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Jazz Magazine (re)fait son festival !

Après le succès de la première édition à l’Alhambra en janvier 2016, Jazz Magazine organise cette fois son deuxième festival dans la magnifique salle entièrement rénovée du Trianon.

Edouard Rencker, directeur de la publication de Jazz Magazine :
« Au programme de cette soirée consacrée aux nouvelle voix du jazz, trois artistes exceptionnelles : Cécile McLorin Salvant, dont la réputation n’est plus à faire et dont la renommée est désormais internationale, Ylian Canizares, étonnante violoniste qui commence à faire le bonheur des festivals et Malou Beauvoir, “artiste maison” (notre label Jazz & Cie a produit son dernier album) et grande habituée des clubs new-yorkais. Il nous semble essentiel, plus d’ailleurs en tant qu’observateur et acteur du jazz qu’en tant que media, de participer à la promotion et à la visibilité de nouveaux artistes. Jamais l’inventivité et la créativité du jazz n’a été aussi fertile, notamment en France, et porter un projet comme le Jazz Magazine Festival nous paraît salutaire. J’espère vous rencontrer nombreux le 21 janvier prochain. »

CECILE McLORIN SALVANT,
LA FORCE TRANQUILLE

Simple, mature, rayonnante et incroyablement talentueuse. À 27 ans, Cecile McLorin Salvant ne semble pas se rendre compte de ses atouts. Rencontre avec celle qui, une fois sur scène, en arrive à suspendre le temps.

Cécile McLorin Salvant assure ne pas lire une seule ligne de ce qui peut être écrit sur son compte. On veut bien la croire. D’autant plus qu’après avoir évoqué la victoire aux Grammies de “For One To Love” en tant que meilleur disque de jazz vocal cette année, la jeune femme soupire un brin : « C’était une bonne nouvelle, une très belle surprise à laquelle je ne m’attendais pas. » Et que dire de son précédent disque, “Woman Child”, déjà nommé aux Grammies en 2014 ? « Là encore, je n’ai pas vraiment réalisé. » La vérité ? « Tout cela est fou mais, honnêtement, il m’arrive très souvent de l’oublier. » Inutile donc de continuer à dérouler son impressionnant parcours : de ses prouesses avec Rhoda Scott ou Wynton Marsalis à ses aventures chez Chanel. « Je suis très heureuse d’avoir remporté un Grammy mais je continue à vivre avec les mêmes doutes, confie-t-elle. Je continue de remettre ma musique en question, de me demander si ce que je fais a réellement du sens, de chercher à faire mieux. » Nous voilà presque tentés de la rassurer, tant ce qu’elle propose est systématiquement éblouissant. Mais le doute perpétuel est peut-être l’un des leviers de son incommensurable talent. Sur scène, elle est entourée par un précieux trio. Celui d’Aaron Diehl, pianiste ô combien précis. À ses côtés, le contrebassiste Paul Sivikie et le batteur Lawrence Leathers. Trois musiciens qui contribuent aux succès de la chanteuse et avec qui elle parcourt l’Europe et les États-Unis depuis plus d’un an. Et cela, au gré des standards qu’elle s’approprie avec brio. « J’en écoute beaucoup », admet-elle. Au sein de son répertoire, on retrouve beaucoup de titres signés Cole Porter. « Ses textes ont de l’humour mais révèlent aussi une certaine tristesse”. Une ambivalence parfaitement retranscrite à travers sa reprise de la chanson Most Gentlemen Don’t Like Love sur scène par exemple. « Jaime ces chansons où l’on trouve toujours un petit travers, un petit quelque chose qui nous fait brièvement froncer les sourcils », sourit-elle. Elle cite Wives And Lovers, ce grand succès de Jack Jones signé Burt Bacharach et Hal David, qu’elle juge sexiste. « Si ce n’est pas fou ? Voilà que l’on nous explique comment une femme devrait se présenter pour plaire à son mari », s’indigne-t-elle. Puis, elle sourit. Car après tout, c’est cela qu’elle aime. Bousculer ses auditeurs tant par son timbre chaud que par ces textes malicieux. Elle évoque aussi Si J’étais blanche de Joséphine Baker. « Je me souviens avoir voulu être blanche quand j’étais petite tant j’étais ostracisée parce que noire, confie-t-elle. C’est tragique non ? » Une chanson qui, pour un public blanc, relève bien évidemment de l’ironie. Mais pour un public noir, il s’agit clairement d’une prise de position contre certaines dérives esthétiques comme le blanchiment de la peau. « J’ai chanté ce morceau devant un public d’Haïtiens et plusieurs femmes sont venues me remercier de faire passer ce message au caractère préventif », raconte la chanteuse. Haïti… C’est le pays d’origine de son père. Au moment où l’on échange, l’ouragan Matthew vient de dévaster l’île. Son visage s’assombrit : « Difficile de simplement parler de catastrophe naturelle…» Si elle ne peut prétendre avoir une fine connaissance du pays de son père, aux États-Unis, elle chante au cours de spectacles pour l’organisation HELP (Haitian Education & Leadership Program) qui promeut l’éducation en Haïti. « Cest en chantant que j’apporte ma contribution à la reconstruction de ce pays », affirme-t-elle. Cecile McLorin Salvant, chanteuse engagée ? On s’en doutait… • Katia Touré

jazzmag-festival-malou-beauvoirMALOU BEAUVOIR,
COMME UN VOYAGE

Rencontre avec une comédienne et chanteuse qui, après avoir baigné dans la pop et la soul, s’est tournée vers le jazz pour mieux cultiver ses racines.

