Common défendait hier soir son nouvel album “Let Love” sur la scène de la grande salle parisienne : un public exigeant et connaisseur a salué la performance d’un artiste dans la plénitude de son art.
Bien vieillir n’est pas forcément donné à tous les rappeurs. Mais s’il en est un qui se bonifie avec le temps, c’est bien Common, qui vient non seulement de livrer avec “Let Love” l’un des meilleurs opus de sa carrière, mais qui s’impose désormais sur scène comme un digne messager des grandes musiques afro-américaines : le hip-hop bien sûr, mais aussi la soul, le gospel et le jazz. Autour des titres de “Let Love” qui nous semblaient déjà familiers (My Fancy Future Love, Show Me That You Love Me, Hercules, God Is Love…), Common a construit sa set list en puisant dans son richissime répertoire – peu de rappeurs peuvent se targuer d’avoir enregistré treize albums en plus de vingt-cinq ans –, faisant revivre sur scène des classiques comme Love Of My Life (An Ode To Hip Hop), enregistré en 2002 avec son ex-compagne Erykah Badu, The Light (mémorable adaptation d’Open Your Eyes Bobby Caldwell produite par le regretté J Dilla en 2000), The Corner ou encore I Used To Love H.E.R., qui en 1994 le fit connaître bien au-delà de sa ville natale, Chicago (comme Herbie Hancock ou Steve Coleman, Common est un enfant du South Side). Entre séduction et autorité, émotion et auto-dérision – yes yes y’all, Common, vous avez de beaux restes de break dancer… –, Common a donné un concert sans fausses notes ni temps mort, prenant même le temps de dédicacer à la volée maxi 45t et autres 33t tendus par des mains fébriles. La classe. •