Randy Newman repart en campagne

Sortie le 4 août de Dark Matter, le nouvel album studio de Randy Newman, neuf ans après son prédécesseur Harps and Angels.

« Je n’ai pas fourni assez de travail dans ma carrière pour être considéré comme un produit rentable. Je regrette de ne pas avoir enregistré assez d’albums », déclarait Randy Newman en 2003. Près de quinze années plus tard, seulement deux albums studio sont venus s’ajouter à une discographie récemment complétée par une série d’auto-hommages en piano solo et de multiples bandes-sons pour les productions Pixar.

Neuf ans après l’enjoué et nostalgique Harps and Angels, Dark Matter, enregistré sous la bienveillance de Mitchell Froom et du fidèle Lenny Waronker en compagnie d’un groupe constitué du guitariste Blake Mills, du bassiste David Piltch et du batteur Matt Chamberlain, vient accroître le corpus de chansons à caractère politique du troubadour vachard de Beverly Hills. Après « Political Science », « A Few Words in Defense of Our Country » et « The Seven Nations of Europe », « The Great Debate » étale sur neuf minutes une réflexion iconoclaste sur le dérèglement climatique, la science et la religion en jonglant avec Dixieland, Stax et le gospel, quelque part entre les comédies musicales de Broadway et les vignettes orchestrales de Van Dyke Parks. Plus loin, « Brothers » imagine sur un tempo salsa la fixette de JFK éprouvée à l’égard de Celia Cruz. Dévoilé en 2015 lors de sa dernière tournée européenne (Muziq y était), « Putin », l’hilarant portrait du mâle alpha du Kremlin devrait également faire causer du côté de la Place rouge.

Et comme d’habitude, Randy Newman vous brise le coeur après avoir stimulé vos zygomatiques avec « She Chose Me ». Cette désarmante ballade pour piano et cordes constitue le sommet émotionnel d’un album aux textes souvent supérieurs à leurs accompagnements musicaux nonchalants, pour ne pas dire jazzy.

Randy Newman Dark Matter (Nonesuch/Warner Music). Sortie le 4 août.