Les pontes d’Atlantic, qui viennent de signer Rival Sons, veulent-ils les faire surfer sur la crête de la vague du rock revival ?
Sur la pochette, la chienne noire, la black dog (suivez mon regard…) allongée dans un jardin polychrome semble bien mal en point. Symboliserait-elle la mort sans possiblité de resurrection ni même de reboot des groupes taille patron des glorieuses seventies dont les noms viennent fatalement à l’esprit quand on écoute “Feral Roots”, le sixième opus de Rival Sons ?
A lire leurs interviews dans les mensuels rock britons, messieurs Jay Buchanan, chant, Scott Holiday, guitare, Dave Beste, basse et Michael Miley, batterie, semblent déterminés à ne pas (trop) regarder dans le rétro, tout en ne faisant guère d’illusions : leur hard-rock sera immanquablement perçu comme revival. Reste que “Feral Roots” est un album tout à fait réjouissant, et que loin d’être « affranchi de ses parfois encombrantes influences » (on lit de ces choses…), Rival Sons les fait mieux que jamais fructifier. Il faudrait n’avoir jamais écouté un disque de Led Zeppelin ou de Free pour ne pas entr’ouïr à chaque instant l’influence – bénéfique – de ces deux groupes majeurs. Mon tout porté par un songwriting et une science de refrain accroche-tympan plus affirmée que jamais.
Il y a du Paul Rodgers dans le charismatique Jay Buchanan, de la découpe ledzeppelinienne dans les riffs de Scott Holiday. Et que Michael Miley commence Back In The Woods comme John Bonham terminait Rock’n’Roll (toutes proportions gardées s’entend) a quelque chose d’assez ludique et excitant. Sans parler de l’intro de Look Away… (Avant d’entrer en studio pour enregistrer, Buchanan et Holiday se sont enfermés quelques semaines dans une cabane loin du monde : était-elle hantée par les fantômes de Bron-Yr-Aur ?)
Bref, Rival Sons ne sonne pas plus – mais pas moins… – Led Zeppelin que Soundgarden dans les années 1990 ou Kingdom Come dans les années 1980. L’histoire est toujours d’actualité, et tant qu’elle se mord la queue de cette manière, on ne s’en plaindra pas. Parce que “Feral Roots”, c’est de la « real music for real music lovers » (comme disait Prince), et qu’en ces temps où les demi-sourds ont de plus en plus de mal à distinguer le vrai du faux, il faut s’en réjouir. Oups, j’amais oublier, cet album est superbement produit et mis en sons par Dave Cobb, et la touche de modernité la plus vive se situe là. Même si le Shooting Stars final baigné de chœurs gospel efface encore une fois nos repères temporels : mais bon sang, on est en 2019 ou en 1969 ? Qu’importe ! •
CD “Feral Roots” (Atlantic / Warner Music)
Concerts Le 8 février à Rouen (le 106), le 9 février à Paris (Le Bataclan), le 10 à La Rochelle (La Sirène) et le 25 à Lyon (Le Transbordeur)