Le festival Pianomania commence très fort : hier soir, avec Elena Pinderhughes à la flûte, Lionel Loueke à la guitare, James Genus à la basse et Justin Tyson à la batterie, Herbie Hancock a enchanté le public de la Salle Pleyel.
« Autumn Leaves, So What, Walkin’, My Funny Valentine, Joshua… Quel beau programme ! Avec son nouveau quintette, au sein duquel le jeune pianiste Herbie Hancock, déjà entendu l’an dernier au Festival d’Antibes Juan-Les-Pins, faisait ses grands débuts dans notre capitale, le trompet… »
Oups, pardonnez-nous ! Notre machine à remonter le temps nous a subitement renvoyé le 1er octobre 1964 à l’endroit même où Herbie Hancock se produisait hier soir… Hé oui, il y a exactement cinquante-cinq ans – ce qu’il n’a pas manqué de rappeler au public, sans préciser l’année car il se fiche du temps qui passe et il a raison –, le natif de Chicago jouait pour la première fois à Paris, à la Salle Pleyel, avec LE quintette de Miles Davis, qui dans les trois années suivantes allait changer pour toujours le cours de l’Histoire du jazz.
Mais ça, c’est une autre histoire, l’une des nombreuses auxquelles Herbie Hancock a contribué durant son incroyable carrière. Hier soir, donc, la musique n’avait évidemment rien à voir avec celle du quintette historique de son trompettiste de mentor. Le curseur temporel était principalement placé entre les années 1973 et 1978, et seule la fameuse Cantaloupe Island nous fit remonter jusqu’à l’année de son premier séjour parisien.
Avec la subtile et inventive Elena Pinderhughes à la flûte (qu’on a déjà envie de revoir aux côtés du pianiste), Lionel Loueke à la guitare (le chouchou du patron*), James Genus à la basse (l’assurance tout risque) et, bonne nouvelle, Justin Tyson à la batterie, Herbie et tous ses amis ont effacé le mauvais souvenir du concert de fin juin 2017 à La Seine Musicale et, indirectement, signifié à l’Experiment de Robert Glasper tout le chemin qui lui reste à parcourir avant de laisser une trace aussi profonde dans la mémoire collective.
Actual Proof, Come Running To Me, Chameleon, quelques clins d’œil à Butterfly… : ces titres majeurs du grand catalogue hancockien ont été resongés sans nostalgie aucune. Herbie Hancock n’a que faire de refaire. À bientôt 80 ans (il les fêtera en avril prochain), il n’a pas de temps à perdre, il veut continuer de vivre au présent, en nous emmenant visiter le système solaire en un solo de piano acoustique ou en chantant une romance synthétique au vocoder. C’est comme ça, et ce ne sera sans doute plus jamais autrement. Merci Herbie. Ne changez pas. Faites-nous seulement un disque, à l’occasion, ça nous ferait plaisir. A très vite.
* Backstage, après le concert, l’élégant guitariste béninois nous confirmait : « Un maître Herbie Hancock ? Oui, c’est le mot, c’est exactement ça, un maître. »
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Photo : © Doc Sillon, prise pendant les répétitions.
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