Trente-six ans après ses débuts en solo, Sting revient avec “The Bridge”.
Le temps n’est certes plus aux Fragile, Englishman In New York, Fields Of Gold (la chanson que Paul McCartney aurait aimé écrire), All This Time, Shape Of My Heart et autres It’s Probably Me. Sting a magnifiquement “fait le job” entre le milieu des années 1980 et celui de la décennie suivante, et l’on ne parle même pas de Roxane, Walking On The Moon, Message In A Bottle ou Every Breath You Take, classiques instantanés de sa première vie policière. Sting arrive cependant à maintenir un certain niveau d’excellence quand il s’agit de s’investir solo dans ce qu’il sait faire de mieux : la pop music.
Commençons par un petit message personnel : « Hey Mister Sting, c’est amusant de remercier votre ami Billy Joel et de faire mine de vous excuser de lui avoir piqué le titre de son album de 1986, “The Bridge” (Columbia), mais au passage vous auriez pu rappeler, en grande homme de culture que vous êtes, qu’un certain Sonny Rollins, en 1962, avait aussi choisi ce titre pour son nouveau disque, enregistré après avoir transfomé le Williamsburg Bridge qui relie Manhattan et Brooklyn en studio de répétition géant, à l’air libre ; et au passage, pourquoi ne pas mentionner l’album en piano solo de votre ancien claviériste, David Sancious, également nommé “The Bridge” (Arista, 1981) ? »
A part ça, tout va très bien dans “The Bridge” façon Sting. Entre pop en finesse – Rushing Water et If It’s Love, tubes en puissance comme surgis des années 1980, l’hyper-délicat The Bells Of St. Thomas, Harmony Road, avec, tiens le revoilà, Branford Marsalis au saxophone – et folk à foison : Captain Bateman et la chanson-titre, conclusion mélancolique et so british d’un album plutôt instimiste et attachant qui, dans sa version “International Deluxe CD” (généreusement envoyée par la maison de disques, qui apprécie le travail de muziq.fr) contient trois bonus tracks (le traditionnel Waters Of Thyne, l’instrumental groovy Captain Bateman’s Basement, en trio avec Kiersenbaum et Manu Katché, et la reprise (Sittin’ On) The Dock Of The Bay d’Otis Redding).
Bref, si Sting ne sort pas de sa zone de confort dans “The Bridge” (comment lui en vouloir à 70 ans ?), cela ne nous empêche pas de nous y attarder plus longtemps que prévu, de le traverser avec plaisir ; on n’y danse pas, non, mais on y est bien. “The Bridge” est à ranger à côté de “Mercury Falling”, cru 1996 qui a très bien passé le cap des ans. On souhaite le même sort à ce cru 2021.
CD / LP Sting : “The Bridge” (A&M /Universal, déjà dans les bacs).