Une bande-dessinée, Hip Hop Family Tree d’Ed Piskor, deux livres, Hip Hop Raised Me de DJ Semtex et The Rap Year Book de Shea Serrano : l’histoire du hip-hop est d’actualité en cette fin d’année.
Raconter la naissance du rap en bande-dessinée, c’est une très bonne idée. Encore faut-il avoir le talent pour le faire. Ed Piskor relève le défi haut la main avec Hip Hop Family Tree. Aucun doute : cette BD grand format qui renvoie ses lecteurs en plein cœur du Bronx dans les années 1970 a tout les atouts pour devenir culte. Non seulement grâce à son graphisme haut en couleur – c’est bien simple : ça groove à chaque case ! –, mais aussi grâce à la rigueur historique et quasi documentaire de la narration. La génèse d’une des branches majeures de la Grande Musique Noire a déjà été évoquée dans quelques livres essentiels, on pense notamment à Can’t Stop Won’t Stop de Jeff Chang ou Rap Attack de David Toop (Piskor lui-même en cite d’autres). L’auteur y a intelligemment puisé de quoi mettre en images sa galerie de DJ, de MC, de producteurs et de graffeurs, tous authentiques, de Grandmaster Flash à Fab 5 Freddy en passant par Afrika Bambaataa, Sylvia Robinson, et même Blondie… Hip Hop Family Tree est agrémenté d’une bibliographie, d’une discographie et même d’un index ! (Personnages, lieux, shows radio, titre des morceaux…)
Hip Hop Raised Me de DJ Semtex, préfacé par Chuck D, pourrait être le luxueux catalogue d’une exposition imaginaire – à quand, soit dit en passant, une grande rétrospective hip-hop à la Cité de la Musique ? Fort de ses 450 pages et de sa grande qualité d’impression, il procure avant tout des frissons d’ordre visuel, via un nombre incalculable de photos, de pochettes et de memorabillia qui reflètent quarante ans d’histoire et d’évolution musicale (plus de 800 illustrations !). Cette impressionnante richesse iconographique fait du coup passer la lecture au second plan, et Hip Hop Raised Me s’impose avant tout comme un très beau livre, qu’on admire sans doute plus qu’on ne lit. Néanmoins, big up pour la beauté de l’objet.
Plus facile à manipuler – et donc bien plus facile à lire… –, The Rap Year Book de Shea Serrano, préfacé par Ice T, est en quelque sorte le complément idéal de la BD d’Ed Piskor. Il passe en revue de façon fouillée, minutieuse et documentée trente-six titres rap qui, depuis la fin des années 1970, ont déjà marqué plusieurs générations : Rapper’s Delight de The Sugarhill Gang, The Message de Grandmaster Flash And The Furious Five, Bonita Applebum de A Tribe Called Quest, C.R.E.A.M. du Wu-Tang Clan, Dear Mama de Tupac, In Da Club de 50 Cent, Best I Ever Had s de Drake… The Rap Year Book n’est pas illustré par des pochettes ni même des photos mais par Arturo Torres, ce qui lui donne in fine un aspect comic book très original. Un comic book aux vertus encyclopédiques et, qui plus, très bien traduit. •
Hip Hop Family Tree d’Ed Piskor (Papa Guédé Treasury Editions, 26 €)
Hip Hop Raised Me de DJ Semtex (Chronique Editions, 49 €)
The Rap Year Book de Shea Serrano, illustré par Arturo Torres (Hachette Heroes, 20 €)