Mobeen Azhar, pour l’amour de Prince

Gallimard vient de publier Prince 1958-2016, un beau livre de Mobeen Azhar qui devrait ravir les fans du grand disparu du 21 avril.

La traduction française fait parfois tiquer. On s’étonne que le nom du préfacier soit aussi gros sur la couverture que celui de l’auteur – Mobeen Azhar est certes moins connu en France que Philippe Manœuvre, mais bon… On regrette que l’éditeur français n’ait pas gardé le joli sous-titre original, “Stories from the Purple Underground”. Qu’importe : Prince 1958-2016 est un livre essentiel que tous les hardcore fanatics de Prince se doivent de posséder, au même titre que ceux qui ne connaissent pas encore bien son œuvre (contrairement aux apparences, il y en a encore beaucoup).
Richement illustré par de nombreuses photos et memorabillia de toutes les époques, d’un format “beau livre” mais suffisamment facile à manier pour être lu sans peine, Prince 1958-2016 est aussi un ouvrage qui permet de mesurer les extraordinaires dimensions artistiques de Prince, que sa disparition subite aura rendu d’un coup cent fois, mille fois plus fascinant pour le commun des mortels.

À partir de témoignages de musiciens et de collaborateurs de Prince – Dr. Fink, Eric Leeds, Michael Bland, Sonny Thompson, Brent Fischer (le fils de Clare), Andrew Gouché, MonoNeon… – et de gens du métier ayant travaillé avec lui – Susan Rogers, Alan Leeds, Michael Van Huffel, Sam Jennings… –, Mobeen Azhar a construit un livre choral, respecté l’ordre chronologique et assemblé ses précieux témoignages avec une science du montage digne d’un metteur en scène – logique, puisqu’il a réalisé un documentaire pour la BBC, Hunting For Prince’s Vault, qui préfigurait en quelques sorte son livre.

Prince 1958-2016 cultive le mystère de la création princière en levant ce qu’il faut du voile pour faire rêver ses lecteurs. Et l’émouvant et sincère épilogue de l’auteur dit toute sa vraie passion pour son sujet. En cela, beaucoup de lecteurs risquent de se reconnaître en Mobeen Azhar : « Que les inédits le restent ou qu’ils finissent par paraître, dit-il, Prince nous a déjà offert tellement de musique… Une musique sublime. Une musique qui embellit le monde. Une musique dont l’impact ne mourra pas. Et cela, c’est un réconfort, une forme de happy end. » •

PS : Le collector ultime offert par Prince à Michael Van Huffel risque d’en faire fantasmer plus d’un(e)…

Livre Prince 1958-2016 (Gallimard, 144 Pages, 25 €, sortie le 3/10)

Photo d’ouverture : Prince, le 1er décembre 1979, © Bruce Kessler