Parution officielle de Something In The Air (Live Paris ’99), le concert intimiste de David Bowie à l’Élysée-Montmartre, en octobre 1999. Muziq se souvient…
De mémoire d’ancien appelé du contingent, on ne s’était pas levé aussi tôt depuis le service militaire le matin du 13 octobre 1999. Le lendemain soir, David Bowie donnait à l’Élysée-Montmartre un rare concert intimiste dans le cadre promotionnel de la sortie d’“Hours…”, son show parisien le plus confidentiel depuis son premier passage au Golf-Drouot, en janvier 1966. Ce matin d’automne, il fallut donc prendre le premier métro pour décrocher un bracelet de plastique jaune fluo et la promesse, le lendemain soir, d’une prestation de 40 minutes pour la modique somme de 120 francs – soit trois francs la minute. La bonne affaire !
Jeudi 14 octobre. Vingt heures passées, quelque part dans le coin gauche la fosse de l’Élysée-Montmartre. Excitation, puis pénombre et musique d’intro quand Mike Garson pianote les premières notes de Life On Mars ?. Un spot solitaire éclaire sa calvitie, un autre s’allume et révèle le T-shirt à manches longues bleu roi de Bowie, surgi sans cérémonie de la coursive. S’ensuit une version a cappella de la pièce classique-pop d’“Hunky Dory”. Ils sont seuls sur scène, uniquement séparés par un ventilateur et l’orfèvrerie sculptée 28 ans plus tôt par le piano de Rick Wakeman. Coda, et première ovation. « Mon français n’existe pas », blague Bowie dans la langue de Molière, option Gare du Nord. « C’est une répétition en public, mon public. Le tout Paris ! ». Derrière lui, le groupe s’installe. Guitares en bandoulière, Mark Plati et Page Hamilton (ex-Helmet) prennent place sur sa droite. Sterling Campbell teste le kit de batterie tandis que l’autre extrémité de la scène est occupée par Gail-Ann Dorsey (basse), flanquée d’une paire de choristes. Thursday’s Child et Something In The Air introduisent ensuite l’exercice promo redouté, jusqu’à ce que Bowie annonce sans la moindre sommation : « Ceci est une chanson de “Station To Station”. » Word On A Wing, pas jouée depuis l’époque des gilets sans manches et les Gitanes sans filtre de la tournée 76, remonte le temps et serre quelques gorges sur le boulevard de Rochechouart. Passés un Can’t Help Thinking About Me jubilatoire et un China Girl à la double-croche, Bowie enfile une douze-cordes acoustique et délivre un poignant Always Crashing In The Same Car, la chanson la plus zarbi de “Low”. Interlude : À l’aube de l’an 2000, YouTube n’existait pas et les divulgachages de setlists étaient presque aussi inaccessibles que la Hotline de Noos. Quand Bowie explique « qu’il avait beaucoup plus de cheveux et de maquillage à l’époque » et qu’un désarmant Changes succède à un épique Drive-In Saturday, la surprise et l’émotion sont totales.
L’artiste en promotion a largement pulvérisé son créneau initial de 40 minutes quand sonne l’heure des rappels. « Oh Paris ! On va vous jouer de nouveaux titres, des vieux et d’autres encore plus obscurs », claironne le chanteur, clope au bec, avant de tenir parole et d’aligner Seven, Repetition, I Can’t Read de Tin Machine (avec un teaser acoustique de Width Of A Circle), The Pretty Things Are Going To Hell et un Rebel Rebel teigneux en guise de climax. « Thank you. God Bless ! ». Rideau. Un David Bowie décontracté et enthousiaste vient de nous offrir un chaleureux showcase de 75 minutes. Wham-bam-thank you-M’am ! Nous conserverons longtemps le souvenir de cette god-awful small affair…
David Bowie Something In The Air (Live Paris ’99) (Parlophone/Warner). Disponible en CD et double-vinyle le 12 mars via le Dig! Store et le site officiel de David Bowie.
Tracklisting
Directeur de publication : Édouard RENCKER
Rédacteur en chef : Frédéric GOATY & Christophe GEUDIN
Direction artistique : François PLASSAT
Édité par Jazz & Cie, 15 rue Duphot, 75001 Paris
Tous droits réservés ©Jazz & Cie - 2015