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Muziq Interview

Michel Jonasz, du groove, du groove, du groove

Depuis ses débuts, Michel Jonasz a toujours eu le bonheur de jouer avec des rythmiciens d’exception. Retour sur ses batteurs de cœur, en prélude à la sortie de son nouveau disque, l’épatant “La Méouge, le Rhône, la Durance” (dans les bacs le 25 octobre), et à son entretien accordé à Jazz Magazine, à paraître le 30 octobre.

JONASZ 1 Pierre-Alain Dahan XDR

PIERRE-ALAIN DAHAN

« Aaah, Pierre-Alain Dahan… Je l’adorais. Il avais ce truc que j’aime chez les batteurs, cette espèce de simplicité. Un batteur, il faut qu’il ait des racines qui ancrent la musique dans la terre. Ce truc lourd, la grosse caisse, la base quoi ! Pierre-Alain avait un jeu dépouillé mais puissant, il n’était pas là pour impressionner la galerie, il avait cette assise dont a besoin la musique. Et puis la musique, elle se joue aussi avec du silence, il faut de l’espace, et lui il avait ça, c’est important pour un batteur : il te laissait, il te faisait de la place. »
À écouter My Woman Is Gone (“Guigui”, 1978), Mini-Cassette (“Les Années 80 Commencent”), Joueur de Blues (“La Nouvelle Vie”, 1981).

JONASZ 2 André Ceccarelli XDR

ANDRÉ CECCARELLI

« Alors lui, il est hallucinant, fantastique, hors norme, hyper doué ! Il a une technique incroyable, très fine. Pas si évident, pour un chanteur, d’être accompagné par lui, il peut avoir un jeu complexe – genre : “Il est où le premier temps ?!” –, il faut être à la hauteur, il a un tel niveau… André Ceccarelli est un exemple pour beaucoup de batteurs. »
À écouter Les objets perdus, Les éponges mouillées, V’là l’soleil qui s’lève (“La Nouvelle Vie”, 1981).

JONASZ 3 Andre Fischer XDR

ANDRE FISCHER

« En 1988, j’étais parti à Los Angeles, je voulais avoir un groupe américain, pour enregistrer “La fabuleuse histoire de Mister Swing”. On a organisé des audtions, il est venu, il a joué, et voilà. Andre Fischer avait ce “truc” que je cherchais, comme chez Pierre-Alain [Dahan] : pas démonstratif, sobre, simple. Il joue comme il est ! Un jeu dépouillé, au service de la musique. Non, je ne savais pas qu’il était le batteur de Rufus et de Chaka Khan – vous me l’apprenez d’ailleurs ! Mais je sais qu’Andre a beaucoup travaillé en tant que producteur aussi. »
À écouter In The Morning, La chanson du compositeur, Mister Swing (“La fabuleuse histoire de Mister Swing”, 1988)

JONASZ 4 Steve Gadd XDR

STEVE GADD

« Une star, la star des stars de la batterie. Jean-Yves [D’Angelo] m’en parlait tout le temps. On connaissait par cœur sa fameuse partie de batterie dans 50 Ways To Leave Your Lover de Paul Simon, que Michel Delpech avait repris. Je le voulais pour “Où est la source” et pour la tournée. Il a accepté, la musique lui plaisait, et l’idée de tourner en France lui a plu aussi – il était bien payé, il mangeait bien, ça compte aussi… Steve Gadd, c’est un vrai pro, il est là avant tout le monde, il règle sa batterie lui-même. Quand il joue, il commence, comme ça, avec les balais, c’est presque rien, mais il a cette pulsion qui me correspondait vraiment bien, mais alors vraiment bien, dans le fond du temps – moi c’est comme ça que je chante, Claude Nougaro aussi. Il a la technique et l’humilité, il fait juste ce qu’il faut faire, mais ce “juste ce qu’il faut faire” met la musique en mouvement, on se sent à l’aise, on est porté par une vague. ET avec Abe Laboriel à la basse, en plus, et Luis Conte aux percussions, sans parler de Jean-Yves [D’Angelo] aux claviers, Basile Leroux à la guitare, Michel Gaucher au saxophone, la tournée “Où est la source” était géniale… Après, on a fait “Où vont les rêves” aussi, avec Étienne Mbappé à la basse. »
À écouter Lune (“Où est la source”, 1992), Du blues, du blues, du blues (“Au Zénith”, 1993), Le Lafontaine (“Où vont les rêves”, 2002).

JONASZ 5 Manu Katché XDR

MANU KATCHÉ

« Manu, on a travaillé ensemble dès le début des années 1980. Quand il a fait son service militaire, je lui ai promis qu’il retrouverait sa place ! Il jouait déjà dans “Tristesse”, La boîte de jazz, “Unis vers l’uni”… Puis il est parti avec Peter Gabriel, Sting… Il y a deux ou trois ans, avec Jean-Yves [D’Angelo], on s’est dit “Il faut qu’il revienne !”. Alors on s’est retrouvés, il y a d’abord eu cette tournée en quartette, avec Jean-Yves, Manu et Jérôme [Regard]. Dès qu’on a rejoué ensemble, c’est comme si toutes ces années n’avaient pas passé. Entre Manu et moi, il y a une alchimie, quelque chose, un lien subtil d’amitié. Manu résume tout ce que je viens de dire sur les autres batteurs, il a cette assise, cette finesse, ce côté aérien. Il y a aussi de l’émotion dans son jeu : il joue avec son cœur. Il m’étonne toujours ! On se regarde, on se sourit : on se surprend. »
À écouter Minuit sonne
(“Tristesse”, 1983), Ray Charles (“Unis Vers L’uni”, 1985), Baby c’est la crise (“La Méouge, le Rhône, la Durance”, 2019).

CD Michel Jonasz : “La Méouge, le Rhône, la Durance” (MJM / Sony Music, sortie le 25 octobre).
Photo Michel Jonasz : © Stéphanie Vivier.

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