Malou Beauvoir est née à Chicago, de parents haïtiens. Élevée à New York, entourée par des musiciens, elle se destine à une carrière dans le monde des affaires avant de s’essayer à la comédie. Elle se tourne ensuite vers la musique. « Petite, j’étais beaucoup plus entourée par la musique haïtienne que par le jazz, confie-t-elle. Finalement, la musique s’est révélée être un choix spirituel. » C’est à Paris qu’elle découvre le jazz grâce à sa rencontre avec le pianiste Jean Chaudron. « Il m’a dit que si un jour je décidais d’enregistrer un album, il me suivrait dans l’aventure », se souvient-elle. Elle prend alors des cours avec la chanteuse de jazz australo-anglaise Anita Wardell. C’est la révélation. « J’ai eu une sorte de déclic. J’ai repris contact avec Jean Chaudron et nous avons commencé de travailler sur plusieurs standards. » De ces sessions avec le pianiste naît son premier disque, “An Evening At The Swan”, paru en janvier 2011 (Transmundia). La même année, elle évolue sur la scène jazz bruxelloise avant de repartir pour New York où elle enregistre “Is This Love?”, publié en janvier 2016 (Panthera Music). On y retrouve notamment le contrebassiste David Finck, le saxophoniste Donny McCaslin ou encore le guitariste Bob Mann. Un disque de jazz classique encore loin de ses véritables aspirations. Aujourd’hui, c’est avec le chanteur haïtien James Germain que Malou Beauvoir compte déployer son éventail. « On a choisi de travailler sur un projet en lien avec la spiritualité haïtienne », explique la chanteuse. Soul, jazz et folklore haïtien sont donc les influences que l’on retrouvera sur son prochain album. Elle souhaite aussi rendre hommage à des chanteuses haïtiennes comme Toto Bissainthe et Martha Jean-Claude. « Le jazz, la soul et la musique vaudou haïtienne symbolisent mon métissage, celui entre Haïti et les États-Unis. Pour moi, le jazz est un voyage, une exploration. » • Katia Touré

YILIAN CAÑIZARES
QUEEN CRÉOLE

Rigueur de la tradition classique épicée par la gaie vélocité grappellienne et l’allégresse afro-cubaine, elle incarne un pouvoir de charme finement créole.

Yilian Cañizares est née à La Havane au début des années 1980. Initiée au violon dès son plus jeune âge dans la grande et rigoureuse tradition russe, elle s’est longtemps destinée à une carrière d’instrumentiste classique, avant de finalement s’installer en Suisse pour poursuivre ses études, et prendre dès lors insensiblement la tangente. Impressionnée par la liberté et la volubilité joyeuse du violon de Stéphane Grappelli et, loin de son pays natal, soudain nostalgique des rythmes et fragrances harmoniques épicées des ritournelles de son enfance, la jeune femme va progressivement se forger son propre style, mêlant de façon singulière la rigueur formelle de la musique classique occidentale, la puissance incantatoire et l’allégresse des rythmes afro-cubains et un goût prononcé pour l’improvisation hérité de son amour du jazz. A la tête d’un quartette au nom de divinité yoruba (Ochumare) réunissant un percussionniste suisse (Cyril Regamey), un pianiste cubain (Abel Marcel) et un contrebassiste vénézuélien (David Brito), Yilian Cañizares joue aujourd’hui une musique à son image. Entremêlant avec grâce et virtuosité les arabesques lyriques de son violon à sa voix fluide et sensuelle ; s’exprimant indifféremment en espagnol, en yoruba et en français ; s’emparant de tout ce qui lui passe à portée de main pour en faire son miel, la jeune femme enracine son propos dans la culture créole pour mieux la réinventer, offrant au jazz latin une déclinaison moderne et féminine d’une grande subtilité. • Stéphane Ollivier

 

jazzmag-festival-ourim-toumimOURIM TOURIM,
L’AFTER “AFRORIGINAL”

Après la grande soirée du Trianon, direction le Caveau des Oubliettes pour un after en compagnie du groupe codirigé par la chanteuse Emma Lamadji et le batteur Jon Grandcamp.

Afrobeat, jazz, soul, funk : la musique d’Ourim Toumim trouve naturellement son équilibre au carrefour des styles. Forts de leurs impresionnants c.v., qui reflètent la variété de leurs parcours musicaux, Emma Lamadji (entendue notamment aux côtés du légendaire Joe Bowie de Defunkt) et Jon Grandcamp (Biréli Lagrène, Blick Bassy, Etienne M’Bappé, Eric Le Lann…) animeront la soirée after hours du festival dans la chaleur intimiste d’un club réputé pour ses jam sessions brûlantes, où des pointures internationales viennent souvent croiser le fer (les habitués du lieu se souviennent encore avec émotion de la visite d’un certain Prince, venu écouter les bassistes Hadrien Féraud et Linley Marthe…). • Noadya Arnoux

Pour acheter des places :
letrianon.fr
fnacspectacles.com