Le quadruple CD “Play Well With The Others” traverse en 59 titres la fructueuse carrière parallèle de l’ex-tambourineur de Genesis.
On ne le répétera jamais assez, au risque d’embarrasser l’intéressé lui-même, grand modeste devant l’éternel maniant l’auto-dérision avec autant d’efficacité que ses baguettes : Phil Collins est un bloody good drummer, un sacré batteur qui fut (sans jeux de mots) non seulement celui de Genesis pendant plusieurs décennies (en réussissant l’exploit de succéder à Peter Gabriel derrière le micro), mais aussi celui, au Phil, pardon, au fil de ses pérégrinations, d’Eric Clapton, Robert Plant, John Martyn, Robert Fripp, Brian Eno, Paul McCartney ou David Crosby (excusez du peu). Et sa fierté, comme il le rappelle dans les liner notes de “Play Well With The Others”, est d’avoir réussi à servir la cause de ces artistes – certains figurant parmi ses héros personnels – tout en menant de front sa carrière de prog rock drummer au sein de Genesis. Un peu comme Jimmy Page et John Paul Jones, précise-t-il, avaient continué d’enregistrer pour les autres à l’époque où Led Zeppelin faisait de l’ombre aux années 1970…
Ainsi goûte-t-on, au gré des quatre CD de cette superbe compilation façon mini-livre-disque, le drumming puissant et subtil de cet amateur de jazz fasciné par John Bonham. “Play Well With The Others” a le mérite de nous faire (re)découvrir les classiques arty propulsés par Phil Collins – No One Receving de Brian Eno, I Can’t Rember But Yes d’Argent, Nuclear Burn de Brand X ou encore Intruder de Peter Gabriel, où l’on entendit pour la première fois ce fantastique son de batterie qui allaut devenir sa marque de fabrique –, mais aussi les friandises pop ayant bénéficié de ses talents de batteur et, souvent, de producteur.
Notamment à partir des années 1980, quand la Phil Collins Touch™ – son de batterie reconnaissable entre mille, sens affûté de la mélodie accroche-tympan – devint la garante d’un succès quasiment assuré à chaque fois : ne me dites pas, par exemple, que vous n’avez jamais entendu I Know There’s Something Going On (signé Russ Ballard) de Frida, l’une des voix d’Abba – curieusement, Easy Lover, son hit record avec Philip Bailey, n’a pas les honneurs du track listing, pas plus que le “intheairtonightesque” Sleeping With Girls de Stephen Bishop… Pas grave, votre Doc vous le fair découvrir ici :
Phil Collins avait beau avoir un look de plombier-zingueur (no offense…), on se l’arrachait ! Et notre homme, quoique régulièrement traîné dans la boue par la Police du Rock, s’amusait comme un petit fou à passer de Quincy Jones à John Martyn (l’une de ses collaboarations majeures), de Tears For Fears à Al Di Meola, de Lil’ Kim à Chaka Khan, etc., etc.
Mais ce sont bien ses side projects avec Eric Clapton et Robert Plant (alors en pleine de reconstruction post-Led Zeppelin) dont il est le plus fier, car le simple fait de faire twister ses fûts et de gifler ses cymbales derrière ces deux titans du rock briton le faisait chavirer de bonheur. Et nous avec. •
CD “Play Well With The Others” (4 CD Atlantic Rhino / Warner Music)