Dans Mythology : une contre-histoire des Beatles, Ersin Leibowitch écorne le récit officiel de la saga des Fab Four.
Au lendemain de la diffusion de l’orgiaque documentaire Get Back de Peter Jackson, et à la veille de celle du Rooftop Concert dans les salles IMAX du monde entier, les Beatles continuent de truster l’actualité musicale, plus d’un demi-siècle après leur auto-désintégration. Voix émérite de France Info et plume de Muziq, Ersin Leibowitch offre dans Mythology : une contre-histoire des Beatles une voix discordante au discours officiel d’Apple Records.
Divisée en deux parties (Disparition et Résurrection), sa contre-enquête détaillée confronte les faits historiques de l’ascension des Fab Four et la réécriture quasi-permanente d’une saga ininterrompue. Il y a d’abord les personnages rayés du Grand livre des Beatles, d’Alistair Taylor, l’homme à tout faire des premières années, May Pang, la compagne du lost weekend de John Lennon, et bien entendu Pete Best, batteur malchanceux au visage littéralement déchiré sur la pochette d’Anthology 1. Les innombrables péripéties juridico-financières — depuis la séparation du quatuor jusqu’à la pernicieuse augmentation des droits d’auteur de Paul McCartney, au détriment de ses anciens partenaires — constituent une large portion de ce dossier noir, à laquelle vient s’ajouter l’exploitation d’un catalogue marqué par des remixes discutables et des rééditions au contenu pingre.
Le récit officiel se prolonge de nos jours avec la relecture “Disneyisée“ des coulisses du projet Get Back, mais en dépit de ces éléments à charge, Mythology rappelle toutefois que les Beatles ne sont que les victimes (consentantes) d’une industrie qu’ils ont largement contribué à façonner depuis les années 1960. Et que leurs chansons, au-delà des intrigues internes, demeurent pures et éternelles. And in the end, the love you make…
Mythology : une contre-histoire des Beatles d’Ersin Leibowitch (Hors-collection, 320 pages, 15 €).