kate Bush et Joni Mitchell, l’amour partagé

Le Mot et le Reste vient de publier Kate Bush, le temps du rêve de Frédéric Delâge et Joni Mitchell, Songs Are Like Tattoos d’Édouard Graham, deux livres essentiels consacrés à des artistes qui ne le sont pas moins.

KATE JONI Montage

On ne dit pas une mais un génie. Dommage. Car Kate Bush et Joni Mitchell sont incontestablement géniales. En France, la première bénéficie d’une certaine popularité grâce à ses tubes en or massif, Wuthering Heights (1978), Babooshka (1980) et Running Up That Hill (A Deal With God) (1985). La seconde, en revanche, est nettement moins connue du grand public – amusez-vous à faire un micro-trottoir, et vous risquerez d’obtenir des réponses dignes de celle d’un vendeur d’une célèbre officine champs-élyséenne*…  Mais quel que soit leur degré de (re)connaissance ici-bas, elles ont les admirateurs qu’elles méritent, et si elles pouvaient les croiser – rêvons un peu –, nul doute qu’elles se reconnaîtraient en eux. Car est-il possible d’aimer autrement que passionnément Kate Bush et Joni Mitchell ? Non bien sûr, et Kate Bush, le temps du rêve et Joni Mitchell, Songs Are Like Tattoos en apportent la preuve noir sur blanc.

Ces deux biographies sont remarquablement bien écrites, sans effets de manche pseudo-littéraires, sans jugements à l’emporte-pièces (positifs ou négatifs), extrêmement documentées, méticuleuses et accessibles. Que l’on soit novice ou connaisseur, le résultat sera le même : plongée immédiate dans les disques pour (ré)écouter ce que l’on vient de (re)découvrir au gré des 218 pages de la première et des 386 pages de la seconde !

Mais au delà du plaisir intense que l’on prend en lisant ces deux livres qui resteront toujours à portée de main et que l’on peut d’emblée qualifier d’ouvrages de références (même les livres in english in the text ne nous avaient pas autant retenu), il faut souligner une chose : la passion, voire l’amour (c’est beau l’amour) des deux auteurs pour leur sujet ne les fait pas basculer dans la contemplation stérile. Frédéric Delâge et Édouard Graham s’effacent derrière la musique tout en la prenant constamment au sérieux. On en apprend de belles sur les vies de nos deux super-héroïnes, femmes libres et créatrices d’univers hors-normes, mais leur œuvre est passée avec encore plus de délectation au tamis du savoir et de la musicographie (à ne pas confondre avec la musicologie à la petite semaine).
La manière dont Graham analyse les textes, pardon, les poésies de Joni Mitchell apporte des lumières vitales pour l’auditeur qui ne comprend pas toujours les subtilités de la langue de Shakespeare. Quant au nombre impressionnant d’anecdotes et de détails que rapporte Delage, il ne donne jamais le tournis. Au contraire : il nous replonge comme si on y était au cœur de la quête artistique de Kate.

En écrivant à hauteur d’homme, Frédéric Delage et Édouard Graham ont su retranscrire toute la grandeur d’âme – grandeur dame ? – de ces deux fascinantes artistes. Respect. •

LIVRES
Kate Bush, le temps du rêve, par Frédéric Delâge (Le Mot et le Reste, 218 pages, 19 €)
Joni Mitchell, Songs Are Like Tattoos, par Édouard Graham (Le Mot et le Reste, 386 pages, 24 €)

À lire aussi : Muziq n° 3, spécial “Kate Bush, reine d’Angleterre”.

* Pour situer le dégré de méconnaissance de la chanteuse canadienne, on rapellera cette anecdote, véridique : un jour, donc, au Virgin Megastore des Champs-Élysées, un client demande à un vendeur (stagiaire, dit-on…) s’il a des disques de Joni Mitchell. Réponse un rien narquoise du jeune homme : « Joni Mitchell ?! Vous êtes sûr ?! Des disques de Johnny Hallyday et d’Eddy Mitchell, ça on en a, mais Joni Mitchell, désolé, ça n’existe pas… » (NDR : Faut-il le rappeler, il y avait aussi d’excellents vendeurs au Virgin Megastore.)