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Leila Martial, une bonne voix pour toutes

Touchante, émouvante, envoûtante, sidérante, carressante, zigzagante, bienfaisante… : quand Leila Martial chante, le bonheur est comme une déferlante.

Tandis que les auditeurs de France Musique écoutent le concert en direct présenté par Nathalie Piolé et Alex Dutilh, les heureux spectateurs du Studio de l’Ermitage, salle parisienne comme on les aime lovée en plein cœur du XXe arrondissement, Leila Martial, Pierre Tereygeol et Eric Perez, alias Baa Box, font définitivement basculer le concept du power trio dans le XXe siècle.
Si les festivals de rock et d’electro étaient aussi ouverts et accueillants que les festivals de jazz, Baa Box en serait souvent la tête d’affiche. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous, la grande famille, les gens heureux, celles et ceux qui écoutent, ravis d’être là, à 18 heures – quel horaire génial – pour écouter trois créateurs décomplexés s’inventer un multivers sonore dont la matière noire serait l’improvisation, mais dans lequel nous, les auditeurs libres, avons l’impression de voyager, accompagnés par de méticuleux spationautes. La demoiselle lunaire et solaire (c’est selon) tourne les boutons de ses machines dans tous les sens et multiplie ses voix, déjà nombreuses, par je ne sais pas combien de fois. Elle semblent toutes résonner en elle les voix qu’on aime, celles de Nai Palm (Hiatus Kayote) et de Nina Hagen, de Diamand Galas et de Mike Patton, de Kate Bush ou d’Ursula Dudziak, de Pimprenelle et de Maya l’Abeille, etc., etc. Leila Martial est un.e phénomène.

LEILA Photo

Mais le plus fort dans cette histoire, c’est qu’elle se produit avec deux musiciens aussi créatifs et originaux qu’elle, Pierre Tereygeol et sa guitare qui fait corps, souligne, robertfrippe, et dont la finesse des lignes claires épouse les formes zozoïcales des embardées polyvocales de sa voisine de droite, la fille au micro magique. Quant à Eric Perez, c’est un batteur virtuose doublé d’un beeaat-boxeur, un rythmicien précis-pointu dont la grosse caisse sussure des lignes de basse onctueuses (magie, je crois, des effets électroniques).
Pas une seule seconde d’ennui, la maîtrise, la folie douce, un Smile de Chaplin qui ne nous prend pas pour des charlots, le répertoire de “Baabel”, le premier disque, transfiguré avec gourmandise. Un nouvel album est en boîte. Sortie en mars 2019. Restez branché, Leila Martial et ses deux compères n’ont pas fini de nous faire rêver. • Frédéric Goaty