Melinda, la B.O. blaxpoitation qu’il vous faut

Cette groovyssime B.O. blaxpoitation cosignée par le grand soulman Jerry Butler et l’arrangeur Jerry Peters vient d’être réédité en CD au Japon.

Ils sont pénibles ces disquaires à constamment vous sortir de derrière les fagots des drôleries vintage dont vous n’aviez jamais entendu parler. Genre : “Melinda” (1972)
« Mais siiii, tu connais… – Mais noooon, je t’assure… – Franchement, c’est super, surtout les instrus… »
Il insiste souvent le disquaire, Dorian en l’occurrence, coanimateur du rayon soul-funk, au sous-sol du sanctuaire Gibert Joseph, Paris 6e (juste après le rayon jazz, ou le rayon hard-rock, selon que vous tourniez à droite ou à gauche après l’escalator). Mais là, cela faisait des semaines qu’il nous faisait son fameux coup du teasing. « Bon alors, tu l’as reçue ta super B.O. blaxpoitation “forcément-moins-bien-que-Superfly-mais-genre-super-série-b-qu’on-va-forcément-avoir-envie-d’acheter” ? – Non, samedi prochain normalement… J’en aurais pas beaucoup. Tu veux que je t’en mette une de côté ? » (Ben voyons.) Magnez-vous, car le fameux « samedi prochain », c’est aujourd’hui ! Et oui, “Melinda” c’est p’têt pas “Shaft”, “Superfly” ou “Trouble Man”, mais pour 16 € est quelques centimes, c’est top bargain !

Au programme : quatre chansons interprétées par le velouté Jerry Butler, Monsieur “Hey, Western Union Man” en personne (irrésistible tube soul de 1968). On aime beaucoup Speak Truth To The People, avec ses chœurs féminins-coquins et son sitar qui chatouille (les Souls Of Mischief et Black Sheep l’ont samplée au début des années 1990), Tank’s Theme et ses cordes rêveuses, Love Is, parce que Jerry fait son Jerry et qu’elle monte en spirales sensuelles. Sans oublier la sweet & lovely ballade finale, Melinda’s Theme. (Bref, on les aime toutes.) La patte de Jerry Peters, dont le nom est souvent tombé sous nos yeux quand on épluchait les prod’ Blue Note seventies (entre autres), est encore plus prégnante dans les instrumenteaux. Alors là, on adore Melinda Title Theme, avec ses cordes et son sax sexy, I Can’t Let You Go et son piano électrique vibrionnant.
Mais le meilleur reste à venir ! Car, comme nous, vous allez écouter en boucle Part III ! Sept minutes de groove bio pas vegan, avec tout ce qu’on aime : guitare wah wah, basse moelleuse, batteur précis-pointu, et, last but not least, un clavinet en folie qui part en sucette dans la coda. Rien que pour ça, il vous faut “Melinda”. Merci qui ? Merci Dorian. •

CD “Melinda” (Octave-Lab Ultra-Vybe Inc.)