Tout le monde connaît par cœur Eruption, le solo de Beat It et celui de Jump, mais saviez-vous que le regretté virtuose a joué avec Nicolette Larson, Boz Scaggs, Paul Barrère et fêté Noël avec Steve Lukather ? Doc Sillon vous dit tout.
Eddie Van Halen n’était pas un grand bavard. Sa musique parlait pour lui, et au moins autant que les albums du combo hard-rock qui portait son nom, qui restera parmi les plus excitants, inventifs et sans prétention du genre, ce sont ses légendaires solos qui auront marqué les esprits.
Eddie Van Halen avait un style unique, sans précédent, et ses innovations ont altéré à jamais le cours de l’histoire de la guitare électrique.
Voici un modeste hommage en forme de rappel de quelques-unes de ses brillantes interventions sur d‘autres albums que ceux de Van Halen.
Votre Doc a volontairement “oublié” Beat It de Michael Jackson, histoire de braquer les projecteurs sur d’autres pépites.
Nicolette Larson
Can’t Get Away From You
Quelques mois après la sortie du premier 33-tours de Van Halen, son producteur, Ted Templeman, appelle la nouvelle sensation de la six-cordes pour venir enregistrer un solo sur le premier album de Nicolette Larson (1952-1997), “Nicolette”. Eddie Van Halen ne joue pas sur le tube du disque, Lotta Love (offert par Neil Young lui-même à Nicolette Larson), mais sur Can’t Get Away From You, un petit boogie rock gospellisant auquel il ajoute un sacré supplément d’électricité, via l’un de ces brefs chorus de feu savamment construits et une partie de guitare rythmique saignante comme un t-bone steak. Tout cela incognito, car à lead guitar, seul un mystérieux “?” était mentionné. L’autre guitariste de Can’t Get Away From From You n’est autre que celui de Little Feat, Paul Barrère.
Brian May + Friends
Star Fleet
Fin 1983, le guitariste de Queen publie un étrange mini-LP nommé “Star Fleet Project”. Si (presque) tous les fans de Van Halen l’achètent, c’est parce qu’Eddie joue sur deux blues, Let Me Out et Blues Breaker (Dedicated To E.C.) – E.C. pour Eric Clapton bien sûr, l’une des rares influences revendiquées par Van Halen – et sur l’épique chanson-titre, où il signe un étourdissant solo, et grave quelques enluminures électrisantes dont il avait le secret. Parlez-nous de rencontre au sommet…
Thomas Dolby
Eastern Bloc (Sequel To Europa And The Pirate Twins, 1981)
1992, ô suprise, on retrouve Eddie Van Halen sur le nouvel album de Thomas Dolby, “Astronauts & Heretics” ! Hormis l’implacable intro de Close But No Cigar (QUEL SON !), il plante une fois de plus un fulugurant solo d’une exemplaire brièveté – c’est aussi ça qu’on aimait chez Eddie Van Halen, ce sens de la concision, cette volonté d’en dire le maximum sans s’étaler, à l’opposé de la loghorrée des (mauvais) shredders.
David Garfield & Friends
It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry
En 1997, le claviériste David Garfield réunit un hallucinant casting pour rendre hommage à l’éternellement regretté batteur Jeff Porcaro (“Tribute To Jeff”). En moins de quarante secondes, Eddie Van Halen met le feu à cette reprise de Bob Dylan interprétée par Boz Scaggs, juste avant que Paul Barrère (les deux s’étaient déjà croisés dans l’album de Nicolette Larson) ne signe un chouette solo de slide guitar. Eddie revient vers la fin pour mettre quelques coups de griffes félins à souhait. NB : Eddie Van Halen signe aussi l’intro (forcément) hendrixienne de la reprise d’If Six Was Nine (Jimi Hendrix était l’une des idoles de Jeff Porcaro).
Steve Lukather & Friends
Joy To The World
Eddie Van Halen a tout d’abord joué de… la basse dans Twist The Knife, qui ouvrait tout en furia hard-rock le premier album de Steve Lukather, en 1989 (le formidable et non moins regretté Carlos Vega était à la batterie). Tout le monde s’était dit : « Dommage qu’Eddie ne joue pas aussi de la guitare sur ce morceau… » (Faut-il rappeler que Steve Lukather, guitare rythmique, et Eddie Van Halen, lead guitar, étaient les deux guitaristes de Beat It ?) Quatorze ans plus tard, en 2003, les deux virtuoses se retrouvaient dans “SantaMental”, projet inventif et so fun de Lukather basé sur des chansons de Noël, passées à la moulinette jazz-rock-fusion. Joy To The World a un petit côté Space Boogie de Jeff Beck, et nos deux loustics tricotent non sans gourmandise quelques impros marquées au sceau de la virtuosité la plus rieuse qui soit. Some like it hotte ? Le Père Noël a a-do-ré !
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