Le vénérable singer songwriter brésilien vient de signer avec “Sempre” l’album pop-funk idéal, votre disque de l’été.
Il y a quelques mois, lors d’un échange de textos frénétiques sur le mode « Et celui-là, tu le connais ? », Monsieur Fred Pallemdu Sacre du Tympan m’avait conseillé d’écouter séance tenante un album méconnu et éponyme de Marcos Valle, un grand cru 1985 selon lui, « très pop funk, parfait pour écouter en roulant en décapotable ».
Plus tard, dans Jazz Magazine, il avait longuement commenté cet album, avec cette finesse d’analyse teintée de gouaille qu’on lui connaît : « J’aurais rêvé avoir la vie de Marcos. Un mégatube planétaire à 22 ans (Samba de Verao) pour régler définitivement tout problème pécunier, et après on passe sa vie tranquilou entre plage, apéros, sport, musique et petites pépées. Coolos le Marcos, mais il n’est pas juste un beau gosse bronzé qui pose torse nu à la coule sur ses albums, ou joue dans ses clips en slip blanc immaculé. Le garçon connaît la zizique, il l’a même dans le sang. Excellent pianiste et guitariste, c’est aussi un des plus grands compositeurs brésiliens post-Jobim (avec Chico Buarque, Jorge Ben et Caetano Veloso). En 1983 c’est la mode du “Boogie” un peu partout dans le monde. De ce côté de l’Hexagone on a Véronique et Davina et Indochine. Au Brésil, ils ont Rita Lee (avec Lança Perfume) et Marcos avec Estrelar. Nos camarades Brésiliens ne peuvent pas s’empêcher de mettre des modulations savantes, des riffs funky endiablés, des breaks à tout va, dans le moindre tube de variétoche. En France on est plus “tonal”, à part quelques exceptions. Les albums les plus connus de Marcos Kostenbader Valle sont ceux de la période 1965-1975, récemment réédités, où le garçon évolue de la bossa sixties en col roulé à la samba psychédélique en mode François de Roubaix à la plage. Indispensable pour tous les amoureux de belle musique, mais j’ai préféré parler de cet album moins connu, outrageusement “funky eighties”. Les arrangements de cuivres de Lincoln Olivetti sont défenestrants, les choristes ultra sexy. Résultat, on ne peut pas faire autrement que de remuer son corps (Dia D), siroter un cocktail multicolore face au couchant (Fogo Do Sol), conter fleurette à sa chère et tendre (Mais Que Amor) ou tout simplement faire son aérobic matinal sur la terrasse de sa villa avec piscine (Estrelar). Un album plaisir, idéal pour vos vacances – par contre, pour la Bretagne ça marche moins bien. »
Du nouvel album de Marcos Valle, “Sempre”, on pourrait peu ou prou dire la même chose. Et c’est un petit miracle, parce que trente-quatre ans se sont quand même écoulés entre ces deux opus ! Pourtant, on ne danse toujours pas idiot, les arrangements sont à tomber et les grooves moelleux comme tout. Il fait chaud, très chaud, mais que cela ne vous empêche pas d’aller remuer vos popotins sur les dance floors au son de Minha Romá (en version chantée et/ou instru, les deux sont sur le disque), Aviso Aos Navegantes, et même sur irrésistible instru Odisséia, qui sonne comme du Azymuth grand cru (normal, le génial trio jazz-funk brésilien avait naguère démarré avec Valle, et et Alex Malheiros est à la basse).
CD/LP/Digital “Sempre” (Far Out Recordings)