Ses talents de producteur ont souvent été célébrés ces dernières années, mais Joe Henry est aussi un auteur-compositeur attachant. La preuve avec son quatorzième album solo, “Thrum”.
On ne va pas se mentir, le chef-d’œuvre de Joe Henry, c’est “Scar”, gravé à l’aube du XXIe siècle en compagnie d’Ornette Coleman, Brad Mehldau, Marc Ribot, Meshell Ndegeocello et Brian Blade. Depuis, le natif de Charlotte a subtilement déplacé le curseur de ses ambitions artistiques vers la production en supervisant des albums de Solomon Burke, Mose Allison, Salif Keita, Aaron Neville, Bettye Lavette, Ani DiFranco ou encore Allen Toussaint – la classe.
On se réjouit cependant de le retrouver derrière un micro, fort des onze nouvelles chansons de “Thrum”. Pas d’invités prestigieux, mais un backing band de fidèles, experts ès-americana dont on sait la valeur artistique : l’impeccable et toujours sobre batteur Jay Bellerose, le (contre)bassiste David Piltch, le saxophoniste Levon Henry, le claviériste Patrick Warren (Hammond B3, Chamberlin, Wurlitzer : le monsieur aime les sonorités vintage)…
Et l’on retrouve avec plaisir ce folk-rock un peu las, enjazzé, et les intonations familières de cette voix éraillée, toute en failles et brisures, subtilement dylanienne. Le beau-frère de Madonna signe aussi quelques-uns de ses meilleurs textes – « Well, once I laid my fingers to your lips / Like they were a Bible writ in braille » (The Glorious Dead). Recommandé. •
CD/LP “Thrum” (e.a.r music / Verycords)