Emma Lamadji et Jon Grandcamp, fondateurs du groupe Ourim Toumim, se sont livrés à Muziq : leur rencontre, leur groupe et leur premier album.
Pourriez-vous nous présenter Ourim Toumim et nous raconter votre rencontre ?
Jon Grandcamp Dans les clubs parisiens de la rue des Lombards. Un ami m’avait dit : « Va voir cette chanteuse, elle déchire ! » J’avais quelques morceaux de côté, alors je suis allé voir Emma jouer, et je lui ai proposé de poser des voix sur un ou deux titres. Elle est venue à la maison, et ça s’est fait comme ça. La première chose qu’elle m’a envoyée, c’était une maquette de Grudge, qui est sur l’album. Elle m’a dit : « Ouais je vais poser un truc, on verra ! » Et c’était les voix définitives en fait… [Rires.]
Les autres musiciens avec lesquels vous jouez sont donc venus se greffer au projet plus tard ?
Emma Lamadji Jon écrit la musique et moi les paroles. On s’était donc mis d’accord dès le départ avec Jon pour que ce soit lui qui trouve les musiciens, puisque c’est lui le compositeur.
Jon Grandcamp Les musiciens qui jouent avec nous sont des amis de longue date, avec qui on a collaboré sur différents projets. Julien Agazar [pianiste et claviériste du groupe, NDR] quand je l’ai vu la première fois, j’avais peut-être 16 ans. Il jouait avec Paco Séry. Ç’a toujours été un pianiste que j’adore et quand je lui ai proposé, il a accepté. On a fait plein de projets avec Clive [Govinden, bassiste du groupe, NDR]. Swahili M’bappé, j’avais tourné avec son père, donc je le connais depuis quelques années.
Un mot sur le nom du groupe ?
Jon Grandcamp Ourim Toumim, ce sont des pierres de divination…
Emma Lamadji …Je pense qu’on le ressent dans la musique qu’on fait : il y a un côté spirituel très fort. Jon ,comme moi, on croit à l’envie, aux relations, en l’énergie. On croit aux choses simples, terrestres et puissantes aussi, élevées. Et c’est naturellement que Jon a trouvé ce concept, auquel je n’aurai jamais pensé. Pourtant j’y crois, elles sont évoquées dans la bible ces pierres… Ce sont deux pierres de couleurs différentes qui ont des sens opposés, mais qui lorsqu’elles se connectent apportent la perfection. Ine pierre blanche dit non, et une pierre noire dit oui ! [Rires.]
Jon Grandcamp Elle explique mieux que moi ! Il y a un rapport avec la musique gospel aussi, dont Emma vient, puisqu’elle a grandi dedans. On s’est rencontré dans le milieu africain et afrobeat parisien.
Quelles sont vos influences ?
Emma Lamadji On a beaucoup de choses en commun, tout en venant de mondes différents. J’ai grandi dans le midi, la première fois que j’ai “parlé” musique, c’était à l’église. Puis le gospel m’a naturellement amenée vers le hip-hop, toutes ces musiques urbaines. Je pense que Jon s’est aussi beaucoup formé avec ces musiques-là, et le jazz aussi. On a en commun tout ce qui est afro, il n’y a qu’à l’entendre jouer ! Il y avait ce lien : la terre-mère !
Jon Grandcamp On s’est retrouvés sur le terrain de la musique world, mais aucun de nous deux n’en vient vraiment. Moi c’est plus le blues, le rock, le jazz, mais j’ai toujours été attiré par tout ce qui concerne l’Afrique et les polyrythmies. Ç’a influencé ma façon de composer.
Comment les autres musiciens ont-ils participé à votre processus créatif ?
Jon Grandcamp Quand on a fait les premiers concerts, les arrangements étaient déjà définis, mais on a gagné en maturité et en aisance au fil du temps. Lorsqu’on est arrivés en studio, les structures étaient claires et écrites de A à Z. Ensuite, chacun a mis sa patte, apporté sa sonorité. Mais on ne s’est jamais donné de limites, ni cherché à composer dans un style particulier, on a suivi nos inspirations. Ce qui donne des structures parfois atypiques, qui ne suivent pas forcément le schéma couplet-refrain.
Emma Lamadji Je tiens à dire aussi qu’il y a cette dimension « transe » dans la musique de Jon, cette capacité à monter en puissance. C’est un répertoire qui peut durer 1h comme beaucoup plus, sans pour autant rentrer dans la démonstration. Je pense qu’on se dirige petit à petit vers ça. •
CD “Ourim Toumim” (ourimtoumim.com)