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Julien Clerc, notre préférence

CLERC Coffret

Pour fêter ses 50 ans de carrière, Parlophone publie le premier vrai coffret de Julien Clerc, le chanteur au vibrato de feu. Pas trop tôt.

On aurait aimé que le design de ce coffret anthologique de Julien Clerc soit un peu plus, comment dire, créatif, et que son titre même, “Anthologie – coffret 50 ans de carrière” soit un peu moins plan plan. On aurait aimé aussi un livret encore plus travaillé, des détails discographiques plus précis-pointus et un essai à la hauteur du compositeur et de ses fines plumes. [Souvenir ému des coffrets grand luxe de William Sheller, Véronique Sanson ou Michel Berger – tiens, au fait, à quand une anthologie France Gall, de ses années Warner au moins ?] Mais qu’importe, Juju, on a tous grandi, on a tous – oui, tous – vieilli avec lui, et rien, non, rien de rien ne pouvait nous gâcher le plaisir de redécouvrir un à un ces albums qu’on empruntait, naguère, dans la collection de disque de nos parents, à la discothèque de Saint-Ouen ou, bien sûr, qu’on achetait chez le disquaire du coin (rue Charles Schmidt si vous voulez tout savoir).
Car on ne les compte plus depuis belle lulu les chansons de Juju qui font partie de notre ADN, de La Cavalerie (j’avais 4 ans, mais je vous jure je m’en souviens) à Fais moi une place (ben oui, on est allé jusque-là) en passant par, attention prenez une longue inspiration, Jivaro Song, La Californie, Ce n’est rien, Niagara, Si on chantait…, C’est une Andalouse, Danse s’y, Souffrir par toi n’est pas souffrir, This Melody, Je dors avec elle, Ma préférence, Macumba, Bibliothèque Mazarine, Utile, etc., etc.
Les réécouter chacune lovées dans leurs 33-tours originaux – dont les pochettes recot/verso sont reproduites – nous pousse à les considérer à nouveau, autrement. On l’avait un peu oublié : les tubes impérissables de Juju, c’est le fil de la mémoire, un héritage d’en France lié à nous souvenirs d’enfance (mais pas que). Mais ils faisaient, et feront toujours partie d’albums-marqueurs de leur époque, dont les années 1970, cet âge d’or, sont les plus belles ambassadrices.
Oui, il faut bien l’avouer, passée cette décennie-miracle, les nouveaux tubes de Juju (Hélène, La fille aux bas nylon, Mélissa, Lili voulait aller danser…), on les écoutait sur Europe 1, mais les albums nous retenaient moins. (Ce maousse coffret nous permettra cependant de les reconsidérer à leur tour : on vous tiendra au courant, promis.) Tandis que dans “Jaloux” (1978), par exemple, grand disque, on dégustait avec autant de passion la somptueuse Ma préférence que cette Pièce Bleue instrumentale, BO bien réelle d’un film imaginaire. Et c’est là qu’il faut rappeler, aussi, quel grand mélodiste est notre Juju (il me semble qu’on ne le dit pas assez, et que lui-même, quelle élégance, ne met pas si souvent en avant ses talents hors norme).

CLERC Coffret ouvert

Outre les vingt-trois albums originaux, de l’éponyme “Julien Clerc” (1969) à “Partout la musique vient” (2014), trois CD bonus distillent leur lot d’inédits, de raretés, de 45-tours, de live et même de jingles. Ne passez pas à côté des maquettes de 1968, de Ma préférence en duo avec Jane B. ou encore de la reprise de Blackbird des Beatles.
Enfin, réécouter Juju, c’est reprendre en pleine figure une leçon de poésie via le génie d’Etienne Roda-Gil et l’immense talent de Jean-Loup Dabadie, entre autres auteurs d’importance ayant jalonné le parcous en chanté d’un musicien à voix comme on les aime, et qui finira bien par entrer dans la culture pop officielle, enfin débarassé des lourds oripeaux de la variété qu’on colle top souvent sur le dos des créateurs d’ici. Bref, Juju, on l’aime, je crois que c’est Clerc, non ? •

Coffret “Anthologie – coffret 50 ans de carrière” (Parlophone / Warner Music, déjà dans les bacs)
Cinéma On l’appelait Roda, par Charlotte Silvera (en salle le 31 octobre